LIKE ANIMALS - Feral

Progressive Alternative Metal - Canada - 22 Janvier 2016 - 5 titres – 19 minutes

« Si vous prenez les riffs de DILLINGER ESCAPE PLAN et que vous les accommodez à la sauce alternative, vous approcherez d’assez près du son des LIKE ANIMALS » 

Guillemets, donc citation externe comme vous l’avez compris, extraite de la chronique de RAM zine. D’ordinaire, je ne cite que très rarement les confrères, mais pour une fois, l’occasion fera les lardons. Parce qu’entre les salades servies par les labels et managers et autres exagérations publicitaires destinées à dramatiquement booster les égos, on ne s’en sort plus. Et une fois encore, quelqu’un a dû se laisser emporter par son enthousiasme. Mais c’est une des règles de ce jeu complexe qui consiste à parler de musique. Le non-sens absolu, la musique s’écoute bande de vendus. Allez, on arrête là les délires, et justement, on s’adonne à ce non-sens, sauf qu’on en parle pas, mais qu’on écrit. 

Et puis tiens, moi aussi j’aime bien les formules à l’emporte-pièce. Alors suivez bien, ça va aller très vite. Vous prenez l’instinct mélodico-Folk des SOUL ASYLUM, l’énergie bondissante des EVERY TIME I DIE, et la complexité un peu abrutissante des CONVERGE, et après tout, vous toucherez presque du doigt l’éclectisme de ce trio Canadien qui ne se refuse rien, surtout pas de piétiner les frontières du genre. Ils viennent de l’Ontario (les « ils » sont Will Tennant - batterie, Jamie Haffenden – guitare et chant, Myke Caouette- basse), ont déjà sorti pas mal de trucs (The Wild en 2014, 2012 EP, The Undertoad en 2010 et Sweet Whispers, Plagues Ears en 2009), ont fait la mauvaise expérience d’un line-up pas franchement stable, mais semblent avoir trouvé une certaine sérénité qui leur permet en 2016 de revenir avec un nouvel EP, dans la continuité de leur travail, et pour la nouveauté de ceux qui ne les connaîtraient pas.

Feral est un concentré de liberté totale, et c’est bien la seule définition qu’on puisse lui accoler. Enregistré, mixé et produit par Neil Devereaux aux Mojo Studios, emballé dans un chouette artwork signé Danielle Caouette, il passe en revue tellement d’idées qu’on se demande toujours après plusieurs fois vingt minutes d’écoute ce qu’on a bien pu entendre, et ce genre de surprise fait du bien à la plume du Rock critic qui s’ennuie seul devant son bureau.

Je sais, on vous a fait le coup de la « nouveauté surprise » des dizaines de fois, alors vous me votez venir. Mais sachez que je n’ai rien à gagner à essayer de vous faire passer un machin courant pour de l’inédit, alors soyez sympa et croyez moi. Il est vrai que les LIKE ANIMALS ont pioché où bon leur semblait leur inspiration, et au final, il est vrai aussi qu’il est très difficile de les classer. Ils parlent d’eux-mêmes de Metal progressif, de Heavy, les fanzines et autres torchons les ont affiliés à je-ne-sais combien de références (au hasard MR BUNGLE, LED ZEPPELIN, MELVINS, MARS VOLTA, j’en passe et des plus tirées par les cheveux), mais ne faites pas attention aux noms, retenez juste la vérité globale qui s’en dégage. Nous avons tous autant de mal à trouver des points de repère pour vous aiguiller dans une direction qui ne sera pas trop fausse.

Progressif et Heavy, ça, c’est la réalité palpable. Mais pas le progressif pénible qui étire des idées qui sont déjà fatiguées avant de s’être levées. Non, celui qui fait se percuter des plans à grande vitesse, dans un cadre restreint et qui permet à des morceaux courts de bondir de vie et d’énergie. Pas plus de quatre minutes par intervention, ça suffit largement, surtout que ces minutes-là sont bien plus créatives que les heures de certains référentiels usés jusqu’à la trame. 

Mais là, très lucides, vous me dites « Merci pour tout ça, mais on n’est pas plus avancés ». Et c’est assez vrai, alors pour faire simple et pour l’amour de la formule, sachez que Feral est le type même de EP qui : 

-          Vous fera danser

-          Vous collera mal à la tête avec des équations de guitare à plusieurs inconnues

-          Vous fera danser ET chanter à tue-tête

-          Vous laissera avec plus de questions que de réponses, que de toute façon vous n’auriez pas cherchées.

OUI, les LIKE ANIMALS sont des transgenres indépendants, qui mélangent la science au millimètre du Mathcore light, les mélodies un peu amères de l’Indie, les accords qui tanguent de la scène alternative, et qui enrobent le tout d’arrangements progressifs à la RUSH, sans trop en avoir l’air. Chaque titre à son ADN propre, et l’ensemble dégage autant de fraîcheur que de puissance. Et si on ne peut pas affirmer avec aplomb que la voix de Jamie Haffenden est toujours très juste (dans les aigus, on frise quand même la catastrophe parfois), elle garde néanmoins un charme indéniable, un peu audio-vérité, qui ne cache pas ses défauts.

Et puis en plus, quand il gueule, tout s’arrange, parce qu’il s’écorche vraiment le bas ventre le con.

Alors détailler les morceaux revient à vous décrire toutes les pièces d’un puzzle de paysage, ciel bleu y compris. Vous aurez donc saisi que ça n’a pas franchement d’intérêt d’autant qu’ils changent de couleur et de rythme assez régulièrement. Sachez pour le principe que sur une chanson comme « Lougne Lizard », on a autant le sentiment d’écouter Grave Dancers Union qu’Ire Works ou A Missing Chromosome. Ça vous va comme playlist un peu barrée ? Tant mieux parce que je n’ai rien d’autre. 

Et je terminerai juste par une image, parce que Feral est de cette catégorie d’EP dont on se remet avec difficulté sans repère graphique. Imaginez-vous dans un nightclub, vous trépignez sur une vieille scie Indie des années 2000 avec vos potes, quand soudain le dancefloor prend feu alors même que les sorties de secours se bloquent. Le DJ hurle, les videurs font ce qu’ils peuvent, mais vous, vous continuez à danser, les jambes du futal qui crament. Et vous souriez benoitement. 

Ben voilà, ça donne à peu près ça. Avec en plus, Dave Pirner qui chante saoul comme un cochon sur du Fall Of Troy en arrière-plan. Pas terrible comme tableau, mais incendiaire.