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Metal and Oddities Reviews
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25 novembre 2015

HATCHET - Fear Beyond Lunacy

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The End Records - Thrash - USA - 30 Octobre 2015 - 10 titres – 44 minutes 

A force de constater l'étendue de l'invasion du revival Thrash de ces dernières années, et de voir des combos émerger d'Indonésie, du Chili, de Colombie, de Russie ou de l'Illinois, on en venait presque à croire que la terre promise d'origine avait oublié d'éduquer ses petits enfants correctement. 

Mais heureusement, il n'en est rien, et cette région de Californie n'a pas totalement oublié d'inculquer à sa jeune génération le respect des anciens, comme le démontre ce nouvel album des gamins terribles de HATCHET. Formé en 2006 dans ce faubourg si célèbre de la Bay Area, HATCHET est d'abord passé par l'étape logique des démos, avant de proposer en 2008 son premier album, Awaiting Evil (Metal Blade), qui témoignait d'un sens classique efficace et percutant. Après un Dawn Of The End et une signature sur The End Records, les voici donc de retour avec un line up une fois de plus remanié autour de son leader/guitariste/chanteur Julz Ramos, qui s'exprime d'ailleurs en ces termes: 

"Comme je suis le moteur de ce groupe et le principal compositeur de ce nouvel album, je peux affirmer sans crainte qu'il est notre meilleur disque sorti à ce jour. Les chansons sont plus puissantes, les riffs plus accrocheurs, mais les thèmes restent focalisés sur cette société d'esclaves des médias, qui vivent dans la peur" 

La société, l'asservissement mental et la culture distillée au compte gouttes, les inégalités, les conspirations qui se déguisent en simple entrefilets dans les journaux, les thèmes sont connus et recyclés depuis la naissance du Thrash dans les années 80. Oui, on peut le dire, HATCHET est bien le digne petit fils des EXODUS, FORBIDDEN, TESTAMENT, DEATH ANGEL et autres MORDRED, cette lignée ayant un jour défini les grandes lignes d'un genre qui trouve encore de nouveaux porte-parole, même dans sa région natale. Et si le discours de Ramos sent l'hagiographie promotionnelle à plein nez, je me dois de modérer mes sarcasmes car l'homme ne fait pas preuve d'excès de confiance ni d'une tentative de corruption de l'objectivité par ses mots. Fear Beyond Lunacy est bien le meilleur album sorti par son groupe. 

Avec son chant nasillard si caractéristique à la Schmier, le leader mène sa barque à vitesse grand V, mais pose de temps à autres les rames pour laisser le courant le porter là où il doit aller. Alors ce troisième LP alterne avec bonheur riffs saccadés, rythmiques purement Thrash mais aussi breaks Heavy, soli brillants, le tout pendant trois petits quarts d'heure que l'on ne sent pas passer. Une grosse rouste brillamment collée, qui sait ne pas se fixer sur la brutalité à tout prix, et qui fait surtout preuve d'une dextérité et d'une précision diaboliques dans le rendu, un peu comme si EXODUS taillait ses rasoirs sur la meule de puissance de TESTAMENT, avant d'en faire polir les lames par DESTRUCTION. C'est en somme un brillant résumé de la première génération Bay Area Thrash, qui bénéficie en sus d'une production à laquelle les pionniers n'ont jamais pu prétendre, sans pour autant réutiliser des ficelles déjà usées jusqu'à la trame. 

Espérons que cette fois ci Julz ait enfin trouvé les compagnons d'armes avec lesquels il va pouvoir s'entendre, car ce nouveau line up carbure du feu de Dieu, et montre un bel esprit d'équipe qui se transforme même assez vite en osmose. 

Et si le LP débute sur un morceau que Schmier et ses troupes auraient pu composer il y a trente ans, ne vous attendez pas pour autant à un succédané de Bestial Invasion ou Sentence Of Death. Non, HATCHET flirte toujours avec toutes les nuances qui lui sont offertes par la palette de couleurs, et valse entre Speed ténu et Thrash bien cousu, abordant autant HEATHEN que TESTAMENT, et même dans les parties les plus Heavy un LÄÄZ ROCKIT beaucoup plus inspiré que l'original. En gros comme en détail, le tout distille effectivement un sacré paquet de riffs catchy, sans occulter les mélodies Heavy, et les accélérations restent somme toute modérées. Nul n'est ici pour faire du bruit, mais bien une musique puissante qui tient au corps. "Lethal Injustice" en est un exemple concret, et reste le plus souvent collé à un mid tempo ultra efficace, sans négliger quelques coups de boutoirs digne du séminal Breaking The Silence de HEATHEN, en plus compact toutefois. 

HATCHET a trouvé le bon dosage entre agression claire et nette et séduction mélodique prononcée, et laisse même parfois chuter quelques pavés bien lourds, sinueux et vicieux, comme ce "Killing Indulgence" sur lequel les guitares tombent toujours d'accord. Mais même si le tempo ralentit, l'ambiance générale reste bien suintante, et ce Heavy Thrash dans la droite lignée de FORBIDDEN ou MORDRED est un modèle du genre. Peu de morceaux courts, pas de Speed/Thrashcore, HATCHET est trop à cheval sur les principes musicaux pour céder au chaos, et souvent, le TESTAMENT de The New Order et le MORDRED de Fool's Game viennent nous chatouiller la mémoire ("Dead And Gone"). 

Le cap du troisième album a donc été franchi avec aisance et brio par ce quatuor qui a bien appris de leçons enseignées par ses maîtres, tout en laissant plus d'espace à une basse qui à l'époque souffrait terriblement de l'indifférence des mixages qui la condamnaient au silence ("In Fear We Trust").

Et si un trip nostalgique vous fait envie, Fear Beyond Lunacy saura vous proposer un voyage de luxe en car grand tourisme, qui vous fera arpenter les terres de naissance d'un Thrash de grande qualité, histoire de ne pas oublier d'où pratiquement tout est parti. 

Nostalgiques oui, mais bien dans leurs baskets. 

 

 

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