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Metal and Oddities Reviews
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18 novembre 2015

SHINING - International Blackjazz Society

ShiningNor_2015_InternationalBlackjazzSociety_cover

Spinefarm - BlackJazz Free - Norvège - 16 Octobre 2015 - 9 titres – 38 minutes 

Autant plastronner avec classe. Si, si, je vous assure, ça passe mieux et au moins, vous assumez vos positions. Ainsi, prenez les SHINING (Norvégiens please, pas les Suédois dépressifs). Ils affirment tout de go que puisque VENOM a un jour déposé l'appellation contrôlée Black Métal sur un album, il conviendrait d'en faire de même, et de transformer leur LP BlackJazz en catégorie à part entière. Et je les approuve, parce que cette fanfaronnade n'est pas dénuée de sens. Après tout, le style est unique, leur appartient, et ils le développent depuis des années. Eux qui avaient commencé comme simple quatuor Jazz ont su développer au travers des années une approche unique, dirigée il est vrai par la tête pensante du groupe, Jørgen Munkeby, chanteur, guitariste et...saxophoniste. 

On sentait dès Blackjazz justement que les choses prenaient une tournure définitive. Et il n'est pas interdit, bien au contraire, d'y voir un signal de départ, pour une sorte de trilogie bouclée en 2013 par One One One. Mais cette trilogie, sans devenir tétra, vient aujourd'hui de tomber sur son point d'orgue, une synthèse parfaite des dernières années d'expérimentations définitives. 

Aujourd'hui, avec International Blackjazz Society résume ses cinq dernières années, et boucle la boucle qui bouclait elle même les boucles...de saxophone.

Oui, du sax. C'est comme ça, et si pour vous, ce maudit instrument n'a rien à faire dans un ensemble Métal, allez donc en parler à John Zorn à qui SHINING doit beaucoup. Certes, l'emprunte Free est moins prononcée chez les Norvégiens, plus posés et musicaux, mais cette liberté se retrouve dans le mélange homogène et pourtant hétéroclite des compositions, qui alternent avec bonheur Electro Métal, Free Jazz, Néocore, et ainsi de suite. Pour autant, comme je le disais, ce nouvel album n'apporte pas vraiment grand chose de neuf. Il se contente de peaufiner une vision, de plus en plus claire, aussi dansante que doucement folle ("The Last Stand", ou la jonction improbable entre PAIN et ZORN), et qui aujourd'hui approche la perfection dans son genre. 

Oublions ce satané saxophone quelques instants, et concentrons nous sur le reste. SHINING affectionne toujours autant les ambiances groovantes de dancefloor underground ("Burn It All", aussi Zombie que Manson que KMFDM), l'exploration urbaine à la lisière du vieil hôpital Métal et de l'ancienne usine Electro ("Last Day", très Indus/EBM Allemand, avec cette touche de légèreté typiquement nordique), et même les attentions mi intimistes, mi MINISTRY en goguette ("House Of Control", long, sinueux et enivrant). En gros, ils touchent à tout, mais aussi...au saxophone. Alors dans ce créneau à vent et à souffle, le vent l'emportera, et "Need" de se complaire dans un foutoir bizarre qui introduit au lubrifiant FreeBlack des orifices purement Techno métal à la SPINESHANK, ou "House Of Warship" de traduire en Norvégiens les exactions bruitistes de LITTLE WOMEN et DEAD FRANK, sans jamais chercher à les édulcorer.

Mais même dans ces cas là, ça passe comme une anche entre les lèvres, et ça coule le long d'une gorge brûlée par les respirations, haletant d'une rythmique passée à la gégène, sans que l'on se sente gêné le moins du monde. Il est clair que ce sont ces moments là qui vous feront vous demander pourquoi vous avez jeté une oreille dessus, mais ils sont à l'image du groupe. Farouchement indépendant, et...décalé. 

Et il serait franchement pitoyable de réduire SHINING à ce satané instrument et tous les délires qu'il peut engendrer. 

On savait depuis Blackjazz qu'ils avaient trouvé une éthique intéressante, et Jørgen l'a poussée à son extrême en empruntant de ci de là des sonorités délicieusement vintage, qu'on trouvait sur le Pretty Hate Machine de Trent Reznor, ou même sur certains opus de DEPECHE MODE dans les cas de synthé/rythmique les plus analogiques. Un feeling un peu FILTER propulse aussi les compositions les plus entre deux eaux, à cheval entre Indus/Techno Métal light et Hard Rock à la pêche contagieuse. En fait, comme je l'ai déjà énoncé plus tôt, sans vraiment faire bouger le cocotier, International Blackjazz Society relie Blackjazz et One One One, sans chercher la surprise, même si parfois, le mélange entre Free et Métal est parfaitement équilibré et salement efficace ("The Last Stand"). 

On se dit parfois que le fossé entre les vomissements du saxophone et les titres plus abordables est un peu trop creusé, mais je ne crois pas me tromper en affirmant que c'est un choix conscient. Mais les errances dans les couloirs de l'Electro Pop 80's sont faciles à suivre, et après tout, ce nouvel album n'est en aucun cas gâché par un quelconque filler lâché avec facilité.

L'efficacité est toujours le maître mot de SHINING, et si "House Of Control" se démarque quelque peu, le reste vous semblera familier, mais vous retrouverez cet univers avec un grand plaisir, tant la mixture est unique et étanche la soif d'aventure musicale. 

Alors...le saxophone. 

Oui il est toujours là, et il le sera toujours. A Jørgen maintenant de savoir sur quel paroi il veut lui faire écho. Si le triptyque est aujourd'hui achevé en beauté par un volume "bonus" (cet album), il est clair qu'il faudra tenter, essayer, au risque de se planter pour ne pas lasser.

A l'image de VENOM qui n'a pas su se renouveler, il serait dommage que SHINING tourne en rond, et finisse par lasser.

Mais après tout, combien de groupes peuvent se targuer d'avoir inventé un style? Je fais confiance à ce satané saxo pour nous surprendre encore, pour peu qu'il se taise un peu et laisse plus d'espace à des moments comme "House Of Control"...sans toutefois disparaître. 

Ses anches si sexy me manqueraient trop...

 



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