OVERVIOLENCE - Rapturous Expulsion

Crust Grind - Suède - 6 Juin 2015 - 12 titres – 8 minutes 

Puisque ce matin j'étais en Norvège, autant rester en Suède et parler avec des Danois. Non, je m'égare, mais à force de passer mon temps dans des pays scandinaves en compagnie de flingués qui érigent le bruit en tant qu'art majeur, je vais finir par avoir des Fjords qui poussent dans mon jardin comme des tubes d'oeufs de saumon. Mais ici, on est pas chez Ikea, et heureusement sinon le monstre suédois du meuble à monter aurait bien du mal à retrouver ses étagères Billy. D'ailleurs, je suis persuadé que les trois tarés du jour montent leurs meubles à l'envers juste pour le plaisir de voir le contenu des tiroirs se casser la gueule par terre.

Un 7'', c'est toujours un plaisir à chroniquer, parce que ça va vite, spécialement lorsqu'il est gorgé d'un Crust tirant sur le Grind qui ne fait aucun compromis. 

Nos terreurs du jour se nomment Esse (guitare, grognements), Henke (basse, hurlements) et Erik (batterie épileptique), et se sont rencontrés après avoir mis de côté leurs projets respectifs. Ils jouaient déjà tous dans des groupes localement reconnus, comme CROWPATH, SEWN SHUT, TELLUSIAN ou WIDESPREAD BLOODSHED, avant de réaliser que leur seul but viable dans la vie était de composer des chansons en-core plus courtes, en-core plus rapides, et en-core plus courtes et rapides. Il semblerait qu'ils aient atteint leur but assez facilement, puisque les douze morceaux débordant de ce single ne dépassent jamais la minute, exception faite de l'intro "Overviolence/Everything Ruined" qui met les choses au point dès le départ. 

Avec un nom pareil et des intentions affichées clairement, les Suédois jouent franc jeu, et ruinent tout ce qui passe à la portée de leurs instruments. Dans la grande lignée des trio faisant flamber le Crust sur la grille du barbecue Grind, la finesse n'est pas vraiment leur préoccupation majeure, et si certains morceaux laissent traîner quelques stabilités Hardcore, la vélocité et la férocité semblent être les seules obsessions de ce single, resté inédit jusqu'à ce jour. 

Et il eut été dommage de le laisser prendre la poussière sur la commode, tant sa force de persuasion est totale. A cheval entre le radicalisme outrancier de la scène extrême anglaise et une rigueur tout à fait nordique, Rapturous Expulsion accumule les coups de boutoir en pleine gueule, et jette en pâture aux fans de THE KILL, URSUT, et autres SUFFERING MIND ou ABSOLUT douze morceaux vindicatifs au possible, et torché d'une folie instrumentale et vocale tout à fait enthousiasmante. On sait dès le départ où le trio veut nous emmener, et on se laisse guider sans se méfier tant la franchise est de mise. Après tout, lorsqu'on anticipe la violence celle ci se révèle être un exutoire tout à fait jouissif, surtout lorsqu'elle est pratiquée avec bonheur par des musiciens capables au phrasé carré.  

Difficile de se montrer loquace lorsque le produit concerné n'atteint même pas les dix minutes, mais sachez quand même avant que je ne tire ma révérence que parfois, le spectre d'AGNOSTIC FRONT qui aurait percuté celui d'EXTREME NOISE TERROR hante les sillons de ce single ("Live Fast"), que les trois olibrius n'hésitent pas à consacrer un chapitre entier à des dialogues étranges ("Ebola"), que lorsque trente secondes suffisent à tout défoncer, il ne vont pas plus loin ("Cleanser", genre aspirateur Crust qui dépasse les 3000 watts, "Chops" qui en effet laisse de tous petits morceaux de barbaque subsister), qu'ils ne rechignent pas à vous conter fleurette sur fond de passion hydrocéphale ("Retarded Hate", le plus salement Crust du lot), et qu'au final, le chaos s'impose de lui même sans avoir à forcer. 

Evidemment, les dissonances sont aussi là pour vous ruiner les oreilles, mais parfois, OVERVIOLENCE fait preuve d'une belle complexité compactée qui se rapproche d'un Crust Math assez alambiqué. Nous n'en sommes pas encore à la fusion intégrale DEP/THE KILL, mais on s'en approche, car les gus ont bien travaillé leur partie.

Certes, les festivités de la nativité sont terminées, mais rien ne vous empêche d'offrir ce 7'' à votre meilleur ami, qui au choix, reniera dans la seconde votre relation, ou vous fera un gros câlin avec une petite olive gratos.

La Suède étant la terre d'asile des tarés Crust qui ont depuis longtemps laissé fondre leurs neurones sans renoncer toutefois à une certaine forme d'intelligence déviante, cette chronique se pose en fait en AOC indiscutable qui devrait vous inciter à suivre mes conseils. 

Barrez vous donc le plus vite possible avant que ces psychopathes du blast ne vous rattrapent.