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Metal and Oddities Reviews
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18 novembre 2015

BELLUSIRA - The Healing

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Pavement Entertainment - Alternative Metal - Australie/USA - 16 Octobre 2015 - 11 titres – 39 minutes 

Restons un moment si vous le voulez bien sous le soleil Austral. Il semblerait que ce pays de l'autre bout du monde nous propose de braquer nos projecteurs sur certaines de ses valeurs musicales "sures" depuis quelques temps, et remette ainsi en cause la hiérarchie mondiale. Nouvelle pièce sur l'échiquier, un quatuor, deux hommes, deux femmes, unis pour un but commun, jouer une musique énergique MAIS mélodique, subtil mélange de fragrances alternatives, de puissance Heavy, et de mélodies Pop pas si sucrées que ça. Sous le nom de code BELLUSIRA (contraction/néologisme de deux terminologies latines, "beauté" et "colère") qui colle parfaitement à l'ensemble qu'elle décrit, se cachent quatre musiciens pour une configuration Rock band classique. 

Au chant, Crystal Ignite, à la basse Mark Dalbeth, à la batterie Tosha Jones, et fraîchement arrivé de son STATIC X d'origine, Koichi Fukada à la guitare et au clavier. Ce nom ne vous est donc pas inconnu si le Néo aux subtilités Indus vous est familier, et il est certain que l'adjonction de ce guitariste très typé à quelque peu modifié le son du groupe Australien, aujourd'hui délocalisé en Californie. 

Depuis le premier album Connection sorti en 2013, ce son justement s'est assoupli, syncopé, et tend maintenant à adopter les contours d'un Heavy alternatif aux fortes consonances 90's, début 00's. Le quatuor mixte s'est uniformisé, à aplani les aspérités, et devient maintenant un groupe très compétitif, et ce largement au delà de ses côtes natales. 

On pourra justement regretter une certaine convention dans le ton. Si BELLUSIRA a privilégié la puissance à l'originalité, sa musique n'en est pas moins dénuée de charme. On pourrait la situer à un croisement entre la rigueur et le lyrisme de BIRTHDAY MASSACRE et les angles droits abrupts et synthétiques de STATIC X justement, dans une voie beaucoup plus abordable et moins rugueuse. Tous les morceaux tiennent largement la route, même si certains se dégagent au détriment d'autres, plus passe partout, et ce deuxième album pourrait bien être un sacré tremplin pour conquérir un marché US toujours demandeur. 

La guérison. Quelle est donc cette solution curative que nous propose BELLASURA? Elle est simple, et basée sur un traitement de choc, qui n'occulte pas pour autant le repos ou le calme. Le tout est injecté à doses homéopathiques, et l'équilibre entre le volume sonore et la délicatesse est assez bien vu, parfois même plus incliné vers la tendresse, comme le démontre le tube "Sister", peaufiné comme une déclaration d'amour à un futur public. Les quatre musiciens s'essaient à une variété de tons assez large, même si la guitare épaisse mais clean domine souvent les débats. Il faut pour pénétrer les arcanes de cet album supporter une rythmique somme toute assez synthétique et souple, mais une fois cet écueil passé, la voix puissante et modulable de Crystal séduit par ses inflexions et variations qui dansent entre les caresses d'un timbre velouté et la rugosité d'un chant énervé et convaincant. Sans occulter ses petits camarades, il est vrai que la vocaliste mérite bien son nom, et allume souvent l'étincelle qui fait exploser les morceaux. 

Niveau instrumental, les choses se sont standardisées, et si le groupe y a gagné en cohésion, il y a perdu en sauvagerie. Même si des pistes comme "Dance With Me", "The Fight" ou "The Fire Song" font montre d'un bel allant venimeux, on se prend à regretter la rage juvénile d'anciens morceaux comme "Culprit" qui balançaient la sauce sans se préoccuper de savoir si le feu ne brûlait pas trop fort. Sans être ingrat, et sans aller jusqu'à pencher vers une stérilisation excessive dans le terme (accentuée toutefois par une production certes brillante, mais assez anonyme pour le style), je dois admettre que le sacrifice de l'originalité et de la rage primale au profit d'une "propreté sonore" indéniable à beaucoup handicapé certains morceaux. 

Si la distorsion est omniprésente, ou presque, elle inspire quand même parfois le formatage, que même la voix de Crystal ne peut éviter en permanence. Et finalement, ce sont peut être sur les morceaux les plus abordables que le quatuor s'en tire le mieux. Ainsi, "Pieces" et ses arpèges électriques - même s'il n'évite pas les comparaisons - reste un des meilleurs moments de l'album, avec ses choeurs discrets, sa mélodie et cette voix presque cassée qui suscite beaucoup d'émotion. 

Se rapprocher du Pop Rock était peut être dangereux pour un groupe qui se réclame du Métal, et c'est pourtant dans ces instants effleurant ANOUK qu'on se sent le plus en confiance, instaurée par exemple par ce fameux "Sister" très travaillé au niveau des arrangements, et qui ménage enfin un refrain et un tension dignes de ce nom. Mais accordons tout de même à "The Fire Song" une belle entaille Rock, avec refrain légèrement Punky, sur lequel la basse de Mark dérive et prend le large, et à "Black Seed" une belle lourdeur presque Indus, aux accents EVANESCENCE/BIRTHDAY MASSACRE plutôt bien sentis. 

Il est clair que lorsque les ambitions sont grandes, elles doivent s'accompagner d'une musique propre à séduire le plus grand nombre. The Healing, sans être insipide est devenu trop propre et trop lisse pour intéresser la génération pré 1995, et rappelle même les aventures entre deux eaux des MADINA LAKE de Attics To Eden, qui avaient encore à l'époque du mal à se décider entre un Big Rock synthétique pour ados et une musique plus adulte.

Mais...C'est bien joué, bien produit, ça cogne sans trop faire mal, alors, ça peut fonctionner. Espérons une plus grande audace pour franchir le cap fatidique du troisième album.

 

 

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