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Metal and Oddities Reviews
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10 août 2016

KOPROTOPSY - Eternal Extinction

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Underground Cavernal Brutal Death Metal - France - 24 Mai 2016 - 10 titres – 62 minutes

La France souffre, la France titube, mais la France est toujours debout. Dans les rues, devant son poste de télévision, dans les bars, mais aussi dans les…caves et autres catacombes. Certes, les prétentions ne sont pas les mêmes. Tandis que ceux qui se tiennent au dehors luttent pour la vie et l’espoir, ceux stagnant dans les eaux croupies de l’underground voient plutôt l’avenir comme une succession de souffrances menant à une fin inéluctable, si possible atroce et souffreteuse.

La douleur, la solitude, la pénombre…Compagnes des poètes morbides qui font rimer amour avec vautours et infini avec agonie, ce sont des thèmes récurrents d’un style qui se fait les dents sur le cercueil de l’humanité depuis la fin des années 80…

 

Nous sommes en France donc, en Île-de-France pour être plus précis, et ce, depuis le début de l’été 2015. A ce moment-là, deux musiciens encore plus nihilistes que la moyenne des misanthropes s’unissent dans un bourbier de musique de cloaque. Sainte Vermine (instruments, chant, paroles) et Pig Lord/Margul Demonic (chant, artwork et textes) sortent leur première démo, Rotting, avant que Sainte Vermine ne se retrouve seul aux commandes pour continuer l’aventure. Dès le départ, on sent le chemin un tantinet différent, et surtout, plus ardu à descendre, vers les abysses des enfers les plus moites et décrépits. Après ce premier effort introductif, Michaël Sikli, à peine âgé d’une vingtaine d’années, produit deux EP, Damnations et Awaken The Abysses, avant de se lancer dans l’exercice du LP que je vous présente aujourd’hui même. 

Le musicien est jeune, mais son emprunte pourrait être celle d’un musicien trainant ses basques dans l’underground depuis longtemps. Il a une approche très personnelle d’un Death rudimentaire, qu’il joue à sa façon, et qu’il a l’intelligence de définir avec précision. Et faites-moi confiance, s’il a accolé les termes de Cavernal Brutal Death Metal bout à bout, ça ne doit rien au hasard. Puisque c’est exactement ce qui émane des pistes putrides de ce premier effort longue-durée. Eternal Extinction est assez linéaire et funèbre en l’état, mais ne se prive pas pour intégrer à une structure basique et répétitive des éléments externes, qui ajoutent à l’ambiance morbide générique. Quelques mélodies éparses, des arrangements un peu plus aérés, qui viennent s’incruster dans une base très solide, faite d’un canevas de riffs déliquescents, gravissimes, soutenus par une rythmique monolithique et un chant cryptique qui ne l’est pas moins. Sur le papier, et sans tenir compte du tempo, on pense immédiatement à une sorte d’ENCOFFINATION en version moins post-mortem et plus enlevée, et le parallèle n’est pas si incongru que ça. Mais Sainte Vermine sait jouer la variation, tout du moins juste perceptible et rendre ses morceaux plus attractifs et moins gratuitement concentriques. Bien qu’ils parviennent sans peine à capter votre audition de façon maladive sans jamais la relâcher…

 

Maladive, c’est le terme qui convient à l’atmosphère de ce premier album qui ne cède aucun pouce de terrain. Outre la référence évidente déjà placée, il serait facile de céder à la tentation de coucher sur papier les noms de BOLT THROWER version In Battle There Is No Law, mais aussi d’AUTOPSY, pour cette vision primaire et primale d’un Death extrêmement basique qui va à l’essentiel. A dire vrai, KOPROTOPSY pourrait logiquement se situer à l’épicentre de cette sainte trinité, sans pour autant oublier de proposer ses propres idées. Guitares et basse sous accordées, chant à peine intelligible, dans une veine MORTICIAN qui aurait gardé un peu d’humanité, et lourdes traces de Doom en version post-mortem pour un ballet ininterrompu dansé à la gloire d’une pensée musicale en putréfaction. 

Le musicien solitaire n’a pas choisi la route la plus facile à arpenter, et ses titres dépassent souvent une durée réglementaire raisonnable, frisant même en une occasion un quart d’heure indécent.

Mais l’enchaînement mid tempo de « Mental Slaveries » et « Praise The Crushed Bones », qui atteint la même longueur à quelque chose de vraiment envoutant dans son désir de ne pas dévier d’un pouce d’un thème imposé, et traîne ses notes de basse qui cogne comme un marteau plantant des clous dans le cercueil de l’harmonie. Avec ces quelques fantaisies ornementales, parfois un peu orientales, ce diptyque a de quoi vous pomper la conscience, bien que jamais la tête pensante du projet ne dévie de sa trajectoire. En gros, on travaille toujours autour du même axe, mais on parvient à le faire pivoter légèrement pour rendre son balancement encore plus entêtant.

 

Cette fameuse suite de quatorze minutes et trente-huit secondes, « Engraved Into Ashes », se base sur une (très) longue et sourde intro de plus de quatre minutes, laissant quelques instruments à vent flotter avant que le thème principal et cadavérique ne s’impose au travers d’un riff lugubre. Des grognements à la John Tardy qui s’enroulent autour d’une gerbe de fleurs fanées, quelques sonorités orientales qui serpentent au pied de la sépulture, un souffle de mort qui vous emplit les poumons, des percussions ethniques, et puis le silence…à peine dérangé par un grondement sourd. Final gravissime et apocalyptique reprenant tous les ingrédients précédents, en accentuant encore un peu plus la gravité du propos, et final digne de la conclusion d’un film de série B très porté sur les expérimentations légales. 

Mais certaines tentatives se permettent quand même des digressions plus violentes et moins emphatiques, comme cet excellent « Death Supremacy » qui s’autorise une étrange combinaison entre le GODFLESH le plus syncopé et un AUTOPSY un peu plus primesautier qu’à l’habitude, ou au contraire, tombent dans l’Ambient le plus bourbeux et traumatique (le final « Eternal Extinction » qui rappelle un peu les bruitages du FROST à peine sorti de sa période HELLHAMMER, combinés aux délires sismiques des LUSTMORD) 

Pas vraiment le genre d’album qu’on écoute lorsqu’on est bien dans sa peau et dans sa tête, mais une belle preuve de l’inventivité putride de la scène Death nationale qui n’en finit pas d’imposer ses idées sur le classicisme ambiant.

Une mort lente, douloureuse et concentrique en « musique ».

 

 

 

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