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5 novembre 2015

KIDS HAVING KIDS - Despise

a0653759625_10Powerviolence - USA - 27 Août 2015 - 8 titres – 8 minutes

Des enfants qui ont des enfants? Peut être qu'à Brooklyn c'est un phénomène usuel et récurrent, mais c'est quand même assez étrange comme choix de patronyme...Ca éveille des images pas forcément rassurantes, genre un destin brisé en pleine ascension, un accident de vie, en tout cas, quelque chose de glauque, pas naturel et pas désiré. 

On sait que Brooklyn est la patrie de tous les flingués de violence crue, à croire que vivre dans ces blocks vous vrille le cerveau et bride votre espoir à jamais. Ou alors ne serait ce qu'une métaphore sur la vie, comme si en refusant de grandir et d'accepter la violence du monde, nous restions nous mêmes des enfants, qui procréent aussi, mettant au monde une nouvelle génération qui elle aussi adoptera ce schéma?

Les questions restent en suspens.

Une certitude cependant. KIDS HAVING KIDS, le groupe, ne fait preuve d'aucune délicatesse dans sa présentation de la musique moderne. 

Ils sont plutôt généreux au demeurant, puisque toutes leurs sorties sont disponibles gratuitement sur leur Bandcamp. Trois EPs, dont ce petit dernier, que vous pourrez donc vous procurer sans bourse délier. Alors même s'ils vous ont piqué la votre, pas de problème...Au niveau du créneau occupé, pas de surprise, c'est du gros Hardcore qui pourtant se veut plus méchant et déprimant que la moyenne. S'amusant à claquer un Doom/Downcore sur une base purement Fastcore, les New Yorkais brodent huit morceaux emprunts de déprime, de vendredis noirs, de week-ends sans espoir ni activité, et posent un certain regard lucide sur leur entourage.Leur son est épais, noir comme une ruelle à minuit, et leurs riffs sont à l'avenant, s'adaptant à l'ambiance générale du morceau, ou au contraire le dictant.En même temps, huit morceaux pour huit minutes, la concision est de mise, et cela leur permet de développer une folie énorme qui confère à cette troisième production une aura nauséabonde que j'adore. 

On pense à des groupes comme Left For Dead, Iron Lung, Infest, Cancer Kids, ou No Faith, soit la crème de la crème de l'ultraviolence, mais pas que. Ce mélange entre pesanteurs salement Heavy, distorsions, de fulgurances Fast et de broyage Core noirs comme de la poix est relativement fascinant, et la brièveté de chaque composition ne les empêche pas d'y caser un max d'idées.L'emprunte de Brooklyn y est forte, incarnée par cette basse grondante et sale, par cette production qui parfois les fait ressembler au CARNIVORE le plus Core, et surtout par ces construction chaotiques qui passent du coq à l'âne sans prévenir, tout en gardant une cohérence dans la folie indéniable. 

C'est direct, ils ne prennent pas de gants, et chaque piste est introduite avec force larsens, avant que la machine ne s'emballe, ou au contraire laisse quelques secondes poisseuses se développer. Tout s'enchaîne avec une certaine logique de construction la haine en avant, celle de la mélodie, complètement absente, mais aussi de la logique de développement, puisque souvent leurs morceaux ressemblent à des lignes brisées qui adoptent la trajectoire d'existence de ces fameux enfants qui ont des enfants. 

Pas le temps de traîner et de trop analyser, Despise est un pavé pris dans la tronche qui provoque une douleur immédiate et intense, et qui se termine sur un dernier choc, avant de disparaître dans la nuit. Les huit morceaux sont courts, très, mais sont bourrés à craquer d'une animosité certaine, et de pas mal d'idées qui s'entrechoquent, toutes reliées à une désillusion et à une saine colère.

Mais on y retrouve les tendances Core New Yorkaises, réalistes, terriblement concrètes, et qui ne laissent que peu d'espoir, tant au niveau des textes que de la musique. Pas le genre de truc qu'on écoute lorsqu'on a envie de s'évader, mais qui vous rend lucide, et prêt à affronter une autre journée sans intérêt. Fastcore, Hardcore, Powerviolence, le tout avec une sale approche Punk genre "The dream is over", un son abrasif qui arrache la peau, et une énergie a faire pâlir bien des groupes établis... 

Mais constatez le. KIDS HAVING KIDS vous donne du plaisir, mais c'est un plaisir qui fait mal. Aux oreilles, au coeur et aux illusions perdues. Ils ont pris le meilleur du Doom sombre (ST VITUS), du Hard Core un peu Thrashy local (CARNIVORE, les premiers TYPE O), et du Fastcore moderne (IRON LUNG, INFEST) pour aboutir à cette conclusion lénifiante de pessimisme: 

Le monde est sale, et nous aussi, et nos enfants continueront pourtant d'avoir des enfants. 

Ca ne fait pas plaisir à entendre, mais c'est la triste réalité.

 

 

 

 

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