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Metal and Oddities Reviews
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23 juillet 2016

UNTIMELY DEMISE - Black Widow

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Black Thrash - Canada - 28 Mai 2016 - 9 titres – 38 minutes

Il semblerait que le Canada ne souhaite pas mettre la pédale douce en termes d’exportations brutales. Entre les groupes de fusion, les énervés BM et les agités du bulbe Thrash, leur production prend des proportions homériques, et si l’Amérique n’est pas très loin, ce petit pays du Nord pourrait très bien leur en damer les pions. Pour ça, ils font appel à des musiciens émérites, qui n’ont peur de rien ni de personne, et qui riffent à mort comme pour se réchauffer d’hiver accumulés.

Je ne vois pas de quoi se plaindre, puisqu’ils nous offrent au passage de sacrées flambées, bien plus efficaces que celles de nos cheminées. Aujourd’hui, direction Saskatoon, car c’est là-bas que nous attend un trio de remués qui d’ailleurs fêtent cette année leur troisième LP. Trois zicos, trois albums, l’affaire tourne rond, comme les sillons de ce Black Widow qui pour l’instant n’en possède pas et se contente de quelques bits. 

Alors, UNTIMELY DEMISE.

 

Groupe Canadien donc, formé en avril 2006, par les frangins Matthew et Murray Cuthbertson. Ils sont accompagnés depuis cette année par Bryan Newbury au kit, fraîchement incorporé donc, mais ne l’ont pas attendu pour accumuler les performances, scéniques, ou de présence discographique. Après un EP introductif, Full Speed Metal au titre qui ne faisait pas dans la métaphore et publié en 2009, le trio a empilé les LP, City Of Steel en 2010, et le plus explosif Systematic Eradication trois ans plus tard, distribué par Punishment 18 Records.

Depuis, leur nom est passé de lèvres en oreilles, et ils jouissent d’une sacrée réputation, qui vous le constaterez n’est pas usurpée lorsque vous aurez tendu vos esgourdes sur ce troisième longue durée. Avec un splendide artwork signé par l’infatigable Ed Repka, qui une fois de plus nous laisse ébaubis de la pertinence de son trait, Black Widow se place sous de prometteurs auspices, ce que ses premières secondes confirment rapidement.

 

Le style n’a pas changé, crossover entre le Thrash old-school à la MEGADETH et le Néo Death des ARCH ENEMY, mais il est pratiqué avec de plus en plus de flair et frise la perfection dans un créneau pourtant exigeant. Les trois acolytes n’ont pourtant pas tenté le diable, et sont restés dans des limites temporelles raisonnables, avec trente-huit minutes de boucan, ce qui leur permet de rester percutants de bout en bout. Pas de gros changement depuis l’album précédent, qui avait allumé la mèche. On reste dans des balises qu’on connaît et qu’on traverse même à l’aveugle, et puisque l’approche leur sied bien, personne ne va s’en plaindre. L’unité est palpable, parfois un peu prévisible, mais ici, c’est l’efficacité qui prime et non le sens de l’aventure. Après tout, la recette d’origine l’est suffisamment, alors inutile d’en rajouter. 

Production tranquille, bien dosée, grosse caisse profonde mais pas trop, guitares effilées, basse qui ronronne et soudain claque, c’est du sur mesure.

Niveau compositions, comme précisé auparavant, la donne n’a pas changé. On retrouve ces riffs bien méchants à mi-chemin entre un Thrash vraiment excité et un Death plus ou moins maîtrisé, ces rythmiques qui s’adaptent sans cracher sur un brin de fantaisie technique, un chant sadique qui singe les intonations diaboliques de feu Quorthon, et bien sûr, trademark indispensable, des chœurs complémentaires qui boostent des refrains déjà bien solidaires.

Le tout est assemblé avec un savoir-faire remarquable, et les décibels envahissent la pièce tandis que les chansons font leur office.

 

Cet office est brutal, et son prêtre assez convaincant dans son rôle de guide de brebis pas si égarées que ça. A l’écoute, on pense évidemment à une myriade de références à priori, et outres les deux déjà mentionnées, les noms de KREATOR (le plus tardif), DEATH, ATHEIST et même SOILWORK pourquoi pas peuvent être glissés dans la conversation sans avoir l’air d’un cuistre. Le mélange est idoine, et bénéficie de soli très performants, mélodiques et mordants, et les structures sont bien étudiées pour rebondir à l’instant T sans jamais lasser. 

En restant prudemment sous la barre des cinq minutes la plupart du temps, les trois bûcherons évitent de se mordre la scie, même si quelques plans se recyclent de là et de ci. Les plus caustiques vous diront que tout est dit dès le premier morceau, « Forgottent InTime », ce qui est un peu réducteur, puisque dès « Enslaver » le groupe change son char de pré et s’attaque au répertoire de prédilection des TANK et autres WARFARE avec un up tempo mitraillant la plaine. Décidemment au top quel que soit le terrain, les Canadiens frappent fort, et mélangent le RAVEN le plus vilain avec le MEGADETH le plus sain, pour un ballet en Thrash majeur qui ne laisse pas sans heurts.

En variant les tempi et les humeurs, UNTIMELY DEMISE nous en affiche une bonne et ne râcle pas les fonds de tiroir.  

Parfois à la lisière du pur Death à tendance Black (“Black Widow” qui lâche même quelques blasts), ou au contraire piétinant de colère les plate-bandes Thrash des copains ricains (“Anticolonizer”), Black Widow se permet à peu près tout, puisque ses géniteurs en sont capables. 

Un peu de mélodie à la TESTAMENT pour donner le change en attendant l’orage dément (“Calling me Back From The Light”), pour un final dantesque qui cavale d’un rythme preste que la belle Angela aurait apprécié (“Holy Man”, plus ENEMY que l’arche, avec cette basse qui jamais ne trépasse), et en définitive, un tournant du troisième album négocié avec finesse et talent.

 

Alors oui, amis Canadiens, laissez faire vos groupes qui décidemment nous font beaucoup de bien. On ne se lassera jamais de vos productions qui, quel que soit le style le répandent avec passion, ni de vos groupes qui se donnent les moyens de leurs ambitions. Pochette superbe, contenu brûlant, ce Black Widow risque en effet de faire des veuves parmi les orphelins Thrasheurs et les fils uniques du Death malmené, et qui ne sauront pas s’en préserver.

 

 

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