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Metal and Oddities Reviews
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25 novembre 2015

MISSA MORTVM - Et Lux Perpetua Luceat Eis...

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Satanah Records - Occult Black Métal - Chili - 22 Août 2015 - 5 titres – 42 minutes 

"Et pendant ce temps là, à Santiago du Chili" 

Ca aurait pu commencer comme ça, comme dans un film au calembour exotique et décalé, et le pire, c'est que ça n'aurait pas été loin de la vérité... 

Ah mais non je vous l'ai déjà faite celle là. Je radote. Veuillez m'excuser.

Mais bon, après tout, l'histoire commence aussi à Santiago, alors l'erreur est humaine. Sauf que cette fois ci, l'agression est évidente, et beaucoup plus...occulte. Sans aller jusqu'à parler du Palo Mayombe Mexicain (qui je le sais n'a rien à voir avec le Chili), la noirceur et les obsessions de MISSA MORTVM sont quand même bien ancrées dans une culture anti-cléricale assez peu représentée il est vrai sur le continent sud américain. Et c'est assez explicite, sans avoir besoin d'aller plus loin en avant dans l'oeuvre en elle même. La Messe pour les morts, Que la lumière perpétuelle luise pour eux, ce premier album des Chiliens est à peu près aussi éloigné du Requiem de Mozart que peut l'être un misanthrope de l'abnégation et du pardon. 

De l'abnégation, Ots le principal meneur/créateur de MISSA MORTVM n'en fait pas preuve. Son Black Métal aux teintes modernes se contente de creuser encore plus la tombe de la mélodie et de l'harmonie, et gageons qu'il y jettera de même quelques illusions sur l'humanité et l'espoir. Ni Raw ni Lo-fi, mais pas non plus grandiloquent, Et Lux Perpetua Luceat Eis​.​.​. malgré ses affinités latines n'est pas non plus proche du Dark lugubre d'ABRUPTUM, mais reste campé sur une position Occult Black des deux pieds. D'ailleurs les costumes de scène du groupe ne trompent personne, empruntant les codes de SUN O))) et du CELTIC FROST de la tournée Monotheist, pour une célébration en ténèbres majeures. Longs morceaux aux ambiances poisseuses et délétères, incantations vocales, progressions, digressions, tout l'univers du Black contemporain lourd et emphatique est revisité, avec quelques allusions au Doom de ci de là. 

Cinq longs morceaux, pour une éthique qui ne dévie jamais. Blasts, longs segments écrasés par une double grosse caisse qui enserre le thorax dans une étreinte fatale, arabesques de guitares qui survolent le tout comme une envolée de corbeaux de mauvais augure...On attend la mise en terre, on prononce quelques sermons, et on pressent la putréfaction qui ne devrait plus tarder à s'activer. Chairs, robes, maggots in your coffin, et la longue nuit de recueillement peut commencer.

On baigne dans le "Chaos Nocturne" perturbé par des "Chants profanes", pendant que les "Ames Perdues" cherchent leur chemin, qu'elles finissent par trouver en "Suivant la Lumière". En gros, une célébration de la mort sous sa forme la plus classique pour un album qui se veut Requiem d'un style musical qui n'en finit plus de semer les graines de la désolation sur son passage. 

Du Black certes mais enrichi, bénéficiant d'un enrobage mettant en valeur sa puissance lourde et noire comme le jais, et qui détache bien les mots de son discours funèbre pour que chacun trouve écho dans notre compréhension. Alors non, l'ensevelissement n'a rien de nouveau, c'est grave comme une tristesse d'adieu, mais suffisamment éloquent dans ses termes pour varier le propos sans tomber dans la paraphrase malheureuse. Vous pouvez rester tout du long, mais si une version succincte de l'affaire vous sied mieux, l'épique et violent "Amissa Amina" saura vous suffire puisqu'elle résume à elle seule toute la démarche. Vitesse, lourdeur, emphase, on sent une volonté de solennité indéniable, mais sans avoir recours à des effets cheap et systématiques. Tout est organisé autour d'un schéma musical classique, mais certaines parties de guitare inspirées, certains breaks atmosphériques rappellent même INCANTATION, sans vraiment le vouloir, et l'ambiance globale reste gelée comme un matin de deuil en hiver. 

D'ailleurs le final en forme de renaissance/désincarnation se permet même une intro mélodique, avant une fois de plus de céder à la brutalité outrancière, mais sans en rajouter non plus. C'est d'ailleurs ce qui fait la force de ce premier album des Chiliens, qui parviennent à être envoûtants sans exagérer ni forcer le trait. Les choeurs désincarnés qui se perdent dans la nuit succèdent aux cris sourds et vibrants, les arpèges s'enchaînent aux riffs dignes d'Euronymous, et tout ceci garde une variété de ton sans perdre la cohésion de vue. Et surtout, sans sacrifier la puissance sur l'autel du nihilisme musical. 

Un très bon album de Black Occulte, voilà ce qu'est Et Lux Perpetua Luceat Eis​.​.​.A rapprocher de LUNAR MANTRA pour les inflexions orchestrales, et pour cette volonté d'insuffler un romantisme morbide à une structure très crue. Décidemment le Chili est une terre de contraste, mais je suis heureux de constater que les groupes locaux parviennent à faire entendre leur voix en dehors de leur pays d'origine. Cela dit, il n'est pas évident que MISSA MORTVM attire les âmes apaisées et favorise le tourisme...Mais les nuits sont belles en Amérique du Sud. Sauf que de temps à autres, une simple ballade peut se transformer en rituel de mort. 

Alors prévoyez une bonne lampe de poche, et une bible, on ne sait jamais.

 

 

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