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Metal and Oddities Reviews
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1 juillet 2016

K.T.C.M. - Cleansing the Blood of the Heretic

CleansingtheBloodoftheHeretic

Thrash/Crossover - USA - 15 Mai 2016 - 8 titres – 20 minutes

Thrash, Thrash, Thrash. Non, je n’ai pas contracté le syndrome de la Tourette version Metal extrême, mais face à la déferlante de groupes baignant dans la culture Thrash des eighties, c’est le genre de litanie qui accompagne souvent ma réflexion de journaliste. La liste des combos se référant à cette vague brutale qui a déferlé sur nous il y a maintenant trente ans prend des proportions inquiétantes, mais après tout, qui s’en plaindrait ? Pas moi, et je continuerai de fouiller le net pour y dénicher ses plus ardents défenseurs, puisque la cause est noble et juste.

Et ce matin, j’ai une fois de plus trouvé une petite perle rare, cachée dans une huître elle-même planquée dans les hauts fonds de la toile internationale.

 

Ne soyez pas dupes, les K.T.C.M. n’ont d’une part aucune affiliation avec la chaîne KFC, et ne sont pas non plus nés de la dernière étoile filante. Ce trio (Jason Laird – guitare, Colin Palmer – basse et Jake Delos Santos – batterie et chant) s’est formé aux alentours de 2007, et jouit donc de neuf bonnes années d’existence. Dans ce laps de temps, ils ont trouvé le moyen de publier deux EP (Street Terror en 2011 et KTCM en 2012), ainsi qu’un premier LP, Mongolian Deathworm il y a trois ans. Ce sont donc des valeurs sûres de l’underground qui nous reviennent en 2016, avec un répertoire affuté et une approche aiguisée.

Cette approche est résolument Thrash évidemment, mais versant Crossover. Pas forcément celui que vous connaissez par cœur, puisqu’il n’est pas question ici de métissage entre Thrash et Hardcore, mais plutôt entre Death et Thrash, histoire d’accentuer encore plus la violence inhérente au genre. Et tout ça fonctionne très bien, soyez-en sûrs.

 

Pas forcément original, puisque une kyrielle de groupe se sont déjà engagés dans cette voie auparavant, mais d’une efficacité redoutable. On pourrait d’ailleurs citer une référence fameuse pour préciser quelque peu la tactique d’intimidation des Texans, en plaçant dans le contexte le(s) nom(s) fameux d’INCUBUS (OPPROBRIUM), avec lesquels le trio semble partager bien des points communs. Moins radical toutefois que son illustre et bordélique modèle, K.T.C.M. tombe rarement dans l’outrance et garde la barre bien en main, sans jamais verser dans la démence rythmique.

Certes, la machine s’emballe en plus d’une occasion, mais la production claire empêche Cleansing the Blood of the Heretic de basculer dans un boucan à peine mesuré. Ce qui n’empêche nullement les trois musiciens de placer à intervalles réguliers de fatales accélérations se repaissant de blasts bien méchants et de hurlements schizo et stridents (« Transvaginal Mesh », limite Grind quand même, mais terriblement jouissif).

En vingt minutes à peine, Cleansing the Blood of the Heretic n’avance rien de plus que les modestes preuves de ses dires. A savoir que le trio Texan maîtrise son sujet à la perfection, et a su mettre l’emphase sur la violence bon enfant du Thrash par l’adjonction d’une colère Death tout à fait tangible et patente. Si les riffs semblent directement découler de l’héritage de la Bay Area la plupart du temps, les rythmiques se veulent plus tendues et chaotiques, tandis que le chant se met au diapason de l’horreur. L’efficacité est donc maximale, car le groupe n’a retenu que les meilleurs éléments des deux styles qu’il mélange.

 

Il se permet en outre de flâner sur des terrains étrangers, comme en témoigne le très Punk «Offering Of The Serpent », qui foule les pas de SODOM, et surtout VENOM, rappelant de loin ou de près le séminal hit de l’enfer « Black Metal », tout en le déconstruisant de quelques brutales accélérations impromptues. En prenant le parti de ne jamais s’éterniser sur un morceau, les Texans ont fait le bon choix et nous offrent une écoute toujours dynamique, qui rebondit d’idées fumeuses en plans explosifs. Ils ont d’ailleurs pris grand soin de placer en ouverture deux interventions courtes n’atteignant même pas les deux minutes qui mettent de suite dans le bain. 

Pas d’intro inutile, et « Incarceration Damnation » vous plonge directement dans la cuve d’acide Thrash, cavalant sur un rythme échevelé, que le groupe prend un malin plaisir à écraser après quelques secondes seulement. Les éléments sont déjà en place, la puissance compacte, la multiplication des breaks malgré un format court, le chant qui éructe et se déchire, et cet équilibre fin entre Thrash incisif et Death décisif. La recette sera appliquée sur l’ensemble du LP, mais elle est tellement radicale et impressionnante qu’on ne demande pas mieux. 

Tout ceci nous renvoie donc à la fin des années 80/début des années 90, lorsque quelques combos décidaient de rester à mi-chemin des courants extrêmes sans vraiment choisir leur camp, à l’image des DEAD HORSE par exemple, et des INCUBUS déjà cités. Il est aussi possible de penser à une version plus modérée des MUNICIPAL WASTE, sans le côté potache bien sûr, mais après tout, inutile de chercher des références redondantes lorsqu’un morceau aussi percutant et agressif que « Sacrificial Woman Slaughter » vous explose en pleine face avec ses passages en mid tempo fabuleux. 

On se termine sur le morceau éponyme qui synthétise toutes les idées précédentes en les développant quelque peu, accentuant encore un peu la brutalité ambiante, tout en la modérant de couplets purement Thrash qui ne crachent pas sur quelques motifs de guitare mélodiques. 

Un second LP très solide, qui ne donne jamais l’impression de tergiverser malgré son ambivalence, et qui au contraire sait parfaitement où il va. Et qui permet aussi aux K.T.C.M. de se forger une identité propre au milieu de cette vague de revival Thrash qui avouons-le, ne fait pas toujours preuve d’une grande originalité non plus.

 

 

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