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Metal and Oddities Reviews
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27 janvier 2016

KILL ME THE TRAIN - Revolution

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Modern Hard Rock - Russie - 12 Juin 2015 - 8 titres – 26 minutes 

Quel nom étrange pour un combo de Hard Rock moderne...Si jeunes, et ils veulent déjà passer sous un train? Je l'avoue, tout ça serait bien dommage...Ce qui n'empêche pas ce quatuor Russe de nous refourguer pour la énième fois la photo mythique de cet accident ferroviaire survenu à la gare Montparnasse en 1895, déjà utilisée pour illustrer la pochette du Lean Into It de Mr. Big en 1991...Mais rassurez vous, les deux groupes n'ont pas beaucoup de points communs, mis à part cette passion pour les guitares saturées et le Hard Rock en général...

Bon, situons un peu, les KILL ME THE TRAIN nous viennent de Saint-Pétersbourg, Russie, ville dans laquelle ils se sont formés en 2012, autour du cadavre encore fumant du combo local BIKER'S TOWER. Après adjonction de la vocaliste Annie Vaiet, le quatuor se rebaptise donc, dans un simple désir de jouer un Hard Rock moderne, aux frontières du Néo, que la chanteuse se plaît à décrire comme étant du "Nu Hard", ce qui n'est pas entièrement faux. 

Mais pas entièrement vrai non plus, car la musique des Russes est assez étrange en elle même. Non par ses sonorités, somme toute assez classiques, mais par sa versatilité. On passe allégrement d'un Métal fort charnu aux entournures à du Rock un peu Bluesy et Soul qui impose son émotion, et ce, sans transition. En huit compositions, KILL ME THE TRAIN fait montre d'un gros potentiel qui semble encore à dégrossir, et qui manque visiblement d'une ligne conductrice, à moins que leur liberté n'en soit une par essence. Libres, ils le sont et nous le font vite comprendre. Même si la production ne laisse planer aucun doute sur l'aspect encore semi pro du combo, sa patine analogique donne corps à de bonnes structures, solides mais évolutives et mouvantes. Ce qui est parfaitement adapté à cette musique qui respire à pleins poumons et qui ne se laisse pas dicter sa direction.

Alors les quatre musiciens jouent, et après tout, c'est déjà le plus important. On trouve un peu de tout sur ce premier album, et même si une certaine naïveté n'en est pas exempte, chaque titre dégage un parfum tout à fait délicieux et personnel. 

On navigue à l'aveugle, passant de chanson en chanson sans savoir ce qui nous attend, et cette marche vers l'inconnu est fort plaisante je le concède. Je pense que cette sensation est due au fait que le groupe joue au feeling sans se préoccuper des cases dans lesquelles on pourrait les ranger, et le fait que des titres purement Néo Rock et des ballades subtiles aux accents slaves cohabitent sur le même palier renforce cette impression d'auberge espagnole musicale. Mais je le dis, j'ai aimé, beaucoup. Parce que KILL ME THE TRAIN raisonne en termes de musique, pas de genre, et c'est assez rare de nos jours pour être signalé. Leur LP n'est pas formaté pour un public en particulier, mais peut toucher tous les amateurs de musique, pourvu que celle ci soit sincère et Rock. 

La paire Viktor Nikitin/Evgenly Shulga sait tricoter des parties de guitares efficaces et mélodiques, se servant au choix dans le répertoire alternatif comme dans le grand chaudron du Heavy, et la rythmique Petr Arshakuni/ Viktor Nikitin (oui, il joue aussi de la basse) tient son rôle de pivot tout en se laissant aller à quelques fantaisies de très bon goût. Le groupe a en outre la bonne idée de se servir de son propre héritage culturel slave, qu'il intègre parfois à des morceaux dignes d'un Post Grunge de la fin des 90's, et "Wasting Time", un des plus originaux du lot n'hésite pas à stopper net l'évolution de sa structure fondamentalement Rock pour placer un break aux subtiles sonorités de l'Est. On croirait presque entendre les balalaïkas!

Mais pas question pour autant d'occulter sa passion pour les racines du Heavy Métal, comme le démontre la reprise électrique du hit "'Paranoid" de notre BLACK SABBATH légendaire, légèrement accélérée, et dominée par une basse ronde, qui fait honneur au tube originel des Anglais. 

Côté chant, Annie s'en sort à merveille sans en faire trop, et sa voix au registre médium enveloppe les morceaux d'un voile un peu introspectif, même si elle peut donner du coffre lorsque la situation l'exige. Ainsi, la charge Heavy "Resistance" lui donne l'occasion de tirer un peu sur ses cordes vocales, partant dans de grandes envolées lyriques appuyées, qui survolent un tapis de guitares lourdes. Mais comme rien n'est prévisible chez ces Russes décidemment inventifs, tout ceci est immédiatement suivi par un "Blues" qui mérite bien son nom, ou l'intimisme s'impose avec délicatesse. Percussions douces et sobres, ligne de basse qui ondule, guitare qui diffuse quelques notes pleines de feeling, c'est un moment de beauté pur placé en plein milieu d'un album totalement déconcertant.

D'autant plus que le quatuor a pris soin de débuter Revolution par un groove infernal qui vous fera vous lever de votre chaise en un bond, en citant SLADE, le TOP, mais aussi MANSON pourquoi pas. "Drink" a tout d'un hit en puissance, et sa rythmique bondissante irrésistible doublée d'un riff élastique le place en tube de l'impossible pour un groupe qui ne se laisse pas impressionner. 

On trouve aussi sur ce LP de splendides ballades acoustiques comme "Maybe Once", mais aussi du Hard Rock bien hargneux et mélodique ("Wasting Time"), et même un up tempo à la PRETENDERS qui aurait devisé toute la nuit avec les héritiers de la scène Grunge US des 90's ("You Are"). 

Revolution est donc une affaire très fraîche, et surtout un LP rempli de chansons qui vous feront craquer par leurs qualités mêmes, mais aussi par la candeur et la sincérité qu'elles dégagent, sans oublier bien sur l'originalité qu'elles étalent. Du Hard Rock, de l'acoustique, des croisements improbables entre Rock et Pop, pour un rendu qui ne laisse vraiment pas indifférent.

Belle performance pour ce groupe attachant, qui se moque des étiquettes et joue sa musique, sans chercher à savoir qui elle peut toucher en particulier.

Et ils ont raison, puisqu'elle peut toucher tout le monde, vous y compris. Une petite révolution en soi, d'où ce titre qui n'évoque pas Octobre mais bien les sensations que le public éprouvera à son écoute.        

 

 

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Commentaires
V
Thank you so much for finding so kind and apassionate words! It's amazing to receive such a review. Superb!<br /> <br /> <br /> <br /> Petr Arshakuni, KMTT
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