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Metal and Oddities Reviews
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18 novembre 2015

CHAMPLIN WILLIAMS FRIESTEDT - CWF

12189176_1035492013150706_8032790712008586351_nAor Heaven - AOR - USA - 26 Octobre 2015 - 10 titres – 40 minutes 

C'est très subjectivement que j'ai auto proclamé Joseph Williams meilleur chanteur de TOTO de tous les temps (même si ce titre honorifique sans importance n'occulte en rien le talent de Bobby Kimball ou Steve Lukather), mais que voulez vous, les goûts et les couleurs... J'aime sa voix, si pure, si puissante, si modulable, et reconnaissable entre mille. ce qui, dans le petit monde du Pop-Rock/AOR n'est pas une qualité à prendre à la légère. Chaque album traversé de son chant est digne d'intérêt selon moi, même si parfois la musique ne suit pas toujours et se noie dans une mélasse qui rendrait diabétique la station de radio la plus accro au glucose. Bref, c'est ainsi. 

Je vous avait déjà parlé du tandem WILLIAMS/FRIESTEDT il y a quatre ans, à' l'occasion de la naissance de leur projet éponyme. L'album en résultant m'avait bien évidemment séduit, mais comment pouvait il en être autrement venant de l'association d'un ancien TOTO et d'un prodige suédois de la guitare et de la production? Depuis, par l'entremise de rencontres inopinées, le duo s'est enrichi d'un troisième membre, Bill Champlin, compositeur et guitariste/chanteur, et membre du collectif CHICAGO dès 1982 et l'album 16. 

Avec trois musiciens de cette trempe, partageant les mêmes points de vue sur la musique, l'alchimie pouvait très bien devenir surréaliste ou au contraire tiraillée par les ego et ruinée par des prises de position obsolètes et délicatement ringardes. Dans le premier cas, tout aurait débouché sur l'enregistrement d'un disque d'une valeur émotionnelle inestimable, à mi chemin entre les univers de TOTO et CHICAGO, sous la supervision très nordique de Peter. Dans le second, une sucrerie provoquant des dommages dentaires irrémédiables, et une crise de foi(e) insupportable. Mais devinez quelle est l'option qui s'est trouvée validée? Vous le savez déjà? Oui, vous avez raison, sinon, je ne perdrais pas mon temps à rédiger ces quelques lignes. 

Soyons francs, si l'AOR est pour vous comme pour moi un petit paradis ou le soleil ne se couche jamais, ou seulement pour offrir un cadre idyllique aux amours naissantes, CWF en est l'illustration parfaite, délicate, sobre, précieuse.

S'il est vrai que les options prises dans le passé par TOTO et CHICAGO se rejoignaient souvent sur le terrain de l'harmonie, elles trouvent ici leur point de jonction idéal et idoine. On pense en effet à l'écoute de cet album en trio à une osmose entre Chicago 17 et Farenheit, le tout agrémenté d'une petite touche suédoise contemporaine. Jeu précis, arrangements luxuriants, et surtout, mariage vocal d'une pureté exceptionnelle, qui transfigure des structures pourtant classiques. Guitare/chant/rythmique bien sur, mais aussi cuivres, cordes, dans le plus pur héritage du CHICAGO des 80's, et en cerise sur le gâteau, une reprise fabuleuse du "After The Love Has Gone" des EARTH, WIND & FIRE, co-composé par CHAMPLIN, débordant de sensualité et de romantisme exacerbé. 

Mais ne pensez pas pour autant que les ballades sont omniprésentes, et que le Soft Rock joue les paresseux de luxe, puisque certaines compos mordent de bon coeur dans le Rock West Coast, comme ce "Runaway" qui nous remet en mémoire la Californie de Christopher Cross (pourtant Texan pur jus...), ou ce "Nightfly" qui s'il ne reprend pas à son compte les méthodes de Donald Fagen en adopte la minutie instrumentale et l'ambiance un peu Jazzy. Evidemment, un grand album d'AOR ne serait rien sans ces morceaux qui s'éloignent radicalement du Rock, même le plus radiophonique, et de ce côté là, CWF réserve quelques jolies surprises, comme l'évangile "Rivers Of Fear", chanté pratiquement a capella, et sur lequel l'union des voix développe un charme onirique quasi angélique et un charisme presque christique. Doux comme un nuage, profond de feeling comme une prière spontanée, c'est un des hauts faits de l'album. Même constat pour le cristallin "Hearts At War" et ses cuivres sobres, qui ranime l'esprit du CHICAGO des années 80, celui là même qui explosait encore les charts à grands coups de "Hard To Say I'm Sorry" ou "You're The Inspiration". 

Le côté TOTO de Joseph est parfaitement restitué par de petites perles soft, et "Aria", évoquant autant The Seventh One que sa carrière solo, avec cette guitare presque Reggae Rock, et ce refrain qui s'envole le long d'un chant velouté, ou "Carry One" et ses poussées qui rappellent "Only The Children", prouvant de facto que Sir Williams n'a rien perdu de sa puissance vocale, nous remettent en mémoire toutes les raisons pour lesquelles nous pensons que Joseph a sans doute été le meilleur vocaliste à la meilleure période pour encadrer de son talent les chansons de Paich/Porcaro/Lukather.

Et lorsque tout se termine sur la soie d'un "Evermore"...La nuit ne peut être que magnifiquement étoilée... 

Non, je n'essaierai pas de vous convaincre de la pertinence d'une telle chronique dans les pages de Metal-Impact. Théoriquement, CWF n'a rien à y faire, et de Métal, il n'est point question. Je pourrais dans une tentative dérisoire de justification rattacher cet album au passé de Joseph et de son implication dans TOTO, mais cela servirait il a quelque chose?

Non, cette collaboration n'est rien de plus que ce qu'elle est, et il vous faudra la prendre pour ce qu'elle est. Un splendide album d'AOR/Soft Rock, qui touche un peu à tout, Soul, Jazz, Pop, et rien d'autre. Ah, et joué par des musiciens d'exception, qui chantent, jouent et composent avec le coeur et l'âme. Un classique peut être, une merveille pour certains, mais au delà de ces considérations, quarante minutes de musique belle comme une carte postale de la Californie des années 80, comme un souvenir qui met du baume à la mémoire. 

C'est une belle journée finalement. Et c'est un bel album qui la commence.

 

 

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