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Metal and Oddities Reviews
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16 mai 2016

WARFECT - Scavengers

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Cyclone Empire - Thrash - Suède - 13 Mai 2016 - 11 titres – 52 minutes

J’ai beau avoir grandi dans les années 70 et 80, le dimanche matin, je ne suis pas sur ma mobylette avec ma p*****. Non, je suis plutôt le cul bien enfoncé dans mon fauteuil à traquer la nouveauté, et à ce sujet, je dois avouer que je la cherche souvent sur les rives du Thrash franc et massif, histoire de bien commencer une journée dominicale qui s’annonce un peu trop calme.

 

Je n’ai d’ailleurs aucun mal à la débusquer. Elle vient généralement à moi sous la forme d’une pochette chamarrée, mettant en scène des zombies, des skateurs fous, des chirurgiens qui ne le sont pas moins, ou des centrales nucléaires inquiétantes. Mais cette fois-ci, j’admets que cette dite pochette est sacrément réussie. Signée par l’incontournable Andrei Bouzikov (artwork de MUNICPAL WASTE, AUTOPSY, SKELETONWITCH ou FUELED BY FIRE), elle nous dépeint des pilleurs de tombes particulièrement goguenards, éclairés par une jolie lumière vert fluo, sur fond violet et violent. Encore bravo à l’artiste qui s’est une fois de plus dépassé pour offrir un graphisme alléchant, mais il faut dire qu’il se devait d’être à la hauteur du contenu de ce troisième LP des Suédois infernaux de WARFECT, qui s’ils ne sont pas encore les plus connus des représentants de la vague revival Thrash, en incarnent une forme de quintessence.

 

La Suède des 80’s n’était pas vraiment la terre d’asile des enfants du Thrash boom de 83, et seuls quelques rares représentants ont réussi à l’époque à traverser leurs frontières avec une musique agressive mais trop classique, et manquant cruellement de folie. Le pays s’est bien rattrapé depuis, et WARFECT en est une preuve de plus en plus indéniable, puisqu’à chaque nouveau LP, le trio franchit un palier pour devenir une référence incontournable du style.

 

L’aventure avait commencé sous un autre pavillon, celui d’INCOMA, de 2003 à 2008, avant un changement de patronyme qui épura le quatuor en trio. INCOMA n’avait signé que deux démos, ce qui en fit plus un embryon qu’une entité viable. WARFECT au contraire est un groupe productif, mais pas bavard pour rien. Ses deux précédents LP, quoi que pas forcément exempts de défauts, faisaient montre d’un savoir-faire étonnant, et ce petit dernier, Scavengers ne fait pas exception à la règle.

Mieux, il la renforce pour que justement, il n’y ait plus d’exception possible.

 

Comment se présente le Thrash Scandinave ? Est qu’il a retenu les leçons des aînés qui accommodaient les vieilles recettes pour les remettre au goût du jour ? Point s’en faut, et c’est plutôt du côté de la sidérurgie Allemande de la fin des années 80 qu’il faut aller chercher leur inspiration. Le Thrash violent, franc et précis des WARFECT se pose plutôt en synthèse ultra efficace du radicalisme en vogue outre Rhin en 89/90, et allie la violence sans failles des ACCUSER à la vélocité débridée d’ASSASSIN. Ne croyez pas pour autant que l’ensemble soit dénué de finesse, puisque c’est justement la précision scandinave qui évite au LP de se fracasser sur les récifs du bourrin répétitif. 

Fins instrumentistes, Fredrik Wester (guitare & chant), Kristian Martinsson (basse) et Manne Flood (batterie), savent faire tournoyer des riffs francs et massifs, et manient la syncope comme d’autre la truelle. Impossible de déceler la moindre faille dans ces onze morceaux qui pourtant titillent l’heure de jeu, et les pavés s’alignent les uns après les autres pour former un mur compact et gigantesque. 

Force de frappe, concision et variété, tels sont les crédos de ce trio qui allie vélocité, puissance et versatilité de ton. D’ailleurs, celui-ci est donné dès l’entrée en matière dantesque de « Purveyors Of Cadavers », qui renvoie effectivement quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la concurrence dans les cordes et les enterre sous une coulée de boue. Rythmique qui se partage entre saillies supersoniques et aplanissements Heavy, guitare qui virevolte mais attaque en piqué quand il faut, tout ça sent vraiment le Thrash germanique boosté par une pertinence scandinave qui ne rechigne pas à décélérer quand il le faut. Impossible de ne pas reconnaître en « Reptile » l’héritage d’un album culte comme Who Dominates Who des ACCUSER, puisque les plans semblent sortir du même moule, ayant même gagné en percussion avec les années.

 

Mais n’allez pas prendre les Suédois pour d’habiles contrefacteurs, ils ont leur patte, et on la retrouve sur les morceaux les plus amples, comme ce terrible « Watchtowers » qui se pose sur un mid tempo roublard qui valse sans cesse, et qui doit plus aux DEATHROW qu’au groupe homonyme mené par Alan Tecchio. Cependant, le trio dispose d’une technique indéniable. Ils la mettent juste au service de compositions qui préfèrent l’effet choc à la démonstration toc, en témoignent ces chœurs vaillants qui émaillent les refrains d’interventions véhémentes. Difficile de croire que chaque titre, qui frisent souvent les cinq minutes dispose d’assez d’idées pour maintenir la pression. C’est pourtant le cas, et des attaques massives comme « Suffocate The Children » ou « The Resurrectionists » sont là pour en apporter la preuve, avec leur ballet de breaks qui tombent comme des couperets, leurs lignes de basse presque Core dans le fond, et cet enchaînements de riffs tous plus inspirés les uns que les autres. 

Même  l’évolutif « Evil Inn » reste en première division, avec son intro en arpèges inquiétants, et son atmosphère lourde et moite. On évite le piège des repas servis tièdes à l’époque par SODOM ou RUNNING WILD pour se rapprocher de l’école Américaine des DARK ANGEL et autres DEATH ANGEL.

Et si la deuxième moitié de l’album marque une coupure franche et privilégie les ambiances suffocantes, les morceaux gardent la même ligne de conduite et écrèment les idées les plus dispensables. Mais il faut avouer qu’avec un frontman de la trempe de Fredrik Wester, la partie est presque toujours gagnée d’avance, tant l’homme fait montre d’autant de dextérité rythmique que de pertinence en solo. Sa voix fait en outre partie des plus impressionnantes de l’école Thrash mondiale, ce qui ne gâche rien. 

Pochette parfaite, morceaux parfaits, interprétation au-dessus de tout soupçons. Scavengers va peut-être faire son marché dans les cimetières, mais il n’en ramène pas pour autant des cadavres faisandés.

Le Thrash de ces trois Suédois est de premier choix, et n’est pas prêt de se voir embaumer.

 

 

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