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Metal and Oddities Reviews
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6 novembre 2015

GLOE - Vestige

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Post-Everything Mathgaze - USA - 25 Septembre 2015 - 6 titres – 32 minutes 

GLOE=Mathgaze

Mathgaze=Mathrock/Shoegaze/Progressive  

Vu comme ça, ça à l'air simple comme équation, puisqu'il n'y a aucune inconnue, et que le résultat est établi d'avance.

C'est franc, honnête, mais ça ne rend pas la musique plus simple à appréhender pour autant.

Si vous n'avez pas tout suivi et êtes resté cantonné à un bon vieux Heavy Metal des familles, le Shoegaze est en gros une sorte de Rock contemplatif, assez éthéré mais non dénué de puissance. Il tire son nom de l'attitude de ses créateurs sur scène, qui passaient leur temps à contempler leurs chaussures, trop timides ou introvertis pour observer la foule. Des notes qui se répandent, de longues séquences instrumentales, à la limite de la rêverie, mélodies oniriques, attitude out of time & space...Je ne vais pas m'échiner à vous expliquer le Mathcore, et l'élément progressif n'est là que pour expliquer le cheminement entre deux genres qui n'ont à priori rien à voir l'un avec l'autre. 

Un pont entre deux rives parallèles qui ne se font pas face, c'est le pari osé des Américains de GLOE. Nés en 2014, ils semblent émerger de nulle part, et lancent comme ça, sans prévenir un premier EP. EP, qui est une réussite en soi, et qui navigue en eaux troubles, mais pourtant limpides. Paradoxe incongru? Peut être, mais c'est pourtant ce que l'on ressent lorsqu'on regarde à la surface de VestigeAlors une fois immergé dans le lac, prenez une bonne respiration, et bon courage. Citant MINUS THE BEAR, CHON, CIRCA TO SURVIVE, les GLOE auraient mieux fait de se citer eux mêmes comme influence majeure. Rythmique évolutive et complexe qui se mord la queue, chant à la Chino des DEFTONES après une cure de Prozac et qui du coup trouve la nature magnifique, guitare planantes qui flottent à deux mètres du sol, c'est en quelque sorte une rencontre entre la scène Indie des années 90, MY BLOODY VALENTINE en tête, et le Mathcore des années 2000. Mais attention, si la basse et la batterie semblent aller où bon leur semble, ne vous leurrez pas, elles restent bridées par les harmonies qui elles savent exactement où elles veulent aller. 

La question est : est ce que tout cela vous concerne? N'est ce pas un peu trop Gaze pour un public Métal? Oui, et...non. Si les mélodies étirées ne font clairement pas partie de votre univers, il n'est pas interdit parfois de les rapprocher d'un registre Indie/Emo, légèrement Métalcore, et l'aspect contemplatif de l'ensemble ne doit pas vous rebuter. L'énergie est indéniablement Core, Math ou pas, et les chansons qui restent collées à des principes harmoniques directs sont portées par une rythmique qui ne ménage pas ses efforts. Le chant, lorsqu'il se décide à exprimer autre chose que de la béatitude le confinant parfois à la poésie fainéante des Indie adorateurs de lacets, est captivant et pour le moins troublant. Tellement que j'ai au départ cru que le vocaliste en était une, ce qui n'est évidemment pas le cas, puisque nous retrouvons un certain Ian Cooper derrière le micro et accessoirement à la guitare.

Certes, ces mises au point sont bien jolies, mais comment décrire? 

Je crois que les arguments ont été validés, alors revenons au principe de l'équation. DEFTONES+VALENTINE+THE WORLD IS A BEAUTIFUL PLACE AND I'M NO LONGER AFRAID TO DIE+DILLINGER égal GLOE, à peu de choses près. 

Et autant vous jeter tout de suite sur le bref et plutôt abordable "Vestigial/Ascension", qui entretient quelques rapports ténus avec la puissance dont nous sommes habituellement coutumiers, parce que le reste fait la part belle aux longues présentations mélodiques, assez alambiquées, qui risquent de vous perdre en route. Simplement mis en page, "Visiting Corpse" par exemple vous paraîtra à des années lumière de vos préoccupations usuelles. Sept minutes et des poussières d'un Néogaze vaporeux et éthéré, des arpèges brillants, une basse qui tourne en rond pour trouver la bonne note, et un chant qui se prend soudain d'un lyrisme cotonneux. Evidemment, le résumé va vous faire partir en courant, mais ça n'est pas si éloigné que ça d'un DEFTONES des dernières années, batterie acrobatique mis à part.

Et sur cette piste là, Brian Fell mérite amplement son nom, et semble à chaque instant à deux doigts de chuter. Breaks permanents, crash qui marque le métronome au col, puzzle caisse claire/grosse caisse qui donne mal à la tête (du genre un ciel bleu en deux cent cinquante pièces à reconstituer), l'homme se calme par intermittences, mais modérément, sans pour autant taper dans le Jazz ou les plans à l'emporte pièce qui ruinent le puzzle justement, et c'est un fait assez rare pour être souligné. 

Mais je pourrais en parler des heures, ça m'a fait voyager. Loin, haut, dans la lumière ou la pénombre. Et je me dis en fin de compte qu'une transcription littérale est vaine. Même si parfois, c'est vraiment bizarre (exemple : "Vestigial/Declination", basse énorme et Jazz en spirale distordues, batterie pour une fois semblant marquer le pas, et chant plus posé et presque narquois, qui soudain hurle, sans savoir pourquoi.), c'est un truc qui s'écoute, se ressent, et peu importe si la marque CYNIC est très prononcée par moments, puisqu'elle est apposée sur un tissu fabriqué maison.

Le Mathgaze, ou comment admirer ses chaussures tout en décryptant une partition. Peut être l'ont ils imprimée sur leurs souliers. Je ne sais pas, moi je marche pieds nus.

 

 

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