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Metal and Oddities Reviews
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3 septembre 2015

ANTIGAMA - The Insolent

a3940699133_10Selfmadegod Records - Crust Grind - Pologne - 7 Mai 2015 - 10 Titres, 32 Minutes

Depuis le début des années 90, les pays de l'Est sont devenu le nouvel Eldorado des flingués en tout genre. Les excités du boucan, les névrotiques du chaos, les taraudeurs de l'illogisme musical. C'est comme ça, et c'est très bien. Car en un peu moins de trente ans, l'Est a vu naître des légendes. On pense tout de suite à VADER bien sur, ou BEHEMOTH, pour leur constance et leur production égale en terme de qualité, mais ces deux géants sont les deux baobabs qui cachent la forêt. Et celle ci est dense, très. Prenez la Pologne par exemple, puisqu'ils viennent de là. Sans essayer de recenser tous les agitateurs locaux, on peut y rencontrer sans trop avoir à chercher DECAPITATED, CRYPTIC TALES, INCARNATED, MGLA, VENASIA...Pas mal comme tableau non? Mais pensez plus bruyant, plus carré, plus chirurgical. Pensez...Grind tiens. Quel est le premier nom qui pourrait vous venir à l'esprit?

Gagné. Si, je le sais, vous l'avez pensé. ANTIGAMA.

ANTIGAMA, je vous en ai déjà parlé dans ces colonnes, à l'occasion de leur split avec THE KILL et NOISEAR. Ils partageaient en cette occasion un CD à trois, mais cette fois ci, ils nous en reviennent avec leur septième longue durée, deux ans après l'impressionnant Meteor qui en avait laissé plus d'un sur leur cul saignant. Sobrement baptisé The Insolent, il n'est rien de moins qu'un concentré de puissance, de haine, de vociférations véhémentes, en gros, tout ce qu'on est en droit d'attendre des Polonais. Mais si vous les connaissez comme moi, vous les savez trop intelligents et doués pour tomber dans le panneau de l'outrance sans tempérance. Car loin de canarder dans tous les coins à l'aveugle, le quatuor sait distiller les ambiances, canaliser sa puissance, et alterner les bourrasques défrisantes et le groove qui aimante. De fait, leur album peut clairement être scindé en deux. Une première partie très classique, se vautrant dans un Crust Grind au son épais et précis, servant des morceaux concis et courts, comme des rafales de balles trouant le votre. Ca débute avec une gueulante à s'arracher les tripes, déclenchant un torrent de blasts qui décoiffent, à peine coiffés de riffs qui n'hésitent pas à partir dans les dissonances pour un petit côté Indus très savoureux.

La machine tourne à plein régime, et les morceaux s'alignent comme autant de condamnés à mort en face du peloton ("Foul Play" au delà de l'hystérie, "Used To", sa rythmique bancale et ses guitares acides et tordues), lorsque soudain les options se resserrent, les choix changent, et le groupe passe son fusil d'une épaule à l'autre en ayant pris soin d'ajuster la lunette de visée. L'abattage laisse place à une frappe soignée, beaucoup plus précise, mais au débit plus vicieux. Et la tactique se modifie dès "Sentenced To The Void", qui rappelle les exactions les plus groovy de NAPALM DEATH. Batterie en up tempo constant, à peine interrompu par quelques breaks bien sentis, guitare plus lancinante, partant volontiers dans les accords aigus, mélange de voix typiquement Crust, break lourd et motif entêtant qui s'incruste et vous suit comme une balle traçante qui ne perd jamais sa route.

A partir ce cette rupture, les titres se veulent plus longs, plus variés, plus développés, et ANTIGAMA se permet même un interlude atmosphérique de plus de quatre minutes ("Out Beyond", spatial et tout en sonorités synthétiques). "Eraser" confirme les accointances avec le ND de la fin des années 90, empile les idées, les fait progresser, mais reste collé à un tempo pilonné ultra efficace. D'une rangée de Kalachnikov, ANTIGAMA se mue en char d'assaut sur lequel trône un sniper qui fait mouche à chaque intervention, et le massacre bouillonnant laisse place à des éliminations propres et sans pitié. La bataille, qui n'en est pas vraiment une tant la supériorité du groupe est indéniable, se termine par un nuage de fumée survolant un champ dévasté. "The Land Of Monotony" en décrit d'ailleurs parfaitement les contours funestes, avec son martèlement lent ininterrompu, son chant encore plus écorché emprunt d'une certaine lassitude, et ses quelques arpèges épars qui rompent la noirceur de quelques rais tièdes. Fin de la partie, les corps jonchent le sol, et la troupe repart, mission accomplie.

The Insolent permettra à ANTIGAMA d'asseoir un peu plus encore sa réputation de leader dans son pays. En termes de Crust Grind intelligent et pertinent, ils n'ont que peu d'adversaires, même si l'on étend leur terrain de jeu à l'Europe entière. Ils le prouvent aujourd'hui avec ce nouvel album sans failles, qui loin de se contenter du minimum, fouille, cherche et trouve le petit plus qui rend son écoute passionnante. Si lorsque vos oreilles se pencheront dessus, vous sentez comme une petite chaleur à la base de votre cou, et qu'une lumière aveuglante perce vos vitres faites attention.

C'est signe qu'ils ne seront pas très loin derrière vous, et qu'un sifflement risque de se faire entendre dans les secondes qui suivent. Ensuite?

Une douleur rapide, puis plus rien.

 

 

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