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Metal and Oddities Reviews
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13 septembre 2016

ILLYRIAN - Round 2 - Fight!

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Thrash - Canada - 7 Octobre 2016 - 10 titres – 44 minutes

Mine de rien, je m’enfonçais de plus en plus dans les marais de l’underground au point d’en oublier mon Thrash en route. Ô infamie, quand tu nous tiens…Mais je pouvais compter sur les conseils avisés de mon ami Jon Asner pour m’extirper de ce cloaque et me remettre sur le droit chemin. Comment a-t-il procédé cette fois-ci ? En me remettant sur les rails via une suggestion tout à fait pertinente. Celle d’écouter le second album des furieux Canadiens d’ILLYRIAN. Et il avait raison le bougre, quel discernement…

En dehors de cette complicité virtuelle que la décence m’empêche de partager plus en avant, j’ai fait une belle découverte ce matin. Je savais la scène Canadienne fertile en agression facile, mais j’étais loin de me douter que le réservoir de talents local était encore loin de s’être vidé. Et pourtant, ILLYRIAN me l’a prouvé par A+B, et même A+B+C puisque leur spécialité est l’attaque vocale en trio resserré. Je vous sens friand d’un peu d’histoire, alors immergeons nous dans celle de ces allumés du riff aiguisé. 

Né HELLBORN DEATH ENGINES, ILLYRIAN a donc muté pour adopter son patronyme actuel, mais aussi pour adapter ses vues violentes à sa progression patente. Le groupe s’est donc formé aux alentours de décembre 2011, et tourne sous la forme d’un quatuor, qu’ils prennent un malin plaisir à décrire comme un « monstre à quatre têtes ». Ainsi, Scott Onofrychuk (Guitare, Chant), Brandon McNeil (Guitare, Chant méchant), Jeff Perry (Basse, Chant méchant aussi) et Darren May (Batterie) continuent leur route après y avoir semé un premier effort, Welcome To The Hellmouth sous leur ancien nom il y a un peu plus de deux ans.

Leur approche, formelle dans le fond, l’est beaucoup moins dans la forme. Réputés pour être de sacrés performers, les Canadiens de Calgary adoptent une structure classique qui paie son tribut aux références du genre, qu’ils citent d’ailleurs sans complexes sur leur page Facebook. Ainsi, nous retrouvons les éternelles allusions à Megadeth, Anthrax, Death Angel, Exodus, mais aussi quelques clins d’œil plus finauds aux Refused, Cancer Bats, Jeff Loomis et Havok, ce qui en dit plus qu’on le pense sur leurs déviances qui finalement, adaptent un Thrash de facture traditionnelle à une interprétation beaucoup plus libre de ses figures imposées.

 

Plein de finesse, Round 2 - Fight! n’en reste pas moins une solide déclaration d’intention, qui sous couvert de fantaisies techniques et rythmiques vous colle un sacré punch dans la face en toute franchise. Loin de se contenter d’une attaque foncièrement connue et esquivable, les Canadiens brodent des thèmes personnels qui empruntent le vocabulaire du Heavy Metal, du Crossover, en l’incluant dans un bréviaire Thrash de très haute volée. Outre la valeur personnelle de chaque instrumentiste, la force de ce quatuor à part reste son utilisation des vocaux en trio, qui dynamisent des pistes déjà pas mal énervées à la base.

De ce mélange d’influences et de ce parti pris de composition est donc né Round 2, qui comme son nom l’indique vous invite à un combat à instruments nus, où presque tous les coups sont permis. Ceux des Canadiens ne sont pas des coups bas, même si certaines de leurs attaques débutent par des pas chassés vous prenant de côté. Ils abordent le Thrash à la racine, et l’utilisent presque comme une méthode Hardcore assez inventive, sans pour autant perdre de vue leur objectif principal. Composer des morceaux qui sonnent comme autant d’uppercuts, mais qui régulièrement vous balancent des crochets assassins dans la mâchoire, vous laissant un peu hébétés. 

Depuis leurs débuts, les évolutions sont patentes, et les dix nouveaux morceaux sont autant d’indices sur la direction que les ILLYRIAN ont choisi de suivre. Alors, on s’inspire de la vague de la Bay Area, on y ajoute une grosse louche de Powercore des années 2000, et on fonce dans le tas, les gants solidement rivés aux poings. Des riffs tranchants qui dansent la farandole autour de votre tête, des soli qui savent frapper au bon moment, et une rythmique qui assure un déplacement fluide autour du ring.

Telle est la méthode, et elle est efficace.

Pour rentrer plus en détail, écoutez l’album en entier, et savourez chaque round. Mais pas d’inquiétude à avoir, c’est bien vous qui allez finir K.O.

 

Le tempo global reste assez médium, fait la part belle aux avancées modérées, mais les accélérations en contretemps sont relativement fulgurantes, et la déstabilisation semble être le cheval de Troie de ces boxeurs de l’extrême. Leur art consiste à placer des refrains hautement mémorisables en contrepoint de couplets solides, et de laisser le duo basse/batterie avancer à son rythme, sans le rendre incontrôlable. 

Les parties mélodiques ne manquent pas, et vous font baisser votre garde avant que les combattants n’en rajoutent une couche bien épaisse (« Mindbender »). On pense à un subtil mélange des schémas de TESTAMENT et EXODUS, agrémentés de quelques bottes secrètes à la AT THE GATES (« Walking In Sunshine », développement assez technique qui impressionne à la pesée), mais ILLYRIAN sait aussi se montrer plus concis et direct lorsque le moment est venu de vous affaiblir (« Chaotic Neutral », au couplet redondant et sautillant). L’intensité ne connaît que peu de baisse de régime, et le combat se termine même par un dernier festival de mouvements fluides qui vous collent au tapis (« Sound of the Serpent Siren » et son tourbillon de plans qui vous donne le vertige).

Résultat, votre tête voit les proverbiales trente-six chandelles, mais cet état catatonique vous plonge dans une délicieuse torpeur rappelant le coma thrashylique enivrant à mort des plus anciennes légendes du sport.

 

Changement de nom, changement de ton, les Canadiens proposent donc avec Round 2 - Fight! une expérience en calottes majeures, qui se veut extrême tout en respectant certains principes de louvoiement. Une réussite totale dont on a hâte de constater les effets on stage, qui risquent de transformer n’importe quelle salle de concert en hall de combat digne de Las Vegas.

ILLYRIAN, ou comment frapper pour faire très mal, sans pour autant chercher l’effondrement immédiat.

 

 

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