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Metal and Oddities Reviews
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25 janvier 2016

ATRAMENT - Eternal Downfall

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Sentient Ruin Laboratories / Argento Records - Blackened Crust - USA - 10 Février 2016 - 11 titres – 31 minutes 

Donc en gros, avant tout, vois aimeriez à l'instar des pieuvres nous cracher un liquide noirâtre et gluant dans la gueule? C'est un peu ça non les gars? Ben si, dites le, sinon, vous n'auriez pas choisi un nom pareil...Mais vous avez eu du pif, parce qu'à l'écoute de votre premier album, on a vraiment le sentiment d'avoir été aveuglé par une sale bestiole à tentacules évoluant dans des bas fonds pas très clairs. C'est net, c'est franc, et surtout, très honnête dans la démarche. Mais pour une meilleure compréhension de cette sensation désagréable d'engluement, veuillez vous référer au premier LP des ces Américains qui n'ont pas l'air très portés sur l'empathie.

Ils sont jeunes, se sont formé l'année dernière, et après une démo, plongent eux aussi dans les eaux troubles du longue durée, sans bouteilles, sans masque, et avec quelques références notables comme seule combinaison. 

C'est culotté, mais ça fonctionne. 

Chad (batterie), James (guitare), Sam (basse), et Mattia (chant) nous viennent donc d'Oakland, Californie, et se foutent royalement du soleil et des bimbos en maillot. Tout comme ils s'en cognent de coller une étiquette sur leur musique, qui pioche allégrement un peu partout ses éléments de base, pour aboutir à une mixture compacte, noire et poisseuse. Ça coule en épaisse goulées comme du Black, ça descend rapidement dans le gosier comme du Crust, en saccade comme du D-Beat, et parfois directement dans l'estomac comme du Grind, mais en tout cas, ça brûle bien la trachée, et ça laisse un peu groggy, comme tout cocktail chargé qui se respecte.

Mais les serveurs connaissent bien le bar de l'extrême, puisqu'ils ont tous bossé dans des établissements reconnus, comme MORAL VOID, BLACK SEPTEMBER, NECROT ou VASTUM, alors ne vous attendez pas à des gouttes qui tombent du shaker, ça n'est pas le genre de la maison. 

Non, cette maison là, c'est du solide. En y entrant, j'ai cru me retrouver coincé dans un vieux rade Anglais des 80's, qui à l'époque tremblait sous les coups de zinc de BOLT THROWER, celui des premières années. Même ambiance sombre, même lumières Death si tamisées et usées qu'elles n'éclairaient plus grand chose, même mur de son grave et compact, et même patron qui relaie les commandes d'un gorge obstruée et rauque. Le parallèle est troublant, mais pas forcément au détriment des Américains, qui bénéficient d'un bien meilleur son, et qui n'hésitent pas à aller plus loin que les Anglais. 

Plus loin, mais pas forcément plus violemment, puisqu'en dépit de quelques blasts aussi Grind que Blackened Crust, la teneur en alcool est plus ou moins équivalente. A la rigueur, on pourrait penser à un boeuf entre DOOM, BOLT THROWER et GRAVE, qui s'amuseraient à mélanger dans un même verre la puissance écrasante du Crust, la moiteur étouffante et macabre du Death, et les prémices d'un Black Grind à venir.

Toujours est il que la boisson tient au corps, et qu'elle débouche salement les sinus. 

Evidemment tout ça joue vite, et le tempo est souvent bloqué sur un modèle Crust/D-beat qui déménage. Néanmoins, les barbares US ne renoncent pas pour autant à quelques passages médium parfois catchy ("World Of Ash"), ou carrément écrasants ("Aeon Of Suffering"), sans oublier de passer sur la case "accélération fatale" qui les retient assez régulièrement pour de courtes fulgurances ("Aberration", "Consumed"), sans jamais les garder captifs pour ne pas non plus les faire passer pour des victimes d'une ultra violence non volontaire. 

Si la spécialité des Californiens est l'attaque Crust frontale et sans détours, ils dérivent parfois le long de structures moins systématiques ("Wretched Apparition"), qui alternent avec sadisme envolées rythmiques et breaks masochistes pesants.

Il est certain que les non initiés penseront que tous les morceaux sortent de la même carafe, mais en trempant bien votre langue, vous saisirez quelques variations de tempo qui s'amuse à accélérer de temps à autres ("Dark Abuse"). Mais je ne vais pas non plus vous mentir sur la carte des alcools, ils sont tous forts, épais, et représentent en quelque sorte un savoir faire unique d'accommodation d'un Crust aux lourds relents Death, qui  selon les prix vous gratifiera en sus de quelques saveurs Black assez relevées. 

Cet établissement est donc hautement recommandable, pour les nostalgiques de la compagnie de tabouret de BOLT THROWER, DISMEMBER ou EXTREME NOISE TERROR. On les imagine très bien d'ailleurs attablés ensemble, devisant un peu grisés de l'intérêt des croisements extrêmes, un godet à la main, la gueule de travers, et l'oeil complètement torve. 

Et puis soudain, une tentacule de poulpe sort ses ventouses de leur chope, et leur crache une bonne rasade de liquide douteux et noirâtre dans la face.

Improbable, mais drôle.

 

 

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