FROM THE HEART - Leave It All Behind

WTF Records - Hardcore - Pays Bas - 14 Février 2015 - 14 titres – 27 minutes 

"Ça se voit comme le nez au milieu de la figure". Ou plutôt, ils sont ce qu'ils sont, en gros, comme indiqué, il n'y a pas tromperie sur la marchandise. On lit en eux comme dans un livre ouvert.

Mais le coeur les gars, le COEUR.

C'est tout ce qu'il y a à savoir parfois. Que le coeur affiche une façon de penser, une sincérité musicale qu'on ne peut pas dissimuler. Et c'est tant mieux. Des Pays Bas, Rotterdam, nous vient ce quatuor qui ne fait pas grand secret de ses affinités musicales. Responsables d'une première démo quatre titres en 2012, les FROM THE HEART ont opté pour un patronyme qui joue franc jeu. Et une musique qui ne fait pas plus de mystères. De là, si vous aimez le Hardcore straight in your face, ces vingt sept minutes passées avec Dennie (chant), Jack (guitare), Aart (batterie) et 'Tymen (basse) vous combleront comme un pit rempli de coreux prêts à en découdre, sympathiquement bien sur, affinités obligent. 

Comme d'habitude, ce Hardcore fortement métallisé fait forte impression dès ses premières secondes. Je l'ai dit, le but de FROM THE HEART n'est pas de créer la surprise, mais plutôt l'ambiance. Imaginez une vieille salle de concert batave, aux murs décrépis, avec une bonne centaine de fans qui attendent le moment fatidique, en trépignant. Voilà, fermez les yeux, lancez Leave It all Behind et vous y êtes. D'ailleurs, ils ont partagé la scène avec des gloires du cru, comme STRENGHT APPROACH, PAID IN PAIN, ALL FOR NOTHING, et partagent aussi des accointances avec à peu près les mêmes, et puis NO TURNING BACK ou BACKFIRE. Ils ne s'embarrassent pas de principes superflus, et mélangent la rigueur de l'Eurocore avec la rudesse du NYHC, ce qui produit une musique cent pour cent efficace, gorgée de testostérone, de sueur, et surtout, de franchise Core radicale. Leur musique est simple, basée sur des principes éprouvés. Riffs à la lisière du Métal, comme ceux de SUICIDAL fut un temps, choeurs revanchards dignes du meilleur NYHC, et rythmiques enlevées, très européennes et parfois proches du Fastcore, sans pour autant tomber dedans complètement. 

Leave It all Behind à toutes les conditions du live, et semble avoir été enregistré dans une impulsion et un effort de groupe instinctif, mais elle n'est pas pour autant approximative. Le tout sonne hyper carré, et donne envie de lever le poing pour hurler des refrains scandés en choeur avec ses héros du jour. FROM THE HEART donne clairement la pêche, et cartonne avec une puissance maximale sur des morceaux courts, qui ont tous leur place au sein de ce premier album qui explose tous les recoins de la pièce. No bullshit, just reality, pourrait être la devise du quatuor qui n'a pas oublié Roger Miret ni la vague scandinave Core de ces cinq dernières années, et frappe fort, vite, et sans regrets.

Chaque titre est prétexte à une avalanche de riffs tendus et teigneux, qu'une solide rythmique soutient de ses bases, le tout à la puissance décuplée par un chant un peu aigu et adolescent qui crache sa haine de la société et des inégalités. 

Nous nageons en pleine tradition, et souvent, elle a du bon, surtout lorsqu'elle est célébrée de manière aussi franche.

A l'aise dans leur Speed, les Hollandais le sont aussi lorsque le tempo ralentit, et posent alors des jalons bien Heavy de Hardcore métallisé, et se font violence, agression, sans pour autant déborder sur un Core trop Noisy. Non, ici, c'est propre, on exige pas les patins, mais il faut jouer carré.

En gros, les kids qui écouteront cet album en 2015 ressentiront les mêmes sensations que leurs aînés qui avaient découvert à l'époque My War, Cause For Alarm ou Join The Army, et n'auront qu'une envie, voie les FROM THE HEART sur scène pour pogoter, slammer et passer un bon moment radical mais bon enfant. 

Car la violence ici est saine, le propos n'est pas gimmick mais leitmotiv, et les refrains scandés d'une voix assurée arrivent à convaincre sans problème. Les plans s'alignent avec fluidité, et la spontanéité est de mise. Somme toute, la colère est canalisée pour atteindre une efficacité optimale, et ça s'entend à chaque sillon. Que la charge soit lourde et compacte ("Rest In Peace", qui finit quand même par se lâcher), ou au contraire limite Fastcore ("Predator"), rien à jeter, vous pouvez y aller sans vous poser de questions. 

Eux en posent, et font réfléchir. Ils font réfléchir à grands coups de riffs Métal ("Hate", syncopé mais fast), en tricotant des structures complexes et multiples ("Dead Man's Trigger", un des plus alambiqués du lot), mais atteignent à chaque fois leur but: toucher les Hardcore addicts en plein coeur. 

Voilà, vous savez tout maintenant, alors allez y et écoutez. Leave It All Behind est une sorte de conseil no bullshit, laissez vos soucis à la maison, et venez dans la salle, puisque c'est là que la musique prend vie. Et ce premier album est la bande son parfaite d'un concert virtuel à la maison, lorsqu'il vaut mieux éloigner les gosses et protéger la télé.

Un genre de Guitar Héro en conditions réelles, et sans jouet dans les mains. Juste une grosse guitare, et une envie folle de tout envoyer chier pour reconstruire sur des bases plus saines.