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Metal and Oddities Reviews
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26 septembre 2016

TRAP THEM - Crown Feral

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Prosthetic Records - Crust/Grind - USA - 23 Septembre 2016 - 10 titres – 31 minutes

Impossible de parler d’extrême sans parler de Crust. Impossible de parler de Crust sans aborder le cas des flingués de TRAP THEM. Et impossible de parler des TRAP THEM sans faire allusion au mentor/producteur/pygmalion Kurt Ballou. Par extension, est-il possible de parler des TRAP THEM sans parler de CONVERGE, même si les divergences sont aussi nombreuses que les convergences ? Musicalement, l’affaire est entendue, puisque les Américains sont moins heurtés que les Américains. Et pourtant, tous ensembles suivent la même trajectoire d’épuration sans finir dans une station.

Celle des TP est plutôt du genre petite, un peu sale, mais ils font des efforts pour la rendre plus fréquentable. Si Blissfucker ressemblait parfois à une scène de ménage qui tourne mal, Crown Feral commence par le plafond pour finir par le sol, et laisse tout plus brillant et légèrement plus clean.

Mais pas forcément plus rangé.

 

Non, l’ordre n’est pas l’apanage de Ryan McKenney, Brian Izzi, Brad Fickeisen et Galen Baudhuin. En bons fouteurs de merde Crust qu’ils sont, ils détestent l’aseptisé, mais pourtant, au fur et à mesure du temps qui passe, je finis par me demander si ces mecs n’ont pas une tendance à être plus cartésiens que l’impression qu’ils aimeraient donner. C’est en tout cas le concept qui me chatouille les oreilles en écoutant leur cinquième LP, qui certes, fait beaucoup de bruit, mais de façon plus…docile. Crust jusqu’au bout du balai, cet album l’est. Il est aussi teigneux que ses aînés, ne crache pas sur une fulgurante accélération impromptue, mais sonne désespérément clean. Terrible non ? Pas tant que ça, puisque l’énergie est toujours palpable, et que la tension n’a pas cédé un pouce de terrain à la raison.

Oui, on peut être légèrement frappé sur les bords, mais s’exprimer de façon intelligible. Et tiens, comme formule, ça résume la situation à merveille.

 

Terminé les gueules de bois de l’époque Sleepwell Deconstructor ou Seizures In Barren Praise, les expatriés de Seattle gèrent beaucoup mieux leur consommation, et parviennent même à tenir le coup beaucoup plus facilement qu’avant.

Tiens, « Malengines Here, Where They Should Be » en est une preuve indiscutable. Double grosse caisse qui pile la glace, chant qui tolère parfaitement le degré d’alcool, et mid tempo presque dansant qui assure l’ambiance. Dans un genre de Néo Darkcore ou de Post Crust, on atteint même un sacré degré de maturation, au point de concevoir le cocktail comme un futur classique du zinc. Décevant ? Pas forcément, plus raisonnable peut-être, mais toujours aussi enivrant. Et sans tâche sur le t-shirt en plus…Un peu comme si Kurt et ses CONVERGE piétinait les converse des pénitents de Washington pour leur apprendre comment danser sans faire mal aux pieds de son partenaire. Genre NAPALM dans ses instants les plus médiums.

Mais ça n’est certainement pas un hasard si juste après cette leçon de valse/hésitation, les TRAP THEM ont placé le plus CONVERGE de leur pas chassé avec « Speak Nigh » que leur pas forcément influence aurait pu glisser en douce sur All We Love We Leave Behind. Intro massive et bien brisée, riffs mammouth qui piétinent tout de leurs grosses pattes distordues, rythme qui joue au pendule d’hypnose avec les nerfs, tout est là, bien plus, et rien de moins.

Crises d’épilepsie Grind comprises, mais finalement, c’est peut-être cette doublette qui annonce la fin d’une progression logique qui devient de plus en plus…claire et logique. Les TRAP sont des gens intelligents, et servent chauds les plats qu’on attend en premier, avant d’arriver à mi repas pour nous coller devant le buffet les mets les plus étranges. Moins épicés au prime abord, et pourtant plus roboratifs, plus pesants sur l’estomac. Alors on commence avec des entrées et amuse-gueules classiques, vite avalés et vite digérés, avant de proposer des recettes plus élaborées, à base de garniture lourde et de cœur plus compact. 

Tiens, « Twitching in the Auras » par exemple, c’est pas franchement le genre de truc qui s’avale d’un trait. Le condiment Crust y fait cruellement défaut, mais il est habilement remplacé par une sorte de poivre et sel Sludge Indus assez sombre et poisseux, pour une sauce qui dégouline bien gras dans la trachée et finit par vous faire suffoquer.

C’est plutôt sadique, d’autant plus que « Revival Spines » lui aussi joue sur les nuances pas vraiment coulantes, et se souvient des tactiques de biais des BREACH, avec ce pattern bancal qui ne sait plus sur quel orteil se tenir. Les riffs sont déliés, le chant reste sur la même ligne écorchée, mais le groove est plus présent, et les passages de double introduits en chausse-pied sont vraiment malins. On se croirait vraiment revenu au temps des pique-nique de Venom ou Kollapse, lorsqu’il fallait fixer les serviettes en papier sous les verres en plastique pour ne pas que le vent les emporte.

 

 

Et si « Stray of The Tongue » ne nous ramenait pas en début de chapitre avec son Crust beaucoup trop évident, on pourrait presque croire à un split album de schizophrènes qui se cherchent encore. Et puisque le massif « Phantom Air » est imposé comme sortie pas vraiment large, autant admettre le constat pour ce qu’il est. TRAP THEM affectionne ce qui fait mal, ce qui est sombre, que ça aille vite ou au contraire que ça prenne son temps. D’ailleurs, ce dernier morceau est salement dissonant, et résonne comme un avertissement. The shape of Crust to come Ça pourrait être ça, à mi-chemin entre Ornette COLEMAN et REFUSED, version libre et bruitiste. Sauf qu’ici, on parle de Metal qui n’a rien de Punk ni de Jazz. Sauf dans l’esprit évidemment, et dans les constructions. Alors ça s’en rapproche dangereusement. 

Rien de décevant, au contraire. Mais on sent clairement qu’avec Crown Feral, les TRAP THEM continuent leur mutation et que le processus de maturation n’est pas encore parvenu à son terme. Les mecs se cherchent encore, savent toujours comment et où frapper, mais préfèrent le crochet à l’uppercut. Un LP nouveau, pas tout beau, qui pousse les G sur l’estomac pour mieux le faire remonter. Un machin entre Crust, Darkcore, Chaotic Core, Indus et Mathcore. En gros, une énorme marmite bouillonnante, mais qui ne déborde jamais.

Pas le meilleur, ni le pire, juste un autre truc à dire. Mais aussi fort et aussi véhément qu’avant. Juste plus modulé pour ne pas voir les tympans se percer à la première ramonée. 

 

 

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