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Metal and Oddities Reviews
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16 mars 2016

PERONOISEPORA - Surveillance

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East Crust - Croatie - 12 Février 2016 - 5 titres – 15 minutes

« Né sur les cendres de Zagreb, PERONOISEPORA est un groupe de Hardcore Crust constitué de quatre bâtards bourrés ». 

Je ne me permettrai pas de juger les musiciens de PERONOISEPORA, mais s’il est possible qu’ils soient de gros bâtards comme dans la grande tradition du Punk Hardcore, ils n’ont pas l’air pour autant bourrés. Tout du moins lorsqu’ils ont enregistré ce premier EP, qui malgré le bordel ambiant, sonne bien carré quand même. De Croatie émerge donc ce nouveau quatuor qui n’en fait qu’à sa tête et à ses guitares qui ont bien appris les leçons Crust des années 80/90.

Surveillance, un thème de circonstance, avec les exactions faussement paranoïaques de la NSA, les caméras placées à chaque coin de rue, les USA qui zieutent la Russie avec toute la méfiance qui s’impose, les terroristes qui noient le poisson via des mails codés pour ne pas être compris, enfin en gros, une situation mondiale qui pourrait bien aboutir à ce New World Order que chantaient les MINISTRY. 

Pour l’instant, nous en sommes encore à l’ancien, qui n’est finalement plus trop démocratique. A l’heure où chaque individu est un conspirateur en puissance, les Croates de PERONOISEPORA jouent leur va-tout, et nous dispensent quelques leçons de Dark Crust bien senti, qui tire quand même sur le Deathcore sec comme un goulag en été. Sale (chant), Malj (guitare), Lea (basse, chœurs) et Edi (batterie) vous proposent donc cinq morceaux assez bien emballés et présentés, qui s’ils suivent presque à la croche les préceptes séculaires de ce Crust bouillonnant né en Angleterre, prennent quand même quelques libertés avec pour accoucher de pièces plus ambitieuses.

 

Un son proche de la démo ou de la répète bien captée, une spontanéité qui fait plaisir à entendre, et quelques idées plus ou moins novatrices font de ce premier EP une jolie réussite dans son domaine, spécialement lorsque le quatuor s’éloigne un peu de ses origines avouées, pour jouer à cache-cache avec la labellisation.

Cet éloignement est manifeste sur le dernier morceau de Surveillance, qui joue avec les nerfs et se permet même quelques cachotteries mélodiques un peu bancales. « Deception » s’introduit de lui-même sur quelques arpèges de basse un peu malhabiles, avant que la guitare timide et la batterie presque invalide ne s’invitent au ballet. Son rachitique, pour un genre d’Indie décalé, qui dégénère bien vite en gros Heavy plus solide, mais la nature étant ce qu’elle est, le Crust revient comme un chien percuté dans un concert de kalachnikovs. 

D’ailleurs, ce Crust est omniprésent, et PERONOISEPORA ne cache en rien ses affinités bruitistes. Pas d’intro, ou juste un feedback naturel, et « Excommunication » de dérouler sous les feux des projecteurs par l’entremise d’un riff bien gras et grave, soutenu par une rythmique pesante et presque stable. Et puis l’accélération fatale, et tout s’emballe, mais on connaît déjà le refrain. 

Rien de spécial à signaler, juste un Crust de l’Est assez décharné dans l’état, qui a su garder l’énergie brute de ses origines, et qui aligne les plans convenus avec une énergie débridée. Comme je l’ai précisé, le son ne se fait pas vraiment une beauté, et la caisse claire sonne comme un chargeur qu’on vide sur une batterie de cuisine qui n’avait sans doute rien demandé. Le chant est grognant, un peu en arrière-plan, et la basse fait ce qu’elle peut pour coller le tout de ses fréquences pas si graves que ça.

Mais ça joue, vite, un peu comme un BOLT THROWER piqué au vif par une remarque désagréable, ça se partage entre soufflantes brèves mais claires (« Blinding Lights » qui ose quand même le break fatal), et dénivelés Orwelliens plus posés mais aussi plus abrasifs (« 1984 », il l’avait prédit, ils le confirment avec une lancinance qui fait mal à l’espoir). 

En gros, un exemple de plus de l’extrême de l’Est, qui ne fait toujours pas dans la dentelle et l’ouvrage tout en finesse, mais qui canarde comme une milice planquée dans les montagnes. Pas encore la chasse à l’ours, mais de quoi se défouler quand l’hiver et ses avalanches menacent de leurs secousses.

Avec ça, ils risquent d’être surveillés de près, au cas où ils osent le LP. On l’attend d’ailleurs, parce que ce mélange de Crust féroce et de Death atroce est assez savoureux en soi.          

 

 

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