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Metal and Oddities Reviews
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25 novembre 2015

UNDERLING - Bloodworship

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Heavy Atmospheric Black Métal - USA - 5 Octobre 2015 - 8 titres – 42 minutes 

Je parlais il y a peu des possibilités d'élargissement et de mutation du BM, et j'en trouvais des exemples dans l'actualité récente. Je me déclarais satisfait du glissement progressif et des ouvertures multiples du genre, et une nouvelle pierre vient de s'ajouter à l'édifice de ma confiance en la sortie du premier longue durée du projet Californien UNDERLING. Formé en 2011 par la section rythmique croisée de FALLUJAH (Robert Morey, basse), et BATTLECROSS/ARKAIK (Alex Bent, batterie), épaulés par Antoni Palermo (chant), Jacob Zacharia/Luke Farmilio (guitares), ce side pas si project que ça n'avait jusqu'à présent propagé ses idées que par l'intermédiaire de compilations et de deux EP (Crows et Breathe Deeply), et avait éveillé l'intérêt de l'underground par ses prises de position libertaires et à la croisée des chemins. 

Bloodworship vient entériner ce constat de fort belle manière, et si le quintette use toujours des bases du BM pour appuyer ses idées, ses inclinaisons clairement Post et Sludge l'agrémentent d'une couche opaque augmentant de fait sa puissance de frappe. On aurait pu légitimement penser que la musique serait influencée par le passé/background des deux illustres fondateurs, mais il n'en est rien. UNDERLING est une entité globale et non une simple digression pour amuser la galerie, et Bloodworship est là pour le prouver, puissamment d'ailleurs. Sous une pochette une fois de plus superbe, vous découvrirez huit morceaux assez développés pour vous intriguer, et desquels émane un parfum étrange et indéfinissable. Car si "Blackout" garde encore les stigmates d'un BM très abrasif et corrosif, ne vous laissez pas leurrer et basez vous plutôt sur ses interceptions Heavy qui le découpent en longueur, elles sont plus révélatrices de la marche à suivre. On est même souvent très loin du courant nordique des 90's, et le groupe cite régulièrement toutes ses influences, du Heavy au Sludge en passant par le Darkcore malsain, et le Doom lointain. 

Aussi surprenant que ça puisse paraître, même le Métalcore décapant est abordé, via l'intermède "Adore" qui le noie dans une boue BM épaisse et compacte, sans ménager une intro mélodique du plus bel effet. Mais après deux ou trois écoutes, l'éveil est brutal sur une composition déjà lâchée à la presse il y a quelques temps, le monolithe énorme "Downpour", qui pendant six longues minutes ne lâche pas des dents un Sludge/Doom écrasant et menaçant. La violence tapie s'écoule par vagues successives, qui refluent et confluent dans un ballet hypnotique, orchestré par une section rythmique au mimétisme des réflexes impressionnant. Cordes graves qui poussent les vagues, guitare stridente qui les reçoit en plein manche, et chant hurlé, avant que la tempête n'emballe la côté dans un déferlement de blasts digne d'un tsunami apocalyptique. 

Dans un exact négatif climatique, "The Seventh Wall" distille des accords Post qui s'étirent le long d'un paysage très lumineux, même si de gros amas de nuages noirs viennent interrompre la quiétude en forme de concassages Death/Sludge. La contradiction entre des mélodies éthérées et d'un chant apaisé et ces fulgurances de haine provoque un électrochoc auditif qui a mi parcours est le signe indéniable d'un refus des conventions, et des restrictions créatives. Et ça n'est certainement pas un hasard si ce morceau est immédiatement suivi par le très hermétique "Clawing At The Rot", au monochrome Post Black qui ondule au gré de contretemps très appuyés, avant de laisser une gigantesque grosse caisse prendre le relais. Quelques blasts soulignés de rais de guitare entièrement BM, histoire de citer l'héritage rythmique de Hellhammer de MAYHEM, et il devient alors très difficile de cerner les contours précis d'UNDERLING... 

Et la tâche s'avère de plus en plus ardue au fur et à mesure que l'album progresse, même si les instants les plus courts et concis sont cachés près de son terme. "Stay" s'amuse par exemple d'un up tempo presque joyeux, tout en le lacérant régulièrement d'accélérations brutes et sans transition. La basse tient une fois de plus un rôle majeur, et circule en bas de manche pour quelques boucles dynamisantes, rôle qu'elle conserve sur le long final "Becoming The Faintest Light" qui cette fois ci rompt complètement les ponts déjà construits. Douceur harmonique, Post Rock évaporé et évanescent, notes distillées avec parcimonie pour une humeur nostalgique, c'est un virage en forme de demi tour qui s'achève dans un torrent de haine, histoire de laisser l'auditeur sur une sensation étrange de perdition musicale manifeste. Là où commencent les choses, elles ne s'achèvent et c'est un postulat qui sied à merveille aux Californiens. 

Oui, le BM a encore énormément de choses à dire, mais peut on encore au moins l'appeler comme ça? Dans le cas précis de UNDERLING et Bloodworship, la réponse est claire et négative, puisqu'il n'est qu'une composante parmi tant d'autres.

Mais on ne peut nier l'envie de s'affranchir de codes trop figés, et ce premier album est un témoignage flagrant des velléités de liberté qui animent l'esprit de certains musiciens, fatigués de tourner en rond.

Mais ça n'est pas pour autant que leur démarche est limpide et linéaire, bien au contraire. Elle est juste instinctive, et espère provoquer en vous des réactions entières.

 

 

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