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Metal and Oddities Reviews
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20 juillet 2016

GONE IS GONE - Gone Is Gone

goneisgone

Rise Records - Alternative Experimental Rock - USA - 8 Juillet 2016 - 8 titres – 31 minutes 

Quand les stars s’ennuient pendant cinq minutes, elles se regroupent et jouent. Tout ça peut sentir l’obligation, le fun, l’envie d’en faire plus, ou de rester sous les feux de la rampe encore plus longtemps. Mais parfois, c’est bien la passion de la musique, la découverte d’intérêts communs qui poussent des musiciens à monter ce qu’on appelle vulgairement un « supergroupe ». Généralement, c’est faisandé, moisi avant d’avoir été mis sur le marché. Mais il semblerait que les années aient changé la donne. Aujourd’hui, les instrumentistes fameux n’ont cure d’un éventuel contrat juteux, et se lancent dans la mêlée sans réfléchir aux conséquences, autre que le plaisir de jouer ensemble une musique un tant soit peu différente de ce qu’ils font d’habitude au sein de leurs ensembles respectifs.

 

Et rayon supergroupe, GONE IS GONE se pose là, et ne fait pas semblant. On en entendait parler depuis un bon moment, mais ceux de la concrétisation et du dévoilement sont enfin arrivés…Alors pour ceux qui ne lisent pas les newsfeed et les flux RSS d’info, quelques précisions avant d’aller plus en avant. GONE IS GONE, ce sont trois noms fameux, découlant de trois entités qui ne le sont pas moins. Un trio d’artistes bien connus de la scène Metal/Rock/Alternative qui ont uni leurs forces pour aboutir à l’émergence d’un quatrième pouvoir qui en juillet 2016, affiche assez modestement ses ambitions.

De MASTODON s’est extrait Troy Sanders. Des QUEENS OF THE STONE AGE a fugué Troy Van Leeuwen. Et Tony Hajjar s’est tiré provisoirement de son AT THE DRIVE IN. Les trois évadés ont été rejoints par le multi instrumentiste Mike Zarin, et leurs réflexions ont finalement donné naissance à ce premier EP huit titres, éponyme, qui en fin d’année se verra complété par un full lenght de treize morceaux.

 

Huit chansons, trois héros, la combinaison est-elle magique ou tout ça n’est-il qu’un énorme coup de Gibson SG dans l’eau ? Les questions fusent et les réponses nous faisaient languir…Devait-on s’attendre à des influences mises à profit, des démarcations évidentes, une récréation différente ? Après tout, MASTODON, QOTSA et AT THE DRIVE IN ne sont pas vraiment des collègues d’influences qui marchent main dans la main, bien au contraire.

Je dirais que la vérité de ce premier EP est à l’image de celle de Fox Mulder. 

Ailleurs.

 

Ok, certaines guitares sentent bon le mastodonte lâché dans la jungle urbaine d’un Post Alternatif nineties. Certes, certaines mélodies hument l’air du désert Californien sous la chaleur écrasante. Bien évidemment, les harmonies déviantes sont de temps à autres aussi chaudes qu’un chili placé sur la table d’un restauroute un peu délabré. Mais l’ensemble est différent, l’osmose est en effet palpable, pas toujours inspirée au moment de rendre ses conclusions, mais elle a au moins le mérite de s’éloigner des évidences lénifiantes. Alors non, GONE IS GONE n’est pas la somme de ses parties, loin s’en faut, mais autre chose, plus libre, un peu systématique, biscornu, mais recommandable, pour le moins. 

Il est d’ailleurs complexe de définir tout ça. L’objet en question ressemble à un disque qui aurait pu paraître il y a plus de vingt ans et sonne pourtant contemporain, merci à cette production surréaliste et presque cosmique qui sauve parfois les meubles. Mais même avec huit titres, il est tout à fait possible de se faire une idée presque précise de la démarche entamée par le quatuor. L’ambiance est un peu cotonneuse, le rythme pataud mais pas vraiment lourd, les guitares la plupart du temps contemplatives, subtilement vicieuses, et les harmonies amères, et d’un autre temps. C’est agréable, pas de doute là-dessus, mais parfois un peu…anonyme. Un peu comme si les AFGHAN WHIGS sortaient de leur léthargie pour reprendre à leur compte les sonorités Post Seattle des nineties de leur émergence (« One Divided »).

 

Pour aiguiller un peu les curieux et autres dubitatifs, « Violescent » était sorti un peu à la hâte, pour donner quelques semblants d’indices. Sauf que la chanson en question est tout sauf emblématique du EP global. On y retrouve les arrangements mélodiques récurrents qui sonnent comme un leitmotiv un peu onirique, mais la distorsion, la rythmique appuyée ne sont en aucun cas symptomatiques de l’approche. On les retrouve d’ailleurs à l’occasion de l’intro de « Praying From The Danger », mais le groupe s’en éloigne vite pour se lover de nouveau dans le cocon qu’il s’est tissé à grands coups d’arpèges à la The Edge/Stephen Carpenter…Et le parallèle avec les DEFTONES n’est pas si éloigné que ça, puisqu’en définitive on pourrait presque concevoir Gone Is Gone comme une tentative de Post DEFTONES un peu moins contemplative… 

Le tout est loin d’être désagréable, même si le recyclage de plans et d’ambiances est manifeste. D’un titre à l’autre, on retrouve les tics, et le désir de s’éloigner de ses obsessions initiales. On aurait sans doute attendu plus d’une collaboration de ce calibre, mais il n’est pas interdit de privilégier la sobriété à la sensation factice. 

Je vous dirais bien que tout pourrait être résumé au long final «This Chapter », mais la conclusion serait en partie fausse, même si partiellement vraie.

Alors…

Longue complaintes de guitares en plein trip alternatif, qui parfois se souviennent du Rock, mais de très loin, chant plaintif en écho, et duo basse/batterie qui laisse couler, en proposant quelques breaks un peu plus poussés et enlevés.  Pas désagréable dans le fond, un peu facile et répétitif dans la forme, mais après tout, tout ceci n’est qu’une mise en jambes… 

Donc, l’équation ne se résumait pas à une simple addition entre MASTODON/QUEENS/DRIVE IN. On s’en doutait un peu tant l’adjonction des éléments semblait ne mener nulle part, mais on n’espérait pas non plus un truc assez bancal et biscornu qui évoque tout autant un genre de Stoner Pop Alternatif qu’un Post Grunge un peu facile.

Soulignons quand même la prise de risques, et espérons qu’elle soit accentuée sur l’album à venir. Une surprise, pour le moins, qui ne sera pas forcément bonne pour tout le monde. Un supergroupe qui se la joue minimaliste. C’est assez novateur en soi. 

Peut-être pas assez pour convaincre.

 

 

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