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Metal and Oddities Reviews
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1 juillet 2016

HOPELESS YOUTH - Devil, Walk With Me

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Rainville Records - Chaotic Core - Canada - 14 Avril 2016 - 5 titres – 17 minutes

Une jeunesse sans espoir, oui, certes, on peut voir les choses sous cet angle. Les perspectives d’avenir ne sont guère brillantes…Une bonne impulsion pour placer un groupe sous les bons auspices…de mauvais augure.

Pourtant, les HOPELESS YOUTH nous en viennent du pays du sourire et de l’optimisme, d’une ville lumière à l’héritage historique brillant. Montréal, quatuor (Julien – chant, Denis – guitare, Alex – basse et Angelo – batterie), un premier EP éponyme, un premier LP, Disgust qui se présentait plus ou moins sous une forme libre, et aujourd’hui, un nouvel effort en format court, puisque les attaques les plus concentrées sont souvent les plus meurtrières. 

« Loud & fast ». C’est ainsi qu’ils se présentent, et il ne me viendrait pas à l’idée de les contredire sur ce terrain-là. Formés en 2012, les HOPELESS YOUTH ont mis très peu de temps à définir leur style propre, résolument Hardcore, mais surtout très chaotique, blanc, et violent. La charge est rude, plus finalisé sur cette dernière production que sur celles antérieures, et pourtant, la rage et l’immédiateté sont toujours d’urgence. Et l’urgence, le groupe connaît.

 

Ils ont beau nous amuser en déclarant être nés dans un igloo, leur musique n’a rien de froid. Elle est au contraire brûlante comme un tisonnier plaqué sur les chairs, et laisse des traces. Hardcore donc, éminemment abrasif et bordélique, mais pas Math pour autant. On pourrait dans un élan de vulgarisation les associer aux CONVERGE, à GAZA éventuellement, même s’ils sont moins lourds et torturés, mais laissons-les naviguer dans les eaux qu’ils connaissent le mieux. On trouve dans leur musique beaucoup de violence, de lourdeur, des stridences, des fulgurances, mais surtout, un art consommé de la torture auditive qui donne bizarrement beaucoup de plaisir. Pour juger de ce nouvel EP, beaucoup se sont logiquement référé à leur effort longue durée, déplorant une « professionnalisation » de leur approche, des velléités conclusives, et une mise en forme plus aboutie, et donc, moins épidermique.

Pourtant, ce Devil, Walk With Me est un modèle d’un genre, et non pas « du genre », puisque le leur reste encore à identifier.

 

Le chant de Julien s’est radicalisé, les guitares sont plus en finalité qu’en prétexte, et la rythmique largement en place. La basse est peut-être un peu moins lourde sur les épaules, mais elle remplit toujours l’espace, se partageant entre croches fatales et blanches létales, et s’adapte au climat. Celui-ci est bien sûr violent et tendu, comme d’habitude, mais en cinq morceaux pourtant, le groupe parvient à instaurer une atmosphère délétère, qui prend le crâne et l’enserre dans un étau de riffs rouillés et de plans percussifs heurtés.

 

Malgré leur personnalité radicale, les membres de HOPELESS YOUTH ont joué la variété. Aussi bref soit-il, cet EP louvoie entre plusieurs options, se partageant entre segments brefs et violents et interventions développées et puissantes. Pas question de se répéter, même en format concentré, et les cinq morceaux ont tous une identité qui leur est propre, tout en respectant une cohérence globale. Il est possible de détailler, sans réduire l’ensemble à une linéarité d’analyse, et le jeu en vaut d’ailleurs peut-être la chandelle. 

« Light Bearer », est un modèle de Crust bordélique qui ne cherche pas, et avance coûte que coûte. Riff basique qui tronçonne et débite, voix hurlée qui ne se pose aucune question inutile, et section rythmique au taquet qui ne manque pas une occasion de partir en éclaireur, sans se demander si le danger est proche ou non. Du Chaotic Crust poussé à son maximum, qui fait son job. 

« Moon Child », tout sauf contemplatif, et qu’on hésite à classer au rayon Sludgcore ou Dirty Core, un peu FETISH 69, un peu UNSANE très fatigué, ça pourrait émaner de Brooklyn ou de Leeds, peu importe, mais c’est lourd, tendu, sur le fil, et ça fait son petit effet. Le genre de morceau qui pourrait émerger d’une jam au sud des Etats-Unis, jouée par les CROWBAR et EYEHATEGOD, sous le regard bienveillant et amusé des PIGS ou d’ABRAMS. 

« The Garden », ou comment débuter un morceau par un riff glacial venu des échos du Dark Rock ou du Post Rock, avant de laisser le trio basse/batterie/guitare exploser sans prévenir.

Archétype du Violent Core qui n’a pas oublié d’où vient son Rock, riff accrocheur et faussement groovy, petites acrobaties à la double grosse caisse qui aiguille sur la mauvaise voie, bien que je doute qu’il y en ait une bonne.

On pense CULT LEADER, en tout aussi épais mais moins stable, à PROTESTANT, enfin toute la clique des bruitistes qui n’ont pas oublié les leçons du passé Core qui fait mouche. Ah, et puis sur un up tempo pareil, impossible de broder un motif clair.

 

« Devil, Walk With Me », ou comment entériner les postulats énoncés juste avant. Sans doute l’intervention la plus clairement Core du lot, qui prend les BLACK FLAG, accélère leur tempo de façon drastique pour en offrir une version so 2016. La colère ? Oui, mais intense alors. 

« The Price To Pay », on commence avec un gros riff Doom, qu’on fait traîner une bonne minute, avant de gicler le tout d’un tempo pilonné façon mid bien dégénéré. Percussions qui boostent, chant qui module de moins en moins, mais guitares séduisantes et presque sexy, un peu DILLINGER de transition, genre « Milk Lizard » qui se frotte et se pique à BREACH, et puis, c’est fini.  

Oui c’est fini. C’est en effet plus carré et sans doute moins surprenant que Disgust, mais pas moins libre pour autant. Il faut savoir évoluer dans la vie, et les HOPELESS YOUTH l’ont bien compris. Ils ne redonneront pas l’espoir à la jeunesse, mais peut-être l’envie de briser de vieux carcans. Et ça, c’est déjà très bien. 

 

 

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