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Metal and Oddities Reviews
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14 mai 2016

PLANETAS MUERTOS - Planetas Muertos

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Discos Cuchillo - Space Rock libre et évolutif - Mexique - 7 Mai 2016 - 8 titres – 39 minutes

En préambule, et dans une poussée d’empathie inhabituelle chez moi, je vous conseillerai d’aller jeter un coup d’œil à l’interview réalisée par la chaîne Youtube Stage Plot, du groupe dont je vais vous parler ce matin, les PLANETAS MUERTOS. Elle vous présentera les musiciens sous un jour assez sympathique et vous en dira beaucoup plus que n’importe quelle chronique sur l’album en question. D’ailleurs, j’aurais très bien pu la mettre en lien direct pour éviter de vous blaser avec mes milliers de mots habituels qui de toute façon, ne vous apprennent jamais grand-chose. A part que je suis chiant et inutilement bavard.

Mais comme c’est mon boulot, allons-y.

 

Quoiqu’il en soit, et ça aussi c’est assez classique de ma démarche, je ne sais pas grand-chose de ce quatuor. J’ai grappillé ce que je pouvais sur leur Bandcamp et leur page Facebook, mais tout ça tient en quelques signes. Ils sont donc Mexicains, viennent de San Pedro, et jouent une musique très libre et étrange…Leur album éponyme est aussi leur première réalisation longue durée, et plus qu’un simple album de Rock, c’est un voyage qu’ils vous proposent, aux confins de la vie, de la mort, de la lumière et des ténèbres, de la terre et de l’Espace, et surtout, de tous les genres qu’ils peuvent brasser, et il y en a un certain nombre. Les PLANETAS MUERTOS font partie de ces groups dits “libres”, qui ne supportent aucune entrave ni aucune contrainte, et qui abordent la musique comme un art global, et non comme une étagère sur laquelle on range avec soin des disques dans un créneau bien défini.

Inutile de croire qu’ils sont unilatéralement Metal puisque c’est loin d’être le cas, même si ce Metal est une des composantes qu’ils utilisent, parmi tant d’autres. 

Esprits ouverts, bien le bonjour, vous êtes les bienvenus.

 

Osons dès le départ mépriser ouvertement le terme « progressif ». Même si la musique de PLANETAS MUERTOS peut être considérée comme telle, le mot est trop connoté pour la définir sans prétention, et je lui préfèrerai l’emprunte “évolutive”, et “libre”. Halte là, les Mexicains ne sont ni RUSH, ni YES, encore moins DREAM THEATER, et suivent plutôt les pas de formations anciennes comme MAGMA. D’ailleurs, les pistes de ce premier album éponyme sont beaucoup trop versatiles pour s’attarder à ce genre de considérations. De la technique, vous en trouverez parce que les lascars ne sont pas les premiers instrumentistes venus. Mais ils utilisent la technique pour se permettre d’explorer des horizons différents, et non pour prouver leur valeur d’instrumentistes. De l’humilité, mais aussi de la certitude. Celle de jouer une musique différente, qui comme ils l’affirment dans l’interview susmentionnée, déambule dans les méandres du Rock, de la Pop, de l’Expérimental, du Metal parfois, et propose en gros, une fusion king size qui les éloigne de toute assimilation trop directe.

 

Il convient d’écouter cet album in extenso. Si d’aventure vous preniez une piste au hasard, vous risqueriez d’être perdu avant même d’avoir posé une oreille devant l’autre. Ainsi, alors que « Chirrines De Plomo » s’affole d’un space Thrash fortement teinté de Metal hybride, « P.f.'s Glitch Collinder 70 » est plutôt du genre Ambient, avec une accumulation de sons qui s’imbriquent comme un écho nébuleux d’une galaxie encore inexplorée. 

Il en va de même pour le premier volet du triptyque « Opus », qui n’est que sons synthétiques et nappes sonores apaisées, alors que le second chapitre se veut plus proche des constructions 70’s, avec mélodie pure et épurée au premier plan soutenue par un instrumental de guitares en son clair, qui se laissent couler le long d’une rythmique souple. Le dernier segment augmente la pression, mais reste entre des balises Free Rock, pas expérimental pour deux sous, mais étonnamment puissant et biscornu. Syncopes, harmonies, arrangements de synthé, bruitages divers, il termine cette mini saga en se posant comme la bande son possible d’un space opéra, du genre de ceux que le sieur Kubrick aurait pu mettre en scène il y a quarante ans, s’il avait été moins contemplatif.

 

Et pourtant, tout avait commencé sous des auspices plutôt Jazz Rock, légèrement teintés de dadaïsme musical, comme le démontre l’intro très PRIMUS de « Victimas Radioactivas ». On pense beaucoup à ce moment-là à la scène arty Française de la première moitié des 70’s, avec des artistes comme ALICE, Jean-Pierre Massiera, qui auraient alors appris à canaliser leurs pulsions et ranger leurs jouets. « Tres » suit plus ou moins la même mouvance, en se rapprochant de HAWKWIND, sons tournoyants en bonus et humeur chafouine qui taquine une Post Wave très inspirée par la vague Synth-Rock des seventies. Un son de guitare à la The Edge, une rythmique mouvante et élastique, et l’ambiance est plantée… 

…Et elle est contrastée, pour le moins.

 

« Muerte En Jupiter » retrouve l’allant de la glorieuse décennie des hippies, mais ne se perd pas pour autant dans le labyrinthe lysergique de la complaisance, et étale de jolis soli, pendant que la basse démontre tout son savoir-faire. Structure pas si alambiquée qu’elle n’en a l’air, évolution naturelle, voyage aux confins de la galaxie, samples, et parties instrumentales inspirantes qui respirent un oxygène enivrant. On revient au Jazz Rock pour une reprise qui ne ménage pas les effets, et finalement, on comprend bien que le terme si honni de « Progressif » n’a rien à faire ici.

 

La musique des Mexicains est en fait une vraie bouffée d’air frais venu de Vénus ou Jupiter, comme vous préférez, et se permet de voguer au gré des genres sans jamais se stabiliser, encore moins se fixer. Les mecs ne sont pas sédentaires, mais bien des gens du voyage musical qui butinent les fleurs de l’amour libre, celui qui ne vous oblige pas à choisir votre orientation. Un premier album d’une maîtrise et d’une folie indéniables, séduisant dans la forme et le fond, aussi Rock qu’il ne le sera jamais. 

Le genre de truc qui live, vous emporte dans son univers, pour ne vous relâcher que bien plus tard, une fois la réalité imposée de fait.

 

 

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