GET SCARED - Demons

Fearless Records - Post Hardcore - USA - 30 Octobre 2015 - 11 titres – 40 minutes 

Ils sont jeunes, ils sont forts, ils sont beaux, et ils viennent de...l'Utah. Scared est leur troisième album après Best Kind Of Mess en 2011 et Everyone's Out To Get Me en 2013. Cette étape cruciale est une fois de plus produite par Erik Ron qui travaille avec eux depuis leurs débuts, et sonne immanquablement pro, mais c'est tout à fait normal puisque ce quintette l'est jusqu'au bout des ongles. Donc, ils sont jeunes, forts, beaux, sentent bon la sueur chaude et viennent de l'Utah. Mais ce qu'il faut savoir à propos des GET SCARED, c'est qu'ils jouent du...Métalcore.

Oui, on va dire que je fais exprès de m'intéresser de près à un style musical que j'ai toujours détesté, sans doute à cause de mon âge canonique, mais que voulez vous, j'en ai marre de rester cantonné à l'AOR et au Crust/Grind et autres dérivés bruitistes, alors je ventile. Je ventile certes, mais je fais preuve de discernement, et je ne parle pas de n'importe qui. Certes, ce Demons ne propose pas grand chose de neuf qui pourrait me rallier à la bannière du Post Hardcore/Métalcore, mais son efficacité, ses mélodies bien troussées et sa conviction m'ont donné envie de saisir mon clavier pour coucher mes impressions. 

Vous connaissez tous cette musique de jeunes, qui emprunte au Métalcore ses accents de guitares haineux, et ce chant tout en dualité schizophrénique, alternant les refrains chantés d'une voix sucrée et ses breaks hurlés. C'est un fait, c'est un genre qui sied particulièrement bien à une frange adolescente du public, ou qui a su le rester, et les exemples sont nombreux, de BRING ME THE HORIZON à MY CHEMICAL ROMANCE, en passant par THE USED et tant d'autres, LINKIN PARK en tête de liste, au niveau des chefs de file. Non, je n'ai jamais accroché, parce que j'ai le sentiment à chaque fois d'écouter une nouvelle démarcation et non une innovation, mais on ne peut nier que ces groupes ont su replacer le Métal comme centre d'intérêt pour la jeunesse, et merci aux PAPA ROACH et tous leurs suiveurs pour ce ralliement à la cause Métal.

Et après tout, le Post Hardcore vu par les Américains n'est rien de moins que le Hardcore Teen actuel, et il serait possible - avec des efforts cela dit - de voir en GET SCARED un nouveau Black Flag ou un jeune Fugazi. Avec beaucoup d'efforts je vous dit, ne soyez pas mesquins! 

Somme toute, et cette intro maousse enfin à son terme, parlons de ce troisième album, qui comme je l'ai déjà dit est un virage délicat à négocier, surtout pour un jeune groupe qui veut s'imposer sur le long terme. Demons, ok, mais lesquels? Le temps qui passe comme semble le suggérer la pochette, et qui renvoie chaque sortie d'artiste dans les arcanes de l'éphémère, aussitôt remplacés par the next big thing qui crève d'envie de prendre leur place. Mais musicalement, GET SCARED est justement en place, et ses deux premiers albums lui ont permis de savoir se situer et de placer ses attaques de façon optimale, ce que les musiciens font aujourd'hui avec un brio indéniable. Demons est précis, s'accroche à une formule et n'en dévie que très rarement, posant des bases connues en forme de couplets mélodiques et presque romantiques en porte à faux avec des segments beaucoup plus agressifs, secoués par des riffs béton qui balaient tout sur leur passage. 

Refrains hyper accrocheurs, voix juvénile qui se sort les tripes régulièrement, Demons contient son lot de hits Métalcore qui brillent sous le soleil de la colère adolescente, et le tout est très carré, très pro, et ne souffre d'aucune hésitation ni approximation. 

Certes, nous avons déjà entendu ça des centaines de fois, ne serait ce que lors des jeunes années de MY CHEMICAL ROMANCE, mais c'est bien fait, agréable à écouter la plupart du temps, et rythmiquement imparable, avec cette batterie qui colle au phrasé vocal comme un amoureux transi aux basques de sa copine. Je ne jouerai pas les vieux cons en descendant gratuitement un groupe qui ne me parle pas, et je jugerai donc Demons pour ce qu'il est, à savoir une preuve évidente des capacités du quintette. C'est même parfois entêtant, comme ce "The Devil's In The Detais" à l'atmosphère sombre, qui soudain cavale d'un break véloce qui surprend son monde. La tonalité du LP est d'ailleurs assez noire, les riffs ne font d'ailleurs pas grand chose pour illuminer un peu l'ambiance, et on pense sérieusement à un croisement mordant entre PAPA ROACH et THE USED, sans le côté Rapcore qui pourrait nous les briser menu. 

GET SCARED n'hésite pas comme bon nombre de ses camarades à diluer son Métalcore dans une Pop facile d'approche histoire de rendre ses chansons encore plus addictives, et chaque titre semble avoir été pensé pour le live, de façon à exploser à la face d'un public conquis d'avance ou restant à séduire. Le morceau d'intro et single de l'album "Buried Alive" est d'ailleurs un des plus agressifs, et se lâche dès les premières secondes, en tenant en laisse un riff circulaire qui fouine dans tous les recoins, avant une fois de plus de se calmer à l'occasion d'un refrain Pop Rock très bien senti.

Et d'ailleurs les Américains prennent soin de refermer leur troisième effort avec un morceau du même calibre, "R.I.P" qui explose d'une gigantesque bourrasque rythmique sur laquelle la voix se laisse complètement aller en lâchant un cri effrayant. 

Production bien évidemment aux petits oignons, choeurs soignés, parties de guitare mesurées au centimètre près, tout est calibré, rien ne dépasse, et beaucoup trouveront ça un peu trop propre et manquant singulièrement de naturel et de spontanéité. Mais c'est le style qui l'exige, et dans ce créneau, les GET SCARED sont devenus au fil des années une valeur sure que les fans adorent, à juste titre puisqu'il progressent d'année en année. Alors, inutile d'écouter Demons si c'est pour le transformer en exutoire pour haine revancharde, mais si une grosse dose de Métalcore bien joué et efficace vous semble la chose à faire, alors Demons vous comblera, comme il comblera les fans du groupe qui seront enthousiasmés par ces onze nouveaux titres. 

Être objectif ça se travaille. Tout comme être un bon groupe de Post Hardcore. Et les GET SCARED ont très bien travaillé. Et ça, ça mérite un bon point, et pas une fessée.