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Metal and Oddities Reviews
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6 novembre 2015

OMEGA DIATRIBE - Abstract Ritual

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Progressive Deathgroove - Hongrie - 26 Février 2015 - 6 titres – 27 minutes 

Je dois l'avouer, celui là, il y a longtemps que je l'avais dans mes cartons...Mais vu le style pratiqué, j'hésitais...Puis sur les conseils d'un ami, j'ai finalement décidé de me pencher dessus, mais pas trop, histoire de ne pas tomber du rez-de-chaussée. Grand bien m'en a pris, car à défaut de m'avoir ébloui, il m'a fait passer un très bon moment. Le Deathcore, non. Le Groove Métal, non plus. Le Djent, j'en ai fait le tour en deux album tout au plus. Mais par contre, un groupe qui évolue entre les trois, sans tremper des deux pieds dans un seul, je suis preneur à la rigueur. Ce qui est justement le cas des Hongrois d'OMEGA DIATRIBE.

Non qu'ils manquent d'assurance ou qu'ils n'assument pas leurs inclinaisons, c'est tout simplement parce que leur style est assez fouillé mais difficile à situer. Ils sont quelque part entre les trois genres cités, mais au milieu, et surtout, hors des tics insupportables de chacun. En gros, ils ont su garder le côté analogique des productions 90's, sonner grave mais intelligible, être violents, mais compréhensibles. Et ça, en 2015, c'est déjà beaucoup. 

Qui sont les OMEGA DIATRIBE tout d'abord? Simple, un quintette né en 2008, sous l'impulsion de Gergo Hájer (guitare) et Ákos Szathmáry (basse), auxquels se sont adjoint Attila Császár (guitare) et Gergely Komáromi (chant). Leur but? Nous passer un message, un pan d'histoire fantasmagorique. Selon eux, la terre nous serait en quelque sorte "prêtée" par des extra-terrestres, en accord avec le gouvernement, pour un temps limité. Une fois ce temps écoulé, les aliens reviendraient nous chercher, pour nous emmener sur une autre planète, en adéquation avec notre "progression", uniquement achevable par les esprits les plus ouverts et brillants. C'est un concept intéressant, abordé par Chris Carter ou Steven Spielberg, mais qui a le mérite d'aller un peu plus loin que la simple rébellion juvénile, les délires rock n'roll, ou les pauvres blondes vierges abusées par des sadiques. 

OMEGA DIATRIBE a déjà entamé son périple en 2013, avec un longue durée, et le continue donc aujourd'hui avec ce nouvel EP, secondés en cela par la poigne de fer de Kevin Talley ( Daath, Suffocation, Feared, Sylencer, Nothnegal, Dying Fetus, Misery Index, Six Feet Under et Chimaira, en gros, un cador), qui a pris place derrière le kit. L'homme ne louant pas ses services au premier venu, vous devinez déjà que le présent EP doit être d'une certaine qualité... 

Ce qu'il est sans conteste. Avec un fond cyber qui rappelle la saga VOÏVOD, et une forme le MESHUGGAH de Contradictions Collapse, tout ça partait sous les meilleurs auspices. OMEGA DIATRIBE tient un peu des deux, se posant en héritier de l'imagination outer space des Canadiens, et de la précision rythmique froide des Suédois. Certes, les riffs lâchés sont carrés, moins touffus que ceux du démentiel Fredrik Thordendal, mais millimétrés et surtout, osons le mot, inspirés. Loin des délires inextricables et monotones du Deathcore, Abstract Ritual reste dans les balises du Techno Death Progressif, sans chercher la démonstration, ni l'écrasement sonore. Technique, pour ces guitares et cette rythmique qui sont taillées au rasoir, Death, pour ces accents sombres et cette voix caverneuse, qui n'en fait toutefois jamais trop. Progressif, parce que les plans s'enchaînent selon une logique évolutive mais ne nous perdent pas en route.

Et de fait, disons clairement qu'OMEGA DIATRIBE à synthétisé plusieurs courants pour n'en retenir qu'une épure, et viser juste, et droit. 

Le MESHUGGAH cité leur sied à merveille en termes de comparaison, même si la musique des Hongrois est moins torturée, et plus posée. On ne retrouve pas la folie des Suédois, mais bien leur froideur apparente, sous laquelle se cache une indéniable humanité de jeu. Les analogies ne s'arrêtent pas là, puisque outre l'approche instrumentale, OMEGA aime aussi à répandre quelques effets sonores digitaux qui enrichissent leur musique en restant discret.

Tout ceci est frappant dès l'ouverture "Subsequent Phase", peut être le morceau le plus symptomatique de ce parallèle. On sent bien sur le désir d'évoluer dans une époque contemporaine, sans pour autant renier le passé, et comme je le précisais, le jeu des musiciens (aidés il est vrai par une production puissante mais nette) reste abordable, évite la grosse caisse overtriggee, et si les guitares restent sous accordées, leurs fréquences ne heurtent pas les neurones.

Tout en suivant un fil d'Ariane de composition, les morceaux proposent de légères digressions, qui ne perturbent pas la logique, mais la rendent plus attrayante et moins monotone. 

Sans tomber dans le linéaire, et trop détailler un album qui s'écoute plus qu'il ne se décrit, je pourrais vous dire que le riff de "Extrinsic" est redondant au possible, collant de près aux préceptes de Chaosphere, que le morceau éponyme fait preuve d'une belle retenue tout en gardant une puissance énorme (ce qui d'ailleurs pourrait fort bien résumer le EP en lui même), et que le long final "Unshadowed Days (Perception remix)" brise un peu le carcan pour proposer des sonorités plus aérées, en s'offrant au passage une belle montée tendue, avant de laisser un shunt plaquer le silence, pour un ultime retour en forme de masse rythmique compacte. 

Certes, il n'est pas évident que les extra-terrestres se manifestent de leur propre chef à l'écoute d'Abstract Ritual. Rien dans cet effort ne propose des hypothèses que MESHUGGAH n'ait pas déjà étayées, mais ce joli retour en arrière sur des plans purement début 00's dans un contexte actuel est fort séduisant. Un peu comme un voyage dans l'espace temps sans les effets secondaires, mais qui collent quand même quelques G dans la face. 

Mais s'il faut apprécier OMEGA DIATRIBE pour pouvoir franchir un palier d'évolution, la chose reste accessible et somme toute plutôt agréable.

 

 

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