Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Metal and Oddities Reviews
Archives
20 mai 2016

DSM - Dsm

a3460765427_10

Post Death - France - 28 Mai 2016 - 10 titres – 38 minutes

Dans la série, « Que se passe-il dans l’underground français ? », nous allons aujourd’hui nous intéresser à un combo de Saint-Dizier (du moins c’est de là que le CD m’est parvenu), sortant en cette fin de mois de mai son premier album, qui selon leur bio a demandé des années de préparation. Dix-huit plus exactement, et cinq ans après la création du groupe, ce qu’on appelle en langage biologico-musical une gestation à long terme. 

Mais lorsqu’on sait ce qu’on veut, et qu’on cherche à l’obtenir quoi qu’il en coûte, il n’y a pas trente-six solutions.

 

Les DSM ont donc fait ce que tout groupe underground doit faire. Roder son répertoire, allonger ses influences sur le divan psy de la composition, chercher des fonds, et assembler dix chansons pour créer un LP digne de ce nom. Le combo évoluant dans un registre Death, vous vous demandez certainement pourquoi votre serviteur s’en occupe…Et bien justement c’est la musique du quatuor qui vous en donnera la réponse. Car elle découle du Death, c’est une évidence, mais pas que, et même loin de là. 

Un peu de bio, ils le méritent. Les DSM, ce sont donc quatre amis (Jaune Tavan, Peuh Gillet, Max Trau et Zdreu Houzé selon leur Facebook), qui ont commencé leur aventure en 2011, et qui aujourd’hui peuvent apprécier les fruits de leur réussite via un premier LP éponyme qu’ils lanceront lors d’une party, le vingt-huit de ce même mois, tout en diffusant de concert leur première vidéo.

Un double évènement donc, qui méritait bien une chronique. C’est chose faite enfin presque, puisqu’il me reste quand même à vous parler du dit album.

Mais d’abord, je me permettrai de copier/coller leur devise, puisque selon moi, elle résume tout à fait ce que vous allez trouver sur Dsm. 

«DSM c'est complexe, DSM c'est sincère, DSM c'est de l'amusement, DSM c'est de la violence, DSM c'est du contraste, DSM c'est de l'amour » 

Et en effet, DSM, c’est un peu tout ça.

 

Plus sérieusement, DSM c’est du Death très technique, mais pas démonstratif, qui s’ouvre effectivement à des influences externes, comme le Néo, l’Indus, le Grind, le Thrash, et le Metal tout court, si bien qu’en fin de compte on ne peut plus vraiment parler de Death, même si les noms de MORBID ANGEL, SUFFOCATION, ABORTED peuvent émerger lors de certaines séquences. On sent que chaque composition a été murement réfléchie, même si l’instinct des musiciens leur permet de garder une indéniable fraîcheur. Bien sûr, le fond de l’air n’est pas frais, mais très abrasif, et les plans s’enchaînent sans se percuter à une vitesse assez hallucinante, même si le quatuor sait aménager quelques pauses qui relancent l’intérêt sans faire fléchir l’intensité. Outre un niveau individuel conséquent (la batterie s’en donne à cœur joie, malgré un son qui pêche un peu par moment, par manque de dynamique et de contraste), l’osmose entre les quatre trublions est palpable, spécialement dans les morceaux les plus acrobatiques. 

A ce sujet, ne vous fiez pas à la franchise de « 2029 » et « Graal » pour vous faire une opinion de Dsm. Ce sont sans doute les titres les plus directs et moins alambiqués de l’histoire, et bien qu’ils soient convaincants, ils ne reflètent pas vraiment le concept de l’entreprise. Il faut en effet attendre l’ironique « Dirty Harry » pour savoir de quoi sont vraiment capables les DSM, avec ce mélange détonant entre l’hyperactivité du duo DILLINGER ESCAPE PLAN/Mike Patton et la précision diabolique et chirurgicale des premiers MORBID ANGEL.

C’est à ce moment-là j’avoue que la tornade française m’a vraiment fait décoller, pour ne plus jamais me laisser toucher le sol du pied. Alignement de plans à vitesse grand V, breaks millimétrés, utilisation très pertinente (mais brève) du silence, pour une symphonie rythmique qui laisse pantois.

 

Et ce morceau est loin d’être le seul à pouvoir revendiquer la palme de l’originalité. Mais cette originalité ne se dépare jamais d’une efficacité optimale, ce qui transforme assez vite DSM en tank qui broie tout sur son passage, sans abîmer la nature environnante. Vous avez d’ailleurs une analogie de cette méthode de concassage dans les presque cinq minutes de « Joker », qui multiplie les sifflantes, les breaks de basse à la ATHEIST, les cassures de rythme, les ambiances à la VOIVOD, pour au final dessiner les mouvements fluides d’un ballet d’ultraviolence qui pourtant ne tombe jamais dans le bourrinage gratuit.

Puissants, féroces, mais intelligents. Et ça, c’est une formule fatale. Pour la chair et le reste d’ailleurs. 

Vous cherchez du mid tempo qui écrase et se brise soudain sur des récifs rythmiques taillés en pointe ? « Bbq » fera largement l’affaire avec son atmosphère déliquescente qui dégénère en un clin d’œil.

Vous êtes plutôt porté sur les blasts et autres performances de kit hallucinantes ? Alors envoyez-vous de suite « Kaioshn », qui nous montre un percussionniste en pleine crise de folie qui se prend pour un mélange de Terry Bozzio sous acide et de Gene Hoglan en pleine euphorie de Noël.  

Et si les longues suites évolutives (désolé, mais je déteste le mot « progressif » les gars…), le final « Loud » vous comblera au-delà de toute attente avec ses presque huit minutes envoutantes, qui prouvent que le quatuor sait décidemment tout faire, même aménager des climats qui avancent à leur rythme sans précipiter les choses. Instrumental plus posé, mélodies plus prononcées, c’est une clôture en grandes pompes pour un groupe qui est décidemment à l’aise dans les siennes.

 

Alors, cinq ans d’existence et un an et demi de préparation, c’est long. Mais pour en arriver à un résultat pareil, ça me semble somme toute très raisonnable. DSM s’adressera à tous les fans de Death qui ne se contentent pas d’écouter du Death, et qui acceptent de le voir moduler sous des formes diverses et éclectiques. Et puis jetez un coup d’œil au clip dispo sur Youtube tant que vous y êtes. Le travail se paie, parfois avec l’intérêt des gens. Intérêt que j’espère avoir éveillé avec cette chronique. Et finalement, l’underground Français va bien. 

Très bien même. 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> DSM sortira son deuxième album en mars 2020.<br /> <br /> https://fr.ulule.com/dsm-deuxieme-album-elevations/<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne soirée,<br /> <br /> <br /> <br /> Pierre (DSM)
Metal and Oddities Reviews
Publicité
Publicité