Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Metal and Oddities Reviews
Archives
18 novembre 2015

BRAIN SUCK - Determinasi Tinggi

Brain Suck - Determinasi Tinggi

Playloud Records - Death Crust - Indonésie - 9 Février 2015 - 20 titres – 24 minutes 

Jakarta, Indonésie. Capitale, nord ouest de l'île de Java, ville globale. 

En cas de point de départ d'un virus mortel, bon endroit où se faire bouffer la gueule à grands coups de mâchoires pourries, genre ultimate landscape pour un zombie massive horror plague à la Walking Dead. D'ailleurs, c'est un peu ce que nous suggèrent Ace (chant), Deden (basse), Iqbal (guitare) et EwinK (Batterie), avec leur pochette au graphisme précis et au message clair. L'emballage étant une franche réussite, tout ça commençait sous de très bons auspices. Et sans connaître l'histoire ni le background de ces furieux Indonésiens, j'étais déjà alléché. 

Pensez, ils arborent le blason Grind avec une fierté non feinte. Et même si celui ci n'est pas vraiment accroché à la hampe de la vérité, il est signe d'une foi indéfectible au bruit le plus doux à mes oreilles, celui qui cavale le long de blasts furieux et de hurlements pieux. 

Le cri de ralliement? Jakarta Grindcore!!! 

Cet enthousiasme se devait d'être souligné via une entrée dans ces colonnes, car en sus de mettre en avant un credo qui me sied, il se concrétise par un album à l'euphorie permanente, et au délire boucanesque dantesque. Car non contents de clamer leur appartenance à un style universel, le quatuor s'y vautre comme une bande de gorets dans leur soue. Alors, sur quoi devise on en Indonésie, lorsqu'on aime faire du bruit? Sur les qualités intrinsèques de terroristes sonores comme NASUM, PIG DESTROYER, MISERY INDEX, qu'on se plait à singer avec un respect total du à des icônes éternelles. Pour se faire, BRAIN SUCK, outre vous sucer le cerveau par les deux oreilles à la paille, à soigné ses attaques. 

D'ailleurs, à l'écoute de ce Determinasi Tinggi, on sent bien que les musiciens se sont lâchés, et ont picoré à droite à gauche les graines de la discorde, sans se figer sur un objectif clair. Du Death barbare, du Crust aride, du Grind total, mais avec toujours cette furie sans limite qui rend leur premier long si jouissif. Je me souviens avoir vu il y a quelques années une scène de guérilla urbaine en Indonésie, avec au premier plan un pauvre hère se faisant taillader les chairs à la machette, sous l'oeil complaisant de la foule. Avec son morceau de calotte crânienne pendant et du sang maculant son visage, il illustrait cruellement et à fortiori cet album sans le savoir, même si son destin funeste ne lui laissait que peu d'espoir de survie.

Determinasi Tinggi, c'est un peu la même chose. A l'image de ces soldats zombies effrayants qui ornent sa pochette, cet album ne fait pas de quartier et ratiboise tout ce qui dépasse avec une euphorie qui fait plaisir à entendre. 

Certes, leur bordel plein d'allant n'a rien d'élégant, ni d'innovant. Mais leur énergie instrumentale est énorme, et ils finissent par vous convaincre du bien fondé de leur propos à grands coups d'impulsions rythmiques explosives, de riffs tranchants, et de chant caverneux qui ne fait pas de détail.

Alors oui, la référence NASUM n'est pas déplacée, même si BRAIN SUCK est plus volontiers Death la plupart du temps. Pas totalement Grind dans la forme, mais résolument dans le fond, les vingt pistes qui constituent ce premier LP sont autant d'odes à la violence pure ("Bangsat", trente seconde dans la face, pour une accélération finale digne de "Dead"), qu'elle soit teintée de Speed purement hybride MOTORHEAD/PIG DESTROYER ("Jokat Fucking Crew", Crust qui sent le sang à cent kilomètres à la ronde), ou médium et tanguant sur un mid tempo appuyé et trop Core pour être honnête ("Human Error", lourd, écrasant, avec son chant à la Mitch Harris en rut). 

Mais tout ça est tellement radical et bien interprété qu'on se noie dans les délites sauvages de ce quatuor aux dents longues, qui sait nous attirer dans une vieille ruelle borgne ("Damn, I't's Fucking Time", aux relents Indus à la BRUTAL TRUTH), pour mieux nous déchiqueter sans vergogne ni pitié ("420", mi TERRORRIZER, mi MISERY INDEX), tout en se marrant devant le triste spectacle de notre corps à terre ("Invasi Semu", NYHC contaminé au Crust Nordique). Pas vraiment le genre de carte postale qui va attirer l'attention des touristes sur les charmes de l'Indonésie, mais parfait pour ruiner une soirée dans les grandes largeurs, lorsque les convives font mine de vouloir rester un peu trop longtemps. 

La scène se fige facilement, même si les éléments se réclament de courants variés, Death barbare, Grind, Crust, Néocore méchant brouillent la vue comme des lunettes brisées par un pain. Vous rentrez à votre hôtel à Jakarta, et vous entendez des grognements bizarres en arrière plan. Soudain, vous arrivez dans l'artère principale pour découvrir un spectacle cauchemardesque, à base de pauvres victimes se faisant trancher la gorge par une horde de zombies affamés. Les jugulaires sont arrachées, comme les membres, et il ne vous reste plus qu'à courir comme un dératé pour ne pas vous faire bouffer. Mais derrière vous, ça se rapproche, et les sons de mastication post mortem s'amplifient. 

Allez vous leur échapper? Aucune chance. Les BRAIN SUCK sont bien décidés à vous bouffer la cervelle, et ils y parviendront.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Metal and Oddities Reviews
Publicité
Publicité