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Metal and Oddities Reviews
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4 septembre 2015

WILL HAVEN - Open The Mind To Discomfort

Will HavenArtery Recordings - Noisy Sludge Screamo - USA - 19 Mai 2015 - 9 Titres, 23 Minutes

 

On ne peut pas dire que certains groupent se pourrissent la vie avec la régularité et la constance...Ce genre d'attitude, ça peut passer lorsqu'on a des charrettes d'albums vendus derrière soi, une réputation de dinosaure du Rock, et une cohorte de fans à ses basques, guettant chaque sortie comme une nouvelle révélation. Mais lorsqu'on fait partie de l'Underground, certes proche de la surface et avec pas moins de 33.000 followers sur Facebook, c'est un peu risqué quand même. L'oubli plane comme une ombre maléfique, et un jour, personne n'en a plus rien à foutre. A moins de...

A moins d'avoir une personnalité unique et forte, et de laisser une emprunte profonde à chaque passage dans les mémoires. Et dans les bacs. Et c'est justement le cas des Américains de WILL HAVEN. Réuni en 1995 sur les cendres du Hardcore SOCKS, le quintette a subi depuis X liftings, et se contente de venir faire un petit coucou tous les quatre, cinq ans...Un peu léger quand même. Nous n'avions pas de nouvelles depuis 2011, et la sortie de l'impressionnant Voir Dire qui célébrait dans un grand fracas le retour du frontman/vocaliste originel, Grady Avenell, élément indispensable au bon équilibre du groupe. Chris Fehn, percussionniste timbré de SLIPKNOT avait lui aussi grossi les rangs à la basse, et depuis, le line up n'a pas changé.

Mais quid de la musique? La musique elle non plus n'a pas vraiment évolué, et c'est plutôt une bonne affaire.

Avec un titre en forme d'aveu comme Open The Mind To Discomfort, WILL HAVEN joue cartes sur table. En jetant en pâture aux fans il y a quelques mois l'écorché "The Comet", le groupe savait exactement ce qu'il faisait. Symptomatique de la démarche globale de cet EP, ce morceau fait aussi partie des plus nerveux du lot. Mais pas des plus chaotiques...

Open The Mind, ce sont neuf titres, dont quatre servent d'intermèdes mélodiques. "A" entame l'affrontement sonore avec quelques notes de piano plaquées, avant que "Soul Leach" ne prenne le dessus, toutes dents en avant. Le mot d'ordre est simple. Agresser l'auditeur par des rythmiques énormes, sur lesquelles viennent se greffer des guitares sourdes et massives, et un chant hurlé à pleins poumons, en pleine crise de rage désespérée. La recette a déjà été testée avec succès par WILL HAVEN, pas question d'en changer. Musicalement, la situation est toujours la même. Un Sludge Screamo sombre, torturé, sorte de creuset où se fondent l'acier sudiste d'EYEHATEGOD et le Core craché de TORCHE. Mais ce qui fascine au niveau de cet EP, ce sont ses intentions, et la façon dont elles sont structurées.

"Ouvrir son esprit à l'inconfort", le message est direct. A l'image de sa pochette superbe, Open The Mind fait tout pour mettre mal à l'aise, alternant les interludes doucereux et mélodieux, et les morceaux pavés dans la gueule qui plombent le moral.

Tous sont bâtis sur deux ou trois thèmes, répétés sans relâche, un peu à la NEUROSIS dans ses délires les plus obsessionnels, et rien ne vient enrayer la machine. Pas une pause, pas de respiration, la suffocation auditive comme credo, et de ce côté là, le travail de sape est admirable. Les guitares de Jeff Irwin et Anthony Paganelli sous accordées en deçà du raisonnable tissent une toile épaisse qui piège l'ouïe et la malmène, tandis que le duo Fehn/Wheeler fait lourdement traîner le propos, utilisant les codes du Doom, du Sludge et du Post Hardcore pour créer une pesante marche en avant... Grady Avenell n'a plus dès lors qu'à maltraiter sa trachée sans relâche, et ce, du début à la fin de l'entreprise. Si les cinq titres offrent des similitudes indéniables, leur montée en puissance et en malaise est relativement impressionnante, et le cauchemar se termine sur un terrifiant "Pop 14" qui ferait passer Enemy Of The Sun pour une tendre balade en amoureux...

Open The Mind To Discomfort est un EP qu'il faut considérer dans sa continuité et non comme un assemblage de parties. Si d'aventure vous tentiez d'isoler un morceau en particulier, vous pourriez aussi bien choisir au hasard ça n'a pas d'importance. Le but de WILL HAVEN sur ce nouvel effort est justement de vous en faire faire un, en testant votre résistance à la douleur, en appuyant toujours un peu plus là où ça fait mal, restant lancinant, persistant, insistant dans la répétition, sans dévier d'une ligne de conduite qui le confine à la torture. Screamo, Post, Hardcore, Sludge, Doom, peu importe la méthode puisqu'elles sont toutes employées à loisir...

Vous savez maintenant de quoi il en retourne. Il semble peu probable que WILL HAVEN change un jour son fusil d'épaule et cède à l'empathie harmonique. Mais on ne peut leur enlever une indéniable franchise qui s'affiche sans complexe sur la pochette même de leur disque.

 

 

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