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Metal and Oddities Reviews
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16 mars 2016

BLASTERROR - 20 Minutos de Kaos- Ódio e Revolta

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Crust Powerviolence - Brésil - 8 Mars 2016 - 15 titres – 21 minutes

Si certains font les malins et noient le poisson avec l’eau du bain, tel n’est pas le cas de ces anarchistes Brésiliens.

Avec un blaze pareil et un intitulé aussi clair, il vous est donc impossible de faire fausse route et de vous retrouver à Beyrouth en pleine guérilla, quoique le bordel manifeste de ce trio doit pouvoir rivaliser en termes d’intensité de déflagrations.

Celles qui explosent de ce premier EP/LP (selon les critères de style) sont du genre bombes amateur, bricolées pendant des heures dans un garage avant d’être placées discrètement dans une poubelle. On sent le DIY jusque dans les recoins du minuteur, et tout ça fleure bon la répète captée pour être diffusée. Mais cet amateurisme, loin de handicaper le projet lui confère une délicieuse aura bordélique, et 20 Minutos de Kaos n’est rien d’autre que ce que son appellation propose, soit vingt minutes de colère et de révolte. 

Pour être révoltés, les BLASTERROR le sont. Mais alors ce nom, comment le prend on ? Une erreur dans les blasts réguliers, comme en témoigne la poigne aléatoire de Danilo au kit, ou bien une terreur en violence véloce ininterrompue qui vous malmène et vous rosse ? Un peu des deux d’ailleurs, et puisque les rimes vous plaisent, il serait possible sans passer pour un vieux con de le comparer aux œuvres séminales de DEFECATION ou UNSEEN TERROR, pour cette volonté de rester décollé de la croche et d’agrémenter le Core d’une bonne louche de Death à ras bord. Le chant vraiment vorace, caverneux et pas content de Gilberto aiguille sur cette piste Death qui finalement n’est pas si prononcée que ça instrumentalement parlant, puisque les trois collègues semblent privilégier un Thrashcore tirant sur le Crust et le Grind, qui ménage moult breaks et autres interruptions. 

Vingt minutes de chaos, c’est largement assez long pour se faire une idée du ton. Celui-ci est pluriel, et plane de ses ailes brisées le long d’un Fastcore vraiment énervé à un Powerviolence canalisé, mais ne se dépare jamais de cet instinct de survie complètement Punk qui fait de ce premier effort une urgence radicale. On peut concevoir 20 Minutos de Kaos comme un tract distribué dans la rue, agrémenté d’un discours très spontané et pas du tout édulcoré pour bien effrayer les masses.

D’ailleurs, pour aborder la plèbe à éduquer, les Brésiliens ont choisi l’option ombragée et très Sabbath de « Intro & Bem Vindos A Anti-Música », qui place la propagande sous des auspices un peu Doomcore, en recyclant le riff de « Black Sabbath » à la sauce Anglaise des années 80. Bon choix pour entamer le dialogue, d’autant plus que cette fausse intro/vrai morceau joue franc jeu, avec ce son si abrasif et non traité qui étrille les cymbales dans les aigus, et relègue la guitare à la portion congrue.

 

Pour un peu, on se croirait perdu dans les méandres d’une démo de BM très crue, avant que l’attaque purement Grind à la NAPALM ne prenne la relève. 

Le parallèle avec NAPALM permet d’en dresser un autre avec l’un des featuring de Barney, puisque « Contagio Televisivo » se souvient du Death barbare et primaire de BENEDICTION, en version GRAVE débutant.

D’ailleurs, c’est ce qui caractérise le mieux la philosophie de nos lusophones du jour. Du brut, du primal, du pas poli, et du coup, du pas banal. Des guitares qui sonnent comme des ébauches inachevées permettant à peine de reprendre un vieux riff d’ENTOMBED, une batterie à faire passer les démos de REPULSION pour un triple live retouché en studio de RUSH (c’est Dave Grave qui doit être fier de ses petits enfants), et un équilibre d’ensemble qui menace de chanceler à chaque coup de caisse claire. Mais c’est aussi ça qu’on aime dans l’underground, quand il n’oublie justement pas qu’il vient de la cave et ne cherche pas à épater les copains. 

De là, Crust, Grind, Powerviolence, Death ou autre chose, peu importe. Seule la crudité brutale outrancière compte, et à ce niveau-là, le trio n’a que peu de concurrents. Alors oui, Crust Grind sale («A Corja »), Dark Punk qui donne des sueurs froides à DISCHARGE, DOOM et ENT (« Pedofilo Santo », qui sent la glissante moussue à ramasser comme un prétexte aux Baumettes), Punk un peu Anarcho mais surtout costaud (« Dono Da Verdade »), et final « Final », qui entonne une joyeuse mélodie Brésilienne au string bien serré. 

Même la pochette sent le traquenard à plein nez avec son noir et blanc photocopié, comme à la grande époque des fanzines.

20 Minutos de Kaos- Ódio e Revolta n’est pas le genre de LP qu’on cherchera en version CD remastérisé, mais plutôt en tape dix fois recopiée pour bénéficier d’un son encore plus troublé. En tout cas, c’est direct, sans maquillage, et ça frappe dur. La réalité Brésilienne des rues de la survie, ni plus ni moins, qui ne rejette la faute sur personne et qui utilise tous les extrêmes pour que ça cogne. 

Une carte postale qu’on n’enverra sans doute pas à ses amis pour leur faire partager un bel après-midi à Rio. 

 

 

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