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Metal and Oddities Reviews
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31 juillet 2016

BLACK BOMBERS - Black Bombers

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Easy Action Records - Vintage Proto Garage - UK - 27 Mai 2016 - 11 titres – 44 minutes

Tiens, anecdote, ça vous apprendra. Hier, je regardais pour la vingtième fois le séminal Almost Famous, du gourou Cameron Crowe. Que vous aimiez ou pas cette pelloche, elle contient quelques vérités, qui ont selon l’histoire été énoncées il y a des dizaines d’années. Tiens, prenez cette scène durant laquelle Lester Bangs s’improvise DJ dans une radio locale. Il conchie YES, les DOORS, et balance sur la platine Raw Power des STOOGES, le Pop lui-même, et commence une danse chamanique dans les studios. Et puis, rencontrant ce jeune journaliste qui lui envoie ses articles, il s’épanche. 

« T’arrives trop tard, le Rock est mort, tu es juste là pour son dernier souffle. Ils l’ont tué » 

 

Elle est con cette phrase, et on nous la ressert à toutes les sauces depuis…la même époque. Alors je ne sais pas si Lester Bangs a été le fossoyeur du Rock, et si à sa mort en 1982, il s’est désolé de son tournant New-Wave assez dramatique. Il conchiait déjà SUPERTRAMP, BOSTON et tous ces refourgueurs de musique de supermarché, mais aurait-il pour autant célébré les LIBERTINES ou Jack White s’il avait encore été en vie ? Lui, son dernier souffle, il l’a rendu à 33 ans. Ne riez pas, de pacotille peut-être, mais lui aussi fut le Christ de la Rock music. Celui qui l’a regardée agoniser jusqu’au bout, sans bouger.

 

Aujourd’hui, sans le faire exprès, je suis tombé sur un groupe qu’il aurait pu aimer du fond de sa caverne de célibataire qui s’enfourne du vinyle jusqu’à l’overdose. Un truc instantané, immédiat, qui ne cherche pas midi dans le flight-case de Jeff Beck, mais qui aligne les gros et gras riffs sans trop se poser de question.

Est-ce du Rock ? Je n’en sais rien, mais ça en a l’air et peut-être la chanson.

 

Les BLACK BOMBERS viennent de Birmingham, sont trois comme les MOTORHEAD (Alan Byron : guitare et chant, Darren Birch : basse et Dave Twist : batterie), ont joué avec des mecs des HEARTBREAKERS, des DAMNED, des LORDS OF THE NEW CHURCH, et même un ROLLING STONE. Ça ne vous pose pas une carrière là, mais ça y donne des jalons. Mais ça ne garantit aucunement un jaillissement Rock, l’éruption qu’on est en droit d’attendre d’une rondelle qui se prétend l’héritière des DAMNED, STRANGLERS, MOTORHEAD, ou, évidemment, Iggy et les STOOGES. Ces mecs auraient-ils pu, il y a quarante ans, faire respirer le Rock un peu plus, histoire qu’on ne l’embaume pas en place publique, ou dans un stade bondé prêt à rugir au premier solo de Page ? Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est qu’en 2016, ils jouent ce qui se rapproche le plus d’un Rock basique, bluesy et Punk à la fois, le genre de truc que Lester l’économe aurait pu apprécier…un soir ou deux.

 

Mais bon, on le sait tous, l’habit ne fait pas le moine, encore moins dans le cas des MONKS, et un son et une attitude ne suffisent pas, encore faut-il avoir le répertoire et l’haleine chargée. Dans ce cas très précis il est possible que Black Bombers soit un excellent album de pur Rock garage, pas du genre Fuzzy non, plutôt brut de chez perfecto, avec des guitares qui rugissent vraimentEn écoutant leurs morceaux, on pense inévitablement à la rage primale des TROGGS, celle des REMAINS peut-être, mais aussi aux STOOGES, qui un soir de pleine lune, seraient repris par les RACONTEURS, un poil plus abrasifs que d’habitude. Des accords simples, des effets qui ne le sont pas moins, des mélodies rachitiques, et puis, un son qui n’en fait pas trop dans le genre revival.

Alors non, Black Bombers n’est ni Raw Power, ni On Parole, mais il fait quand même vachement bien semblant. 

On s’adapte très vite au binaire de croisière, qui renvoie les STONES dans les cordes, même lorsqu’il cède le pas à un rythme un peu plus bluesy et emprunté, comme sur ce lent et vaudou « Nameless » qui oublie pour un instant la sacro-sainte règle des trois minutes et quelques du Rock. Ce même binaire qui se transforme soudain en gigue du zombie sur un morceau que les CRAMPS et les TROGGS auraient pu entonner de concert et de guingois, après avoir bu un verre de trop (« Crazy »).

Ils laissent les guitares abuser parfois d’une distorsion sale, éclatant en gerbes de ferraille rouillée comme les frères Asheton pendant leur quart d’heure de gloire (« Early Warning », le genre de thème circulaire qui tourne et tourne comme une migraine).

 

Non, on ne pense pas forcément à BLUE CHEER en écoutant ce premier effort. Le son est moins sale, l’ambiance moins biker malgré la jolie pochette monochrome aux gris un peu passés, mais le feeling est là, bloqué entre 69 et 74, quand le Rock s’apprêtait déjà à glisser vers le Punk. Des punks, ils en ont l’apparence et l’approche, l’aspect rudimentaire et l’urgence d’une base rythmique qui ne se prend pas la tête et crache sur les complications. On s’imagine bien les écouter dans un bar, ou à l’arrière d’un garage mal rangé, sans leur parler ni trop les regarder d’ailleurs, pendant qu’un de leur pote s’amuse à trifouiller le moteur d’une vieille Victory en faisant un barouf du tonnerre. Mais le tonnerre ils savent ce que c’est et le laissent parler, même s’il est précédé de quelques notes de basse mutines qu’on aurait pu dénicher sur les premiers Alice Cooper (« Whiplash »). 

Alors, la question reste, et ce, trente-quatre ans après que ce pauvre Lester ait passé le poumon à gauche. Le Rock agonise il toujours, ou bien l’a-t-on mis en terre depuis trop longtemps ?

Je n’en sais rien, je suis né trop tard et du mauvais côté de la barrière pour le savoir.

Je ne peux qu’extrapoler sur son éventuelle survie, au travers de disques comme celui des Anglais de BLACK BOMBERS.

 

Mais s’il est vraiment mort, alors son fantôme est toujours bien présent. Et s’il est en phase terminale, Black Bombers lui augmentera quand même le débit de son goutte à goutte.

 

 

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