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Metal and Oddities Reviews
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25 novembre 2015

SOLANUM - Into The Sinner Circle

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Horror Pain Gore Death productions - Thrash Crossover - Canada - 2 Octobre 2015 - 7 titres – 37 minutes 

Ma matinée sera Thrash ou ne sera pas. Oui, il y a des jours comme ça ou sans faire exprès, on reste campé sur ses positions, même si on risque les crampes. Quoique dans ce cas très précis, les muscles sont déjà chauds, et continuent d'être sollicités, à un régime assez soutenu il est vrai. Il y a eu la Bay Area, classic vintage, mais le Canada n'a jamais été en reste. Certes, dans les 80's, il était plus volontiers mélodique, ou alors complètement débridé (RAZOR, AGGRESSION, etc...), mais nous ne sommes par dans l'Ontario pour l'instant, mais bien à Winnipeg.

Mais pourquoi faire?

Pour y rencontrer des furieux de chez furieux qui n'ont pas oublié qu'avant d'être une musique de mâles virils, le Thrash était aussi une bande son pour branleurs rivés à leur skate dévalant des rues à fond la caisse. 

Bon, le Crossover ça vous talke?  Vous vous souvenez de ces rythmiques dominées par une basse énorme qui roulait comme un escalator?

Des noms, vous avez la mémoire courte? Bien, pas de soucis, LUDICHRIST, SOD, CRUMBSUCKERS, WEHRMACHT, les CRO-MAGS, ENGLISH DOGS, EXCEL, j'en passe et des plus bourrins, en gros, la crème des délinquants qui n'hésitaient pas à fricoter avec le Hardcore. Les puristes hurlaient à la trahison les fanzines de faisaient une raison et finissaient par aimer, mais les fans eux décollaient, parce que c'était euphorique et bestial, tout en restant ludique et fatal. Nul n'a oublié cette cadence d'abattage du duo basse/batterie qui ramonait la piste pour que les roues du skate glissent, et si les SUICIDAL ont vite abandonné le créneau, d'autres y sont resté accrochés. Même aujourd'hui d'ailleurs. 

Une démo, un 7'', un Split et un LP, appelez ça comme vous voulez, mais ça sent quand même fort le format Hardcore par excellence. Et en parlant d'excellence, les SOLANUM peuvent viser le tableau d'honneur, sans résistance du jury. A gauche, la solidité et les riffs du Thrash, à droite les libertés rythmiques et la folie du Hardcore. Au milieu, un crossover qui dépote, et qui ne fait pas dans la dentelle. Loin d'avoir opté pour les zygomatiques stimulés par un Mosh trop revisité, les quatre canadiens (Anders Land - batterie, Leeroy Shodine - guitare, Cam McFee - chant, Mike Menza - basse) se sont lancés à corps perdu dans un Trash N'Core qui envoie tout balader, y compris les copines venues traîner. Basse à la Lilker, accélérations démentes à la WEHRMACHT, concision à la EXCEL et rugosité Core à la CRO-MAGS (on aurait bien vu Flanagan s'amuser à la basse d'ailleurs sur certains morceaux), ici c'est l'efficacité qui prime et le classicisme qui domine. On ne se prend pas la tête à insuffler du renouveau, on utilise touts les trucs bien costauds pour quelques morceaux qui tapent fort et vite. 

Alors pour ça, il n'y a pas cinquante façons de procéder, comme le dit le label avec raison, "no bullshit, no filler". 

On pique les rythmes de DEMOLITION HAMMER, on salue les potes d'IRON REAGAN au passage pour les riffs aux épaules larges dont on partage l'influence NUCLEAR ASSAULT/VIO-LENCE ("Into The Sinner Circle/Righteous Refusal", terrassant de puissance), et on cavale les yeux plissés pour ne pas trop choper le vent ("Narcotic Collapse", plus radical et direct qu'une vilaine colère de Phil Anselmo). Pas vraiment de surprise, à part bien sur cette basse sèche et dynamique qui joue des coudes pour s'imposer ("Strangled By Disease" et son intro qui rappelle brillamment les CRO-MAGS métalliques ou le velouté core d'EXCEL), mais sept morceaux qui percutent de front la mauvaise humeur ambiante pour la transformer en party, et sans genouillères je vous prie. 

Sous cette production nickel qui équilibre les médiums et les graves, Into The Sinner Circle se projette vingt cinq ans en arrière tout en jouant le revival à sa mémère. Les GAMMACIDE s'invitent même à la fête, avec ce phrasé de chant ininterrompu qui gueule ses insultes alentours, on scotche les riffs à la ceinture, et on suit la course folle d'un Heavy qui n'en finit plus de nous arracher les cheveux ("Beg For Your Life", un des plus hargneux du lot). En moins de quarante minutes,  SOLANUM ne s'embarrasse pas de problématiques superflues et joue crânement la carte du crossover de légende. Thrash aux entournures, mais Harcore à l'encolure, on pioche dans le coffre de la Bay Area, fouillant dans ses tiroirs les plus méchants, et on range ça dans le sac Heavy N'Core pour bien faire remuer les souvenirs. D'une puissance redoutable, ce premier LP aurait pu se placer à l'époque dans les meilleures sorties du genre, et faire la nique à bien des combos. Avec un enthousiasme sans limites, les Canadiens nous offrent un LP survitaminé, qui enfile les riffs accrocheurs et les rythmiques tête de moteur, sans jamais faiblir ni manifester la moindre baisse de régime. 

Depuis leur Split avec leurs amis d'EPI-DEMIC, les progrès accomplis ont été remarquables, même si le fond n'a aucunement changé. Mais le professionnalisme dans le délire est de plus en plus appuyé, et la joyeuse bande ne se prive pas de le démontrer avec une certaine fierté.

L'album Thrashcore revival de l'année? Peut être, mais surtout sept bonnes raisons de vous éclater, et regardant un peu ému votre discothèque de l'époque larmoyer devant tant de respect.

Fait froid au Canada, faut bien se réchauffer tabernacle!

 

 

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