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Metal and Oddities Reviews
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25 novembre 2015

BAD ANGLE - Bad Angle

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Sludge Crust - USA - 7 Septembre 2015 - 5 titres – 33 minutes 

Considérant que le plus peut le moins, beaucoup de groupes adoptent la formule trio. Elle peut parfois être handicapante selon le style, et laisser un peu trop de vide pendant les soli, mais sinon, elle n'a rien à envier en termes de puissance à un quatuor ou un quintette. Après tout, Jimi avait il besoin d'un orchestre symphonique derrière lui pour envoyer la sauce? Je ne pense pas. Hendrix, voici une référence qui sied aux Californiens de BAD ANGLE. Ils la citent en premier lieu, accompagnée des influences habituelles du SAB', ELECTRIC WIZARD, EYEHATEGOD, MELVINS et autres DYSTOPIA. 

Avec un tel panel d'exemples, il ne vous sera pas difficile de les situer dans un créneau bien précis, et une fois n'est pas coutume, vous aurez entièrement raison, le trio/quatuor officie en effet dans un Doom/Sludge bien crasseux et épais comme vieux bottin du 6ème. La Bay Area, qui autrefois n'était que Thrash N'Speed à donc ralenti la cadence, et à laissé les musiciens du cru s'exprimer dans une mouvance plus lourde, plus lente, mais que voulez vous, le temps passe, et les générations spontanées aussi. 

Je parlais de quatuor, il convient donc de citer le rôle de Suzie Hotstix dans ce concept, puisque selon la bio, elle incarne "l'attitude" du groupe. Sans les avoir vu live, je ne saurais juger, mais cela ajoute une petite touche de folie à un groupe qui n'en manque déjà pas à la base. Fondé en 2013, BAD ANGLE vient donc de sortir par ses propres moyens son premier album éponyme, et avouons le derechef, celui ci étale de beaux arguments, classiques mais convaincants. Du Sludge bien sur, un peu déteint du passage des 70's, mais lourd comme un soundcheck du SAB' en 71, sans pour autant dédaigner quelques mélodies discrètes. La force de frappe du trio est relativement impressionnante, ce qui ne les empêche guère de ménager quelques instants enfumés et plus légers qui ne déplairaient pas au gros Phil, du moment que le tabac qui fait rire est de bonne qualité. Cinq morceaux, ils ont en plus la politesse de ne pas gaver à outrance leur public comme des oies, mais ils ont aussi l'intelligence d'agrémenter leur lourdeur de phases plus volontiers énergiques, qui sans non plus tomber dans le Crust, sonnent délicieusement Core. 

"Oh When The Saints" sonne d'ailleurs comme une jolie jam impromptue entre les MELVINS et NEGATIVE APPROACH, avec quelques blasts qui filent un bon coup de fouet. Nous sommes loin bien sur du spiritual d'origine, mais quelque part, ça pourrait symboliser pour eux une certaine forme de spiritualité...Plus inspiré des errances lysergiques de la décennie des fleurs dans les fusils que celle des maudits champs de coton, mais l'effort est là. D'autant plus qu'ils accumulent les idées en les raccrochant du bout d'un riff à la frappe d'un break inopiné, et que ça, c'est plutôt rare dans le genre. 

Mais que serait un album Sludge/Doom digne de ce nom sans un gros pavé qui prend ses aises? Pas grand chose il est vrai, mais "Pillsmoker" et son titre révélateur remplit à merveille cet office (orifice?) donc tout va bien. Ca commence d'ailleurs comme du SAB' bien enfoncé dans ses rêves de licornes découpées pour un barbecue à Stonehenge, avec sales harmonies déformées par une guitare défoncée. Et puis les voix rentrent en lice, pour une incantation étrange ou chacun s'exprime comme il peut, par des cris ou des grognements la plupart du temps, mais le riff étant salement accrocheur, l'ambiance est là. 

Niveau ambiance, le groupe l'instaure dès le départ, même si celle ci est encore brumeuse et légèrement trompeuse. Si "Seriously Considering Going Back to Drugs" prodigue des conseils somme toute assez risqués pour la santé, il joue aussi le pied de nez et largue sa bombe la plus compacte sans prévenir d'une éventuelle suite légèrement différente.

C'est massif, la basse rampe et donne des coups de queue, la distorsion est poussée à son maximum, et même à trois, Eleanor, Chado et Sylvia font plus de boucan qu'un sextette des temps modernes. C'est encore à ce moment là très Doom, ou Sludge selon votre état de lucidité, et d'ailleurs "Psych Meds" ne fait rien pour inverser la tendance, se perdant dans un dédale inextricable de riffs sombres. Mais avec cette rythmique qui ne se contente pas de rester figée sur un thème unique, l'attention reste sur le qui-vive, et l'écoute ne pâtit pas d'un monolithisme déplacé et roboratif. 

C'est dans l'ensemble bien méchant, roublard et un tantinet déviant, ça tire un peu sur tous les mégots qui traînent sans savoir d'où ils viennent mais ça fait quand même un maximum d'effet, sans vous coller les temps sur un robinet qui fuit. Un peu comme si les MELVINS partageait leur lourd sens de l'humour avec le WIZARD et les WORLD NARCOSIS subtilement abrutis et amorphes pour cause de fumette trop intense. Mais ça reste doux dans la violence, même lorsque le cadre change et se veut plus Core que de raison ("Night Of The Fox", qui remue bien de la queue en fait...). Le chant est assez space, rauque et presque Black parfois, les soli sont déjantés, et le comportement des musiciens tout sauf emprunté. Donc, si un voyage en compagnie d'HAWKWIND et d'UNSANE vous tente, laissez vous guider par les étoiles qui fument. Et puis méfiez vous quand même. Vous risqueriez de voir des queue de comète dans les sillons d'un vinyle et des chats qui ne vous laisseront jamais passer.

La drogue, c'est mal.

 

 

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