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Metal and Oddities Reviews
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7 novembre 2015

THE AFTERNOON GENTLEMEN - The Afternoon Gentlemen

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Dead Heroes Records / Bones Brigade - Mincecore / Powerviolence - UK - 27 Mai 2015 - 16 titres – 19 minutes 

Je suis un homme de parole, vous le savez. Si, vous le savez!! Je vous avais promis une entrée consacrée au premier LP des Anglais de THE AFTERNOON GENTLEMEN, dont acte. Un petit rappel, vite fait. Ils viennent de Leeds, UK, ont adopté des pseudos rigolos, et pratiquent un crossover vraiment bien brutal entre le Mincecore/Grind le plus absolu et le Powerviolence le plus touffu. Nous avions devisé sur leur récent Split partagé avec les barrés de LYCANTHROPHY, et il me paraissait légitime de consacrer une chronique entière à leur premier longue durée qui vaut sacrément le détour. Pour ça, il faut aimer la violence, le bruit, le fun, et les exactions hystériques de quelques secondes.

On le sait, le bruit est parti d'Angleterre.

Dès que l'Anarcho Punk a commencé à ennuyer certains musiciens, ils ont d'eux mêmes inventé un nouveau style, encore plus extrémiste, à base de Hardcore, de Punk, de Métal, et de Thrashcore. Comme c'était rigolo, ils ont appelé ça le Grind, et vogue la galère, depuis, ils ont été des milliers à reprendre la recette. 

Cette recette, je l'aime, surtout lorsqu'elle est de terroir, adaptée maison, et qu'elle se sert des guides rédigés dans les années 80. Rien ne m'emmerde autant que le Goregrind ou le Porngrind qui ne sont que des excuses pour faire n'importe quoi, mais le Grind, le vrai, m'enthousiasme au plus haut point, surtout lorsqu'il est joué avec un degré de folie élevé.

Mince? Grind?

A la rigueur, les deux, et on pourrait même dire que parfois, THE AFTERNOON GENTLEMEN se rappelle au bon souvenir des épileptiques hyperactifs de BETERCORE, et leur Youthcrust possédé. Ici aussi, on ne s'embarrasse pas de principe, on joue à fond la caisse, on hurle, mais on maîtrise. Alors après, Fastcore, Powerviolence ou Grind pur, est ce vraiment important? 

Du Grind, j'en ai avalé, par plaquettes entières comme un anti-dépresseur. J'ai connu le plus bourrin, le plus malin, mais même après presque trente ans passés à servir la cause, j'ai rarement entendu un truc aussi enthousiaste et joyeusement débridé que ce premier LP des Anglais. Ils aiment ce qu'ils font, ils le font...à fond, et ne respectent rien, surtout pas le sérieux. Chaque morceau est prétexte à un déferlement rythmique énorme, où chacun tire son épingle du jeu, car derrière ces pseudos loufoques se cachent de redoutables musiciens qui ont le sens de la double croche assez précis. Vous me direz, immanquablement, "C'est du Grind, et alors?". Car vous aurez l'impression qu'on a déjà tout dit, et vous aurez partiellement raison. Rien de neuf sous le smog de Leeds, mais une énergie qui le confine à une danse hystérique autour du cadavre de la mélodie. 

Seize titres, autant de morceaux de bravoure, encore plus allumés que les pamphlets d'AGORAPHOBIC NOSEBLEED, et plus ciblés et gentiment paillards que les explosions de NASUM. Mais l'envie est la même, et pas question de s'ennuyer, puisque les lascars ont préparé une fête du tonnerre. 

Une basse énorme qui claque (et non ce machin distordu inaudible auquel on a souvent droit), des guitares qui déchirent les rideaux dans le sens de la longueur, et une dualité vocale valsant entre les cris de porcinet et les grondement de plantigrades. Mais là où la chose devient intéressante, c'est que le quintette à choisi une approche résolument Hardcore pour faire bouillir son Grind, et n'hésite pas à balancer des plans Crust, Mince, enfin tout ce qui fait le charme de cette course effrénée depuis la fin des années 80. Pas de blague à la "You Suffer" puisque ça a déjà été fait il y a longtemps, quelques saillies instantanées et hyper brutales ("Too Late", mi ANAL CUNT, mi URSUT, "Shut Up", à la fois Doom et Grind comme quoi le grand écart facial ne leur fait pas peur. Ni de surgonfler la basse d'ailleurs), mais aussi un mid tempo qui tombe sur le fil de fin comme un oiseau de sa branche ("Children Of The Grain", ça vous en dit long sur l'humour des mecs, salut le SAB' et bonjour l'alternance Core/Grindcore plus efficace qu'un débouche chiotte à l'acide). 

Au milieu de tout ça, des choses pas faciles à définir, mais définitives. Du British flair, plus léger que Benny Hill mais pas encore dans les pas de Chaucer ("War On The Poor", beuglé d'une voix de canard qui mute en Grizzli), des assertions qu'on peut remettre en cause ("Grind Is Music", là, ça n'est pas le cas, mais bravo au batteur quand même), une basse toujours aussi gironde et pulpeuse ("Booglechrist", puérile dans la forme, essentiel dans le fond Core), et même des bidules à moitié bouffés par des samples glauques ("Grindcorpse", peut être le plus vilain de tous, et chanté en voix claire, tout du moins en partie...Tiens encore cette basse qui introduit un passage à la EXTREME NOISE TERROR...). 

Bon, j'ai une idée parce que la, la fin, je la sens pas. The Afternoon Gentlemen est un des meilleurs albums de Grind que j'ai entendu, et sans doute le meilleur de l'année dans le créneau fun et épuisant. Ca gaze à tous les étages, c'est fun, ça cartonne et ça sonne, c'est produit comme il faut, technique quand il faut, mais ça reste spontané et furieux. 

Après, si les mecs ne sont des gentlemen que l'après midi, je me demande bien ce qu'ils sont le matin. 

 

 

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