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Metal and Oddities Reviews
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27 janvier 2016

EXCIMER - Thrash From Fire

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Witches Brew Records - Thrash - Egypte - 13 Mars 2015 - 10 titres – 49 minutes 

Avoue que tu ne l'aurais pas vue venir celle là Cloclo. T'imagines le tableau? T'es en train de te baigner, peinard à la nuit tombée, et la le phare s'écroule et t'électrocute alors que tu faisais quelques brasses tranquille. Pas de bol quand même, mais plus épique et théâtral qu'une simple applique chancelante dans ta salle de bain. Le résultat de tout ça, en dehors de ce trait d'humour fort déplacé? Un bain de Thrash bouillonnant, parce que tu penses bien que le phare n'est pas tombé tout seul...Il a été ébranlé sur ses fondations pas une bande de barbares hirsutes nostalgiques des années 80 que tu n'as pas eu le temps de connaître. Mais de toutes façons, tu n'aurais rien pigé, chronologie des faits oblige. Ces vestes en jean bardées de patches, ces chevelures qui partent dans tous les sens, et ce graphisme de pochette digne du petit Benoît qui vient de recevoir pour Noël une jolie boîte de crayons de couleurs...C'était pas ta came, et puis tu es parti comme tu es parti, point à la ligne. 

Pourtant, tu as chanté Alexandrie, avec beaucoup d'émotion je dois l'avouer, et même si le beat disco et les choeurs à la Costa version féminins ne sont pas vraiment la tasse de thé de la horde de sauvages dont je vais parler ce matin, cette musique pourrait se poser en bande son de tes derniers instants, lorsque les volts se sont acharnés contre toi.

Allez lecteur, je t'emmène faire un tour du côté de l'Egypte, pour te présenter un quintette qui ne fait pas dans la dentelle ni l'ouvrage ciselé, mais bien dans le Thrash le plus diffus et bestial que tu puisses trouver. Amr (chant), Ramii et Rocky (guitares), Hossam (basse) et Ahmed (batterie) se sont donc rassemblés à Alexandrie, il y a deux ans, et après un premier EP, Serial Killer et un single, Red Planet II, se lancent enfin dans le grand bain du longue durée, qui effectivement par son volume est un...longue durée. Pour apprécier la musique de ces artisans de l'extrême, mieux vaut aimer le Thrash comme une femme de ses rêves, puisque avec cinquante minutes de musique au compteur, les Egyptiens ne se sont pas foutu de notre gueule. 

Alors quantité égal qualité? La plupart du temps oui. Même si les morceaux sont longs et plutôt basiques dans leur approche, ils butinent les fleurs du mal Heavy en semant leur pollen Thrash sur la ville, et le résultat donne une belle floraison en forme de fournaise qui brûle jusqu'au dernier centimètre carré de végétation. Comme je le précisais, les mecs ne cherchent pas à nous tromper sur leurs origines et leurs desseins. D'ailleurs, celui de la pochette évoque les meilleurs moments du Thrash de série B d'il y a trente ans, bien avant la palette graphique et le talent pictural. Objectivement, cette dernière est d'une laideur absolue, avec un trait grossier qui ne rend pas hommage à ce jeune thrasheur toxique qui a déjà bien entamé sa victime, mais elle décrit bien le contenu du contenant. 

Sous une production étonnamment claire et puissante se cachent donc une petite dizaine d'hymnes à la brutalité maîtrisée, qui a bien retenu les leçons des maîtres du style, option germanique et Européenne globalement, la subtilité US n'étant pas vraiment au rendez vous. Le nom fait bien sur penser aux cultes cousins germains d'EXUMER, et le néologisme pourrait être intéressant, une fois couplé au patronyme des Canadiens d'EXCITER. Mais l'inspiration revendiquée lorgne volontiers vers les références habituelles, de SODOM à SLAYER, en passant par KREATOR évidemment, VENOM, DESTRUCTION, et même le SAB' tiens, et je dois reconnaître que ces noms ne sont pas lâchés au hasard. EXCIMER taille dans le lard sans trop se poser de questions, et laisse ses morceaux évoluer le long de trames purement Thrash salement secouées de soubresauts Heavy du meilleur ton. 

Rythmique infatigable à la puissance nucléaire, riffs massifs qui n'ont pas retenu du style que les syncopes inévitables, chant qui gronde et grogne sans perdre son souffle, le principe est d'usage, et remarquablement mis en application. 

Les compos des Egyptiens tiennent vraiment bien la route dans un créneau Thrash fatal qui emprunte autant à la sidérurgie Allemande de DESTRUCTION qu'à la boucherie sanglante d'EXUMER justement. Nous avons droit à une jolie valse hystérique entre plans lourds et appuyés de choeurs guerriers ("War Terror"), ou au contraire à des massacres en règle qui rappellent les carnages du SEPULTURA le plus juvénile ("Cry War", très bonne reprise de KREATOR dont les frères Cavalera ont pillé le répertoire dans leur jeunesse).

EXCIMER a choisi la diversité de ton, tout en restant focalisé sur une violence de tous les instants, et se perd même parfois sur des routes escarpées qui leur imposent quelques pauses bienvenues ("Victims Of Plague" et son intro surpuissante qui n'est pas sans rappeler les magiques MORTAL SIN). On pense même aux mésestimés NUM SKULL pour cette construction chaotique toutefois organisée ("Provoque The Slaughter"), mais on occulte pas pour autant ceux qui ont en partie inspiré la vague de violence de la Bay Area, puisque pour terminer leur entreprise de démolition, EXCIMER se lâche sur une cover bien sentie du "Rapid Fire" qu'on trouvait sur le légendaire British Steel du PRIEST, dans une version bien plus atomique que l'originale. Mais on peut respecter ET transfigurer, ça n'est pas interdit, loin de là. 

Pour beaucoup, Thrash From Fire sera l'énième sortie vintage Thrash du mois, avec ce soupçon d'exotisme apporté par le pays d'origine des musiciens, mais je peux vous garantir que leur musique n'a rien d'une carte postale pour touristes niais. Après tout, la violence instrumentale n'a pas de frontière ni de carte d'identité, et le Thrash d'où qu'il vienne répond toujours à ce même besoin viscéral de violence en forme d'exutoire. Celui fourni par EXCIMER est de qualité, et ne se borne pas à foncer droit devant en faisant fi des obstacles, et sait les contourner pour courir sur la durée. 

Et avec ça en fond sonore, je vous garantis que les sirènes du port ne chanteront pas la même mélodie.

 

 

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