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Metal and Oddities Reviews
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13 mai 2016

VIRUS - Memento Collider

VIRUSMC2400

Karisma Records - Avant-Garde Progressive Rock - Norvège - 3 Juin 2016 - 6 titres – 53 minutes

Virus (nm, du latin virus) : agent infectieux très petit qui possède un seul type d’acide nucléique, et qui ne peut se reproduire qu’en parasitant une cellule. 

(Ref : Petit Larousse).

 

La première étape est l’identification. On cherche à connaître l’ennemi en analysant son ADN et ses conséquences sur un organisme. Ensuite, une fois ce processus assimilé, on cherche un moyen de contrecarrer ses plans d’infection, et de contagion de masse. Il arrive que ces processus prennent plusieurs années, voire des siècles dans certains cas. Et il en va des virus comme d’autres agents infectieux ou des « tueurs en série ». Certains demeurent non identifiés, et continuent de tuer des milliers de personnes par an. Il y a douze ans par exemple, un cas est apparu en Norvège, Europe du Nord, létal, qui avait pour effet de brouiller la pensée et de plonger dans un état catatonique ou euphorique selon les cas. Les spécialistes se sont rapidement rendu compte qu’il n’était qu’une mutation d’un virus déjà existant, que les scientifiques avaient baptisé du nom de VED BUENS ENDE. Les progrès de la recherche laissaient à penser que les effets de cet agent infectieux seraient vite limités, voire contrôlés, mais il s’avère qu’une décennie plus tard, son mode de fonctionnement n’est toujours pas assimilé, encore moins conscrit. Et aujourd’hui, un nouveau foyer épidémique a été signalé, toujours en provenance de Norvège, et prêt à ravager le monde via l’underground.

 

VIRUS ? Qui aurait pu croire que leur musique aurait contaminé des dizaines de milliers de fans à travers la planète, alors même qu’à l’origine, seule une poignée d’inconscients avaient exposé leur organisme à ses dangers ?

Ceux qui connaissent l’agent infectieux en question, Carl-Michael “Czral” Eide, son talent, son emprunte vocale unique, et sa capacité à muter plus vite que de raison, alors même que les fondements de sa philosophie de contagion n’ont jamais changé d’un iota. L’adaptation, telle est la clé de la transformation. Et la nouvelle modification aura lieu le 3 juin de cette année 2016, la plus dangereuse de toute peut-être…

J’ai moi-même été confronté à cette épidémie lors de sa première vague VED BUENS ENDE, mais mon organisme avait alors été assez fort pour résister. Après quelques années d’accalmie, un ami aux intentions pas si nobles que ça avait infecté ma platine avec The Black Flux qui avait bien failli avoir ma peau. J’y étais revenu de loin lors de l’exposition de The Agent That Shapes The Desert, mais la leçon n’avait pas suffi. Alors je suis encore là, aux avant-postes pour tenter de comprendre le mystère VIRUS, qui aujourd’hui a pris une nouvelle forme, sobrement étiquetée Momento Collider.

Le problème dans le cas de VIRUS, c’est que beaucoup de gens abordent le problème sous le mauvais angle. Il est possible que cette nouvelle souche change la donne, mais je n’en suis pas certain. Les spécialistes continuent de considérer le problème comme une hybridation métallique qu’ils ne comprennent pas, alors même que VIRUS n’a jamais eu le moindre rapport avec le Métal. D’où cette méprise qui entraîne des dommages collatéraux irrémédiables.

Memento Collider remettra peut être les pendules à l’heure et les éprouvettes dans la bonne centrifugeuse. Qui pourra encore penser à l’écoute de ces six morceaux que l’univers de Carl gravite encore autour de l’orbite Metal ? Avec quels éléments ?

Les guitares sont claires, la basse vicieuse, le chant toujours aussi atonal et atypique, les mélodies toujours aussi déviantes et sournoises, et les structures progressives aussi envoutantes. Mais je le répète – et cette répétition est la donnée la plus importante, pas une variable – VIRUS n’est pas, et n’a jamais été, un groupe de Métal. A moins de considérer le VOIVOD d’Angel Rat comme tel. 

Ecoutez donc la discographie du groupe, vous y trouverez une ligne conductrice forte, liée à l’Adn encore une fois, mais à chaque fois, Carl et ses deux compères s’arrangent pour approfondir les choses, pour aller encore plus loin.

 

Ou plus profond, selon le point de vue.

 

Et Memento Collider ne fait pas exception à la règle. Six morceaux, tous longs, tous évolutifs, et tous construits sur le même principe. La guitare de Carl sonne comme celle de feu Piggy, s’autorise de plus en plus de dérapages, singes les tics ethniques de David Byrne, alors même que la basse de Petter Berntsen s’adapte aux rondeurs de Tina Weymouth et à la fausse froideur de Les Pattinson. Le tout est libre, très libre, et ne tolère aucune imite, toujours plus ou moins dirigé par cette voix aussi digne d’un John Lydon un peu apathique que des sinuosités roublardes de Snake. Musicalement et globalement, rien n’a changé, il est toujours impossible de savoir où on en est, mais là est le but de l’affaire.

Car VIRUS se pose en digne héritier des groupes des 70’s, en y adaptant les enseignements rebelles de la scène Indie des nineties, celle qui posait la dissonance et l’atonalité comme règles fondamentales de progressions d’accords.

Progressif ?

Dans une certaine mesure, oui. Mais Rock, surtout Rock, et ne me parlez pas de psychédélisme. C’est tout sauf ça.

 

Qui pourrait mixer dans le même morceau l’ultra twist des CRAMPS avec la fausse monotonie des MY BLOODY VALENTINE comme VIRUS le fait sur « Gravity Seeker » ? Pas grand monde je pense, et vous oseriez à ce moment-là vous poser la question du Métal ? Quelle vulgarité…Qui pourrait pendant trois morceaux et plus de vingt minutes suivre une évolution logique sans en dévier, et sans sonner redondant ? C’est pourtant ce qui se passe lors de l’enchaînement « Afield », « Rogue Fossil » et « Dripping Into Orbit ». A l’écoute de Memento Collider, on se dit sans arrière-pensée que si Tom WAITS, HAWKWIND et PIL s’étaient un jour réunis pour discuter du fondamentalisme de l’avant-garde dans le Rock, ils auraient sans doute joué quelques chose d’approchant, tout du moins jeté les mêmes bases.

Une guitare à l’écho fifties trafiqué 90’s, une batterie qui se souvient des exactions de Keith Moon et de la gestuelle de Bozzio, une basse grondante qui ne se pose jamais et louvoie comme un poivrot bien plus lucide qu’il n’en a l’air, et puis ce chant, sorti de nulle part, qui psalmodie le sourire aux lèvres. Tiens, mieux comme image. Le MANILLA ROAD d’Open The Gates qui avec des années d’avance et de clairvoyance joue le Katorz de VOIVOD. Si, c’est ça, écoutez donc « Phantom Of The Slick », vous entendrez le truc vous aussi, enfin si vous n’avez pas les oreilles bouchées et les neurones coincés. 

Il est possible, et même pratiquement certain que personne ne comprenne jamais le principe d’évolution et d’adaptation de ce VIRUS. Parce qu’il mue sans muter, parce qu’il s’insinue dans l’organisme comme une bactérie intelligente et surtout, sans but précis. Momento Collider ne déroge pas à la règle de progression, et atteint même une sorte d’apogée dans la résistance. Mais il est plus qu’évident que si vous continuez à le traiter comme une maladie Metal, vous finirez à l’asile.

 

 

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