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Metal and Oddities Reviews
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11 janvier 2016

CETUS - The Remnant Mass

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Dullest Records - Sludge Stoner Progressif - USA - 30 Juillet 2015 - 9 titres – 48 minutes 

CETUS est décidemment une créature à part. Une créature timide, qui distille ses apparitions et sait jouer de ses absences. 

On le remarque d'autant plus que sa discographie est éparse, alors que le quintette est en activité depuis plus de dix ans. Mais entre les breaks, les longues préparations et le reste, ils ont quand même trouvé le moyen de se mettre en hiatus depuis Centrifuge en 2009, qui était déjà un EP. Pour les longue durée, il faut remonter jusqu'à 2008, et These Things Take Time, au titre salement prémonitoire. Oui, pour CETUS, ces choses là prennent du temps. Mais comme l'éléphant majestueux qui trône sur la pochette de The Remnant Mass, la créature à le pas lent et lourd, mais la mémoire longue. Et méfiez vous de ses défenses, elles font très mal. Elles sont d'ailleurs plus en Métal qu'en ivoire. Mais les braconniers pourraient quand même loucher dessus, car elles pourraient se revendre un bon prix sur le marché du Sludge/Stoner timoré. Dès fois que certains auraient besoin d'un bon plan d'attaque... 

Sludge, Stoner, d'accord. mais encore? Parce qu'à force de citer certaines influences, on finit par douter. Et on fait bien d'ailleurs, parce que CETUS, c'est un peu tout ce qu'on peut ramasser avec sa queue lorsqu'on veut jouer le jeu le plus tendu et lourd qui soit. Foncièrement pesant, éprouvant parfois, le quintette récupère de ses pattes plus agiles qu'on ne croit des morceaux d'ongles de BOTCH, pas mal de la peau tannée de NEUROSIS, un peu de l'agilité imprévisible de DILLINGER, mais aussi la saine puissance de CONVERGE, et les tactiques d'approches complexes de la bête sauvage MESHUGGAH.

Beaucoup? Oui, ça fait beaucoup, mais une fois le tout rassemblé et organisé, ça fait surtout très, mais alors très mal.

Il est dommage et en même temps appréciable que les cinq Américains ne se montrent que si rarement, ça leur permet de proposer des choses qui en valent vraiment la peine, et qui justement vont au bout d'une certaine démarche. 

Cette démarche est d'ailleurs simple selon eux. Puisqu'ils déplorent une standardisation musicale qui le confine à des effets de manchette, de mode et autre poudre aux yeux, ils pratiquent le choc frontal, et ne s'autorisent aucune dépréciation quant à la tension qu'ils développent. Cette ci, constante, évolue au fil des morceaux mais aussi à l'intérieur des structures, et peut se baser sur des fondations solides à bases de guitares molestées et à la rage qui fulmine, une rythmique évolutive mais qui n'oublie pas de frapper, sans perdre de vue les nuances, et un chant bien sur, monocorde, qui de temps à autres se veut plus harmonieux, mais qui globalement reste sur le fil du gosier malmené. Ça fonctionne presque tout le temps, et le schéma change en cours de route. Si certaines pistes ne renient pas la solitude âpre et misanthropique du Hardcore corrosif New-yorkais des nineties, d'autres au contraire mettent le masque du Post le plus absolu, NEUROSIS en maître pas si zen que ça, augmenté de quelques poussées d'acné technique à la DILLINGER/MESHUGGAH. 

Si UNSANE vous manque, il est là, sous vos oreilles dans l'élastique prêt à lâcher de "Iron Pangolin", subtilement teinté de BOTCH. Si par contre, c'est NEUROSIS qui commence à vous faire larmoyer de son absence, l'introduction "War Elephant", pachydermique et irrémédiablement évolutive vous tendra un mouchoir fraîchement repassé. Et si dans un dernier cas les particules en mouvement de DILLINGER qui heurtent le tube cathodique MESHUGGAH sont votre programme de traumatisme favori, c'est "Jackal In Statis" qui vous procurera les images sonores dont votre addiction dépend. 

Mais de toute façon, il y a de tout à votre disposition. Du concentré pas si velouté que ça qui laisse flotter de gros champignons CONVERGE ("Old Head", l'un des plus Math/Noisy/Techno qui soit), au presque clonage parfait de CANDIRIA/DILLINGER ("Undead Cat") en finissant par un dessert très riche et plutôt long en bouche ("At World's End", attention, c'est délicat, et ça monte dans le palais en laissant les saveurs Post Stoner vous chatouiller la glotte). 

En gros, on peut dire que le troupeau de cinq éléphants à bien bossé son pas de deux, pour sonner la charge la plus absolue et puissante qui soit. Certes, on a connu des pachydermes qui eux aussi étaient assez synchro au niveau du ballet bruitiste, mais rarement une petite meute aura fait tant de barouf en laissant croire qu'ils n'étaient pas forcément ce qu'ils sont. CETUS se veut en marge, en marge de la meute des terroristes sonores les moins complaisants, mais en fait partie aussi, de loin, en singeant les tics de ses congénères, mais en les restituant d'un bloc, divisible certes, mais sacrément compact. Depuis 2008 et leur dernier effort, les musiciens se sont rassemblés, concertés, et The Remnant Mass pourrait être, et l'est même certainement, leur cri le plus puissant à ce jour, mais aussi le plus cohérent dans sa versatilité. 

Du coup, de quel côté les range on? Aucune idée précise, mais dans les leaders bien sur, bien que je doute qu'ils prétendent l'être. Mais si un savant mélange des barrissements de NEUROSIS, MESHUGGAH, UNSANE, CONVERGE, BOTCH et autres DILLINGER sont autant de claques indispensables à vos oreilles pendantes, écoutez donc ce râle là.

Il risque de vous mener tout droit au cimetière, qui ne sera pas forcément celui des éléphants.  

 

 

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