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Metal and Oddities Reviews
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13 septembre 2016

AANOD - Yesterday Comes Tomorrow

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Dooweet Agency - Metalcore - France - 19 Septembre 2016 - 7 titres – 29 minutes

Metalcore ?

Metalcore.

Oui, une fois de plus, je m’y colle, en suivant les conseils indirects de mes correspondants de Dooweet. Je suis têtu que voulez-vous, et je n’aime pas rester sur des interrogations ni bloqué dans une impasse. Alors Metalcore, mais pas n’importe lequel. D’une parce que je l’ai écouté avant d’en parler, et de deux, parce qu’il vient bien de chez nous. 

De Paris plus précisément, et joué par des gens de confiance. Dans la capitale, répètent et tournent depuis quelques années les AANOD, qui se sont d’abord fait les dents sur un Death très technique sous la bannière ACRIMONIE. 

Et d’ailleurs, en parlant d’acrimonie, ils en éprouvent toujours, non à l’encontre de leur public, mais bien de l’humanité en général. Comment l’expriment-ils ? En sept chapitres, et un nouvel EP qui condense leurs idées récentes, Yesterday Comes Tomorrow.

 

Un an après Dawn, assez repéré et apprécié dans l’univers du Core aux grosses guitares, le quintette (Alex & Jordan – guitares, Tom – basse, Raph – batterie et Jay – chant) récidive et nous narre ses vues sur le destin fatal et inéluctable de notre espèce, de façon tout aussi péremptoire. En substance, Yesterday Comes Tomorrow suit l'évolution de l'humain au sein d'un monde excluant, dans lequel il cherche ses repères. Je ne sais pas si nous et nos semblables parviendrons à les trouver, mais ce qui est certain, c’est que les Parisiens semblent avoir construit avec certitude l’axe autour duquel ils tournent le mieux. D’un passé Death, ils ont retenu la puissance écrasante d’une rythmique suffocante, la gravité de guitares qui ne sombrent jamais dans la routine pénible de riffs pré-mâchés, et l’allant générique qui leur permet de signer des hymnes d’une efficacité redoutable. 

Bénéficiant en outre d’une production énorme et brillante, qui n’en fait pas trop mais qui gonfle leur moteur et polit leurs chromes, les AANOD avancent en se posant des questions, et en trouvant quelques réponses au passage.

 

L’une d’entre elles concerne l’avenir. Celui de notre civilisation évidemment, mais plus prosaïquement, celui d’un style qu’on pensait coulé dans un béton compact et sans fissures. Et le parallèle des deux débats est assez troublant au travers de leur EP, qui juxtapose les deux de façon assez pertinente. Et si l’on en croit les morceaux de Yesterday Comes Tomorrow, le peuple de la terre va connaître des jours assez sombres, mais pour peu qu’il fasse un effort gigantesque, il est possible qu’il commence à entrevoir la lumière. Mais avant d’en arriver là, il devra survivre à son propre instinct d’extinction, et subir des épreuves difficiles, et des fléaux majeurs. 

Musicalement, les ANNOD n’ont pas opéré de mutation majeure. Ils restent collés à des principes de Metalcore moderne agrémenté de beaucoup d’arrangements électroniques, mais aussi cloué de poussées de fièvres Death à la température assez inquiétante. Pour mettre en forme l’évolution de leur philosophie, les Parisiens ont opté pour des formats concis de quelques minutes, qui se concentrent sur une bordée de riffs efficaces, pas toujours mémorisables, mais qui ne tombent pourtant pas trop dans la facilité. Certes, les thématiques se ressemblent d’un titre à l’autre, mais la cohérence de l’œuvre en dépend, et l’efficacité n’en pâtit aucunement.

Ils connaissent leur boulot, et peuvent compter sur leurs qualités naturelles pour faire la différence.

 

La plus flagrante reste cette précision rythmique diablement percutante, mais aussi cette utilisation très Hardcore des cordes vocales de Jay, qui permet au quintette de rester abrasif et vénéneux même dans les passages les plus mélodiques. Les plus instinctifs d’entre vous se jetteront sur le morceau d’ouverture « Gambler », qui met les ambitions à disposition dès les premières secondes, les plus ouverts à l’électronique lui préfèreront l’éprouvant et claustrophobique « Starvation », qui a des airs certains de SPINESHANK ou LINKIN PARK version très enlevée, avec ses nappes d’arrangements modernes qui survolent un mid tempo vraiment efficace. 

Et du coup, en avançant avec une volonté hors normes, les Parisiens vont à l’encontre de la philosophie même de cet EP qui nous garantit pourtant des lendemains d’hier. Hier est certes toujours présent dans la mémoire des AANOD, mais ils le transforment en avenir plutôt brillant, même si certains automatismes risquent à tout moment de les faire tomber du côté d’un jour sans fin.

Sans fin certes, mais pas sans faim, leur appétit fait plaisir à voir, et « Cubes » se permet même une jolie ouverture sur un Néo Thrash « à la Suédoise » en singeant les meilleurs tics de SOILWORK, tandis que la clôture « Crafting » fait justement preuve d’une science exacte de la mise en place, avec des débordements de nappes vocales venimeuses, et une mélodie sous-jacente assez fascinante en soi. 

Alors, certes, je ne peux le nier, tout ceci est bien du Metalcore. Mais du Metalcore qui ne prend pas les fans pour des imbéciles incapables de faire la différence entre un riff costaud et un riff costaud. AANOD a largement de quoi exploser les parois d’un genre pourtant très confiné, et Yesterday Comes Tomorrow ne vous proposera pas une simple révision d’un hier que tout le monde a déjà vécu. Plutôt des lendemains qui chanteront pour les plus ouverts, et qui finalement, offriront une lumière inédite.

 

 

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