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Metal and Oddities Reviews
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6 novembre 2015

CULT LEADER - Lightless Walk

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Deatwish Inc. - Crust Progressif - USA - 16 Octobre 2015 - 11 titres – 37 minutes 

Avec un petit effort de mémoire, vous devriez vous rappeler sans problème de GAZA, groupe Métalcore venu de la cité des mormons, Salt Lake City, Utah. Trois albums impeccables, lourds, complexes, et puis le split en 2013. Raconter ça, pourquoi? Parce que de cette mort à découlé une renaissance, celle de CULT LEADER, qui comprend dans ses rangs les trois quarts de feu GAZA. Les premiers étaient farouchement anti-religieux, les seconds ne sont pas plus ouverts à toute forme de religion. Les premiers faisaient beaucoup de boucan, les seconds n'en font pas moins. Les influences ont légèrement changé, un glissement s'est opéré, mais le fond reste le même. L'agression, encore et toujours, et de plus en plus prononcée qui plus est.

On retrouve donc au générique de cette nouvelle déflagration majeure Mike Mason (guitare), Casey Hansen (Batterie), et Anthony Lucero (chant), qui accueillent en leur sein le petit nouveau à la basse, Sam Richards. Autre détail qui ne change pas, l'identité du producteur. C'est donc une fois de plus l'infatigable Kurt Ballou (CONVERGE, est il utile de le préciser?) qui manie les curseurs, et qui offre sur un plateau d'argent un son gigantesque qui permet à ce deuxième longue durée, Lightless Walk d'arracher en beauté tout ce qui ose dépasser, têtes comprises. 

Un pas lourd? Oui, et c'est un euphémisme. Un an et demi après le séminal Nothing For Us Here, ce nouvel effort maintient la pression, et sans faux col. Si l'appellation Crust progressif peut vous sembler antinomique, voire contradictoire, il vous suffit d'une simple écoute pour vous persuader de sa pertinence. Difficile à imaginer je le concède, et pourtant, c'est la simple vérité. Sur une base Hardcore jusqu'au bout des ongles, CULT LEADER greffe des éléments Crust, Grind, Death même parfois, ne perd jamais le cap malgré la multitudes de directions, et s'arrange toujours pour trouver le plan fatal au moment idoine. Facile à écrire, moins facile à composer. Mais rassurez vous. Lightless Walk est une machine à broyer dans les grandes largeurs, et en cette période de récoltes intensives, pas un seul brin de foin ne saurait lui échapper. 

Anthony Lucero résume ça à sa façon: 

"Lightless Walk est une catharsis, une expression de la tristesse, de la colère et de ce qui hante nos vies quotidiennes de façon négative." 

Si j'en crois cette assertion, le quatuor est donc très en colère, mais aussi très triste. Car si sa musique est d'une violence et d'une tension rares, elle peut aussi se montrer très sombre et contemplative dans l'extrême, unissant parfois d'un pont Sludge des rives Crust ou presque Black. Impossible de ne pas assumer quelques références, mais je préfère me baser sur leur identité propre. D'ailleurs, l'assemblage des morceaux formant le puzzle complet interdit presque par sa variété de pièces toute affiliation trop ferme. On passe d'une humeur à l'autre, sans ellipse, mais avec des transitions choisies et éprouvées, et le voyage est pour le moins épuisant, sinon...différent. 

Les morceaux sont là pour appuyer mes propos. Ainsi, le très traumatique et névrosé "A Good Life" étale une sorte de paix intérieure bouffée par un démon inexpugnable, et traîne des arpèges secs et arides le long d'une rythmique enfoncée comme le moral d'un dépressif. Et soudain, comme dans un accès de rage libérateur, la batterie se laisse aller à des blasts affolants, laissant le chant repartir de plus belle dans son introspection maladive et nauséeuse. D'un autre côté, le traitement peut s'avérer extrêmement bref, comme le démontrent les deux pamphlets lapidaires "Walking Wastelands" et "Gutter Gods". Aussi chaotiques que courts, durant lesquels Casey se permet de placer un nombre incalculable de plans, de ruptures et de breaks, tandis que Mike suit la cadence avec des riffs toujours inventifs, ce sont deux jets primaux qui ne reculent devant aucune forme de violence, qu'elle soit purement Crust, Grind ou autre. Et le jeu de Casey est vraiment remarquable dans ces instants de furie pure, toujours créatif même au bord de la crise d'épilepsie. 

Puissance, cohésion, chaos, évolution, technique. Tels sont les mots d'ordre de ce second album, qui plus qu'un album d'ailleurs, n'est rien de moins qu'une overdose de violence.

Une violence sourde et veule ("How Deep It Runs", aussi NEUROSIS que Sludge Drone Ambient), ou déclarée et dévastatrice ("The Borrower", un des plus typiquement Crust/Grind du lot), mais omniprésente, comme si le seul but des Américains était de transposer le manque d'empathie de notre monde en musique. Et si l'on en croit la progression de l'album, l'espoir n'est pas vraiment de mise, puisque tout se termine en quasi impasse, au son d'une longue plainte/prise de conscience qui fait froid dans le dos..."Lightless Walk", avec son tempo qui compte les minutes (sept au total), sa guitare qui laisse mourir quelques accords plaqués avec désespoir, et son chant renonçant et détruit, sonne comme l'hallali des attentes humaines, et rappelle même, avec un brin d'emphase supplémentaire, les supplications morbides de MY DYING BRIDE, en version légèrement plus Industrielle. 

"Suffer Louder" nage en plein Crust/Mathcore de montagnes russes et donne la nausée. "Hate Offerings" ne rechigne devant aucune entaille pour nous faire saigner du même sang, et nous laisse exsangue, le coeur en charpie devant un tel déferlement de haine Crust/Sludge.

Vous vous demandiez en préambule quel était l'importance du qualificatif progressif pour décrire une telle ode à la barbarie?

La réponse est claire.

La progression est globale, mais aussi individuelle. Chaque morceau compte les BPM, trafique le compteur et fait monter la tension. Au bout du compte, Lightless Walk pourrait se tenir en parfaite image d'une journée d'une vie comme les autres, avec son lot de fatigue, de nervosité et de colère emmagasinée. Ca pourrait n'être qu'un cauchemar, mais c'est bien pire. 

C'est la réalité.  

 

 

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