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Metal and Oddities Reviews
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10 janvier 2016

DELIRIOUS - Moshcircus

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Thrash N'Mosh - Allemagne - 1er Mai 2015 - 11 titres – 52 minutes 

Rassurez moi, j'en ai besoin, vous n'avez pas la mémoire courte quand même? Ne me dites pas que vous avez oublié la période bénie du Thrash N'Mosh qui a atteint son pic le jour ou ANTHRAX a sorti sa bible définitive Among The Living? Cet album en définissait en quelque sorte les dix commandements, et suite à sa parution, des dizaines de groupes leur ont emboîté le pas, pour le meilleur mais aussi...pour le pire.

On se souvient avec embarras des gauchers de naissance d'ACID REIGN, qui avec leur Moshkinstein avaient quand même réussi à refiler leur démo à Scott "Not" Ian, mais on peut aussi se rappeler des méchants VIRUS, de XENTRIX, de nos NOMED nationaux, et de bien d'autres références plus ou moins pertinentes. Le phénomène était il est vrai plus localisé aux USA qu'en Europe, ce qui n'a pas empêché quelques Anglais de tenter le coup. Et par rebond, des Allemands se sont même laissé prendre au jeu, dont certains ont émergé sur le tard, mais qui sont encore bien vivants aujourd'hui, sans avoir eu recours à la cryogénie. 

Quoiqu'au vu du parcours des teutons de DELIRIOUS, on peut effectivement se demander s'ils ne se sont pas endormi en route. Première démo en 1992, Painful Sorrow, deuxième en 1994, et puis cinq ans d'absence avant de signer Time Is Progress, leur premier LP. 

Depuis, trois autres albums, avec à chaque fois des temps de pause conséquents, dont ce petit dernier, Moshcircus qui fait suite à Made For The Violent Age, avec toutefois neuf ans de décalage. Alors les gars, on ne serait pas un peu tire au flanc par hasard? Mais avouons quand même que la patience des fans est récompensée, puisque les Allemands n'ont pas lésiné sur la quantité. Onze morceaux pour plus de cinquante minutes de musique, la pingrerie n'est pas de mise, mais est ce pour autant que la qualité est au rendez vous de la quantité? C'est un fait, mais une question se pose. A l'écoute de ce Moshcircus, je me suis longtemps demandé où se cachait le Mosh promis. Car si DELIRIOUS a bien sur subi l'influence de grands mentors de la violence, ça n'est pas pour autant qu'ils se sont fait parrainer par ANTHRAX. On pense plus à un Thrash féroce mais qui sait rester poli, et vu la durée et la teneur des titres, les riffs saillants sont plus présents que les tempi dansants. 

Mais ne soyons pas bégueule et approchons nous pour le baiser au prince charmant. Pas si charmant que ça d'ailleurs, et plutôt véhément, le cavalier est du genre thrashisant, et ne prend pas de gants pour emballer sa bien aimée en lui léchant les dents. Mais il admet avec franchise avoir puisé sa force et son courage dans les coulées de lave brûlante de la Bay Area, et de ce côté la, le bellâtre ne ment pas. Enregistré aux Ragers Elite Studio Hamm, Moshcircus n'est pas un cirque mené par des clowns du riffgolard, mais bien un spectacle de haut vol qui taille ses riffs dans le béton et fond sa rythmique dans le plomb. Certes, le manège à des airs de déjà vu, mais les cascades et roulades sont réalisées avec soin, et les guitares n'ont rien d'un tintamarre lointain. Ça riffe aiguisé et sans filet, et surtout, ça ne se contente pas de quelques tours depuis longtemps éculés. Le lapin sort régulièrement du chapeau et se fait aussitôt ratiboiser, mais parfois, les olibrius prennent leur temps pour préparer l'illusion souhaitée. 

Certaines compos poussent d'ailleurs le soin du détail très loin, et "Dead Men Rising" cherche même le rappel sous les bravos avec ses sept minutes de Thrash médium sacrément affûté. Les cousins teutons ne sont pas avares de variété de ton, et évoluent avec aisance sur un mid tempo syncopé, tandis que la rythmique des six cordes se pose en canevas de fond. La basse ne s'en laisse pas compter et fait claquer ses croches tandis que la vitesse croît, et Markus "Betty" Bednarek nous conte fleurette à la Schmier/Billy, en décalant quelques growls bien graves sur un tapis vocal aigu. Notons le gros travail effectué par Andreas Supplie qui a bien observé la main droite du frère Classen et de Mille, mais qui s'autorise quand même quelques soli bien placés, sans surjouer. Mélodique mais mordant, le folklore Thrashant des DELIRIOUS est assez euphorisant et rappelle TESTAMENT, celui qui calmait le jeu sur The New Order ou Practice What You Preach.  

Du brio, de l'envie, mais aussi quelques touches de folie. Ainsi, l'ouverture "Drowning In Your Blood" cite EXODUS et FAITH OR FEAR dans le texte, tandis que "Bloodsucker" se souvient d'Alex et Chuck en fracassant des arpèges harmoniques sur une rythmique sans tics. Le quatuor a du métier, et ça se sent pendant le spectacle qui est bien rodé, de "The Neverending Rain" et ses tours de piste à la HEATHEN/LAAZ ROCKIT à "Toxic Trace" qui sans être une reprise de notre KREATOR préféré saccade sans relâche, tout est très carré, mais non dénué d'une sincérité un peu libre.

S'ils ne sont pas vraiment délirants, les DELIRIOUS sont solides comme le Thrash, et mélangent la puissance de la sidérurgie Allemande à la précision des tourneurs fraiseurs de la Bay Area ("H.M.M.I.G"), tout en y apportant leur touche personnelle lors d'interludes étranges à la TOURNIQUET. 

Rien à dire, c'est du bon, du très bon travail, classique dans le fond et la forme, mais furieux juste ce qu'il faut pour vous faire headbanger, mélodique sans être mielleux, véloce sans être trop féroce. C'est en fait un très bel équilibre sur une corde, qui s'inspire autant de l'Europe que des Etats Unis. Mais avec toutes ces années derrière eux, les Allemands ne s'en laissent pas conter, et avancent à leur rythme, qui s'il se laisse égrener doucement entre chaque sortie, retrouve son avance sur des compos qui dansent. Contretemps, choeurs puissants ("I Can't Resist", j'allais le dire justement), soli intéressants, avec parfois quelques déviances amusantes (le même "I Can't Resist" et son refrain à la RUNNING WILD suivi d'un couplet mordant à la ANNIHILATOR du premier album), Moshcircus n'est peut être pas le barnum annoncé par sa superbe pochette et son titre trompeur, mais c'est un sacré numéro quand même. 

Pas de Mosh certes, mais en avait on vraiment besoin? Plutôt accepter l'offre pour ce qu'elle est, et payer son ticket pour près d'une heure de revival Thrash bien dans ses pompes. Et de toutes façons, ANTHRAX avait tout dit dans "Caught In a Mosh", et ACID REIGN, ça craignait vraiment.   

Et puis je préfère l'humour Allemand de toutes façons.

 

 

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