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13 février 2016

BURIAL DUST - Oshubho Ahobaan

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Black Metal - Bangladesh - 5 Février 2016 - 5 titres – 27 minutes

En 1971, George Harrison réunissait quelques amis à lui (Ravi Shankar, Bob Dylan, Ringo Starr), lors du premier concert caritatif de l'histoire au Madison Square Garden, au profit du Bangladesh. La situation catastrophique suite aux dégâts causés par l'ouragan Bhola fut amplifiée lorsque le pays fut le témoin d'un massacre systématique et massif des Hindous, orchestré par le président Yahya Khan alors en place. Entre trois cents mille et trois millions de morts furent à déplorer, et l'aide internationale peina clairement à rétablir un semblant d'équilibre du côté du Pakistan.

D'où l'idée de ce concert, qui fut historique à bien des points de vue...

Plus de quarante ans se sont écoulés depuis cet évènement historique, et pourtant, la situation politique n'a pas vraiment changé là bas. La corruption est toujours aussi présente, les inégalités toujours plus flagrantes, mais certains ont choisi une voie alternative pour exprimer leur frustration, leur haine, et leur colère. Presque un rejet global, sous la forme la plus pure et brutale qui soit. 

Le Black Metal. 

Ainsi, les BURIAL DUST se sont formés en 2013, dans la seule optique de concrétiser musicalement les ténèbres dont ils se pensent entourés, à juste titre cela dit. Le trio (Naamrrod - batterie, Necrophiliac - chant, Turaghh - guitare et basse) propose donc aujourd'hui en format digital mais aussi en support CD son premier EP, fruit de leurs réflexions, et si la musique étalée en ces cinq pistes n'a rien de bien novateur, sa puissance, son âpreté, sa rugosité et son animosité permettent de constater que le Bangladesh a su se faire une place tout à fait légitime au sein de la communauté True Black mondiale.  

Cinq morceaux, mais une intro et une outro, qui s'inscrivent parfaitement dans la progression de Oshubho Ahobaan.

Ce premier EP ne cherche pas à révolutionner un genre déjà bien surchargé, mais juste à proposer une autre façon d'aborder les choses, de façon plus crue et directe, sans toutefois négliger d'apporter son eau croupie au moulin abandonné abritant les secrets infâmes du métal noir. Alors le trio développe de bonnes structures progressives, s'applique dans l'exécution, mais semble par ailleurs fasciné par les pionniers du genre. On trouve trace dans leur musique des émanations originelles du Black Scandinave des années 90, lorsque les ténors du genre puisaient encore dans l'héritage des années 80 leurs diaboliques effluves. 

On pense au MAYHEM de Deathcrush pour cette brutalité sauvage et primitive, à Dark Endless de MARDUK pour cette ambiance délétère franchement nauséabonde, mais aussi aux premières démos de BEHERIT ou BELIAL, dans cette absence de compromis qui transforme de simples attaques sombres en ambiances inquiétantes et oppressantes. 

Musicalement, le tout est très carré, et tout s'enchaîne avec une logique cohérente, qui alterne avec bonheur les blasts les plus affirmés et les segments Heavy mélodiques parfois délicieusement naïfs et orientaux. La production qui paraît datée sans l'être nous replonge dans les affres des premières années d'un Black primitif qui se voulait ambitieux, et les trois morceaux concrets proposent suffisamment d'idées pour rendre ce premier EP fort intéressant. D'ailleurs, BURIAL DUST n'a pas hésité à jouer la montre, puisque "Where Is Your Rahmaa" et "Sandshaded Mausoleum" atteignent des durées tout à fait respectables et se posent en pamphlets nihilistes de Black Métal progressif, à cheval entre la violence primale et un désir harmonique indéniable. 

Les thèmes sont bien sur en adéquation avec l'attitude, et entre la fascination pour l'occulte et les invocations à l'antique divinité Egyptienne Amun, BURIAL DUST couvre l'habituel terrain des obsessions sombres, tout en faisant preuve d'un flair indéniable dans son crossover musical. En intégrant des éléments de leur propre culture à une base résolument classique, les trois musiciens parviennent à dégager quelques pistes, et nous lèguent un héritage à mi chemin entre le radicalisme scandinave et la fertilité Indienne. Ainsi, la basse habituellement sacrifiée sur l'autel de la puissance des guitares et de la batterie est omniprésente, et se lance dans quelques interventions notables, tandis que les soli restent dans un créneau intelligible et pertinemment mélodique.

Le chant est évidemment très grave et profond, mais reste lui aussi compréhensible, tout comme l'ensemble du travail du trio. 

On peut envisager Oshubho Ahobaan (L'Appel Sinistre) comme une hybridation entre le Black sauvage et épique de OLD MAN'S CHILD et celui plus rudimentaire de l'orée des années 90 tel qu'il était conçu par MARDUK et MAYHEM, avec en petit plus une légère touche orientale non négligeable. Parfois, BURIAL DUST se lâche et sombre dans l'ultra violence  malsaine, comme le démontre le très poisseux "Sandshaded Mausoleum" qui nous ramène clairement aux premières grandes démos du genre, tandis que "A Call From Home", plus propre et net se perd dans un feeling Punk absolument délicieux. 

En tout cas, ce premier EP reste très prometteur dans une veine assez difficilement descriptible, qui sait suivre la ligne tout en s'en écartant de temps à autre. Un trio amateur aux prétentions professionnelles, qui à su imposer son point de vue sans forcer, en puisant dans la culture extrême les ingrédients nécessaires à son expression.

Avec un son qui a parfaitement su garder cette âme ténébreuse sans tomber dans l'exagération brouillonne, des instrumentistes tout à fait capables, doublés de compositeurs somme toute assez habiles, Oshubho Ahobaan est une entrée en matière de qualité qui a le mérite d'attirer l'attention sur une scène Indienne somme toute encore assez méconnue. 

 

 

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