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Metal and Oddities Reviews
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3 février 2016

BLACK MAMMOUTH - Huma Bestiale

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Thrash - France - 16 Janvier 2016 - 10 titres – 37 minutes 

Et bien il s'en passe de belles dans la ville de notre cher Etienne Daho...Depuis l'éclosion du Rock Rennais à l'orée des années 80, le paysage musical de la ville à bien changé, et le Métal semble aujourd'hui s'approprier une bonne grosse part du gâteau...à ma plus grande joie!

Mais pourquoi vous parler de ça au juste?

Tout simplement parce qu'aujourd'hui, un vieil ami m'a fait parvenir par voie postale (la vieille école, la meilleure...) le nouvel album d'une bande de potes, qui justement nous en viennent de la belle ville de Rennes...Alors après écoute attentive de la rondelle en question, il me devenait indispensable de vous en entretenir quelque peu, eut égard à la qualité de la production en question... 

Pendant qu'Etienne qui la tient toujours bien d'ailleurs, part ânonner ses plus grands textes sur les routes, vous proposant un flashback 60's de grande classe, les BLACK MAMMOUTH eux en parcourent d'autres, et s'expriment d'une façon un poil plus virile...Mais que cachent donc justement les poils de ce mammouth noir qu'ils incarnent avec fierté? Une carrière commencée en 2007, pas mal de changements de line up, et de débrouille aussi pour sortir aujourd'hui par leurs propres moyens ce second LP, qui fait suite à Back For Würm paru il y a presque cinq ans. Cinq ans, c'est donc ce qu'il aura fallu à Greg (chant), Crys (lead), Rom (rythmique), Flo (basse) et Mario (batterie) pour accoucher des dix titres de ce Huma Bestiale, et le moins que l'on puisse dire, c'est que la bestialité n'est pas qu'un vulgaire concept chez eux. 

Avec un tel patronyme, nous aurions pu nous attendre à un bon gros mélange de Sludge/Doom et de Black, en tout cas à quelque chose de massivement Heavy, mais même si les riffs de Crys et Rom savent se montrer lourds, c'est plutôt la puissance et la vélocité qui priment sur ce second effort, aux accents Thrash très prononcés. On pense - made in France oblige - aux séminaux NO RETURN de Psychological Torment pour cette façon d'aborder le Thrash avec un point de vue très Death, impression accentuée par la voix très grave et rauque de Greg, qui n'hésite jamais à aller chercher ses growls au plus profond de ses tripes. Il est aussi possible d'y voir une version moderne du TESTAMENT de The Ritual, lorsque la bande à Chuck comprit enfin que les errances Heavy mélodiques d'Alex étaient un peu trop complaisantes. Quoiqu'il en soit, l'ensemble est solide, frappe fort et vite, mais prend le temps d'installer quelques ambiances typiques de la scène Néo Thrash Scandinaves des 90's. 

Ne les prenez pas pour autant pour de vulgaires nostalgiques, genre "c'était mieux avant", ce serait une grave erreur. Le quintette compose les deux pieds bien ancrés dans son époque, et cite même quelques influences externes comme CREMATORY, qu'il malmène d'un IN FLAMES pas vraiment content d'être réveillé si tôt, sur l'énorme "The Horde". Plus Heavy Death qu'une charge de macchabées à la sortie d'une morgue, ce morceau met en exergue un riff qui tournoie sur des vocaux dignes d'un Andrew Eldritch revenu de la mort, avant d'écraser l'auditoire d'un break qui se vautre dans le Death le plus primaire qui soit. 

Là est le point fort de ce groupe décidemment très en place et sympathique. Cette capacité de privilégier des plans simples et efficaces, tout en les agrémentant d'une indéniable technique, et d'une finesse remarquable, sans jamais perdre en énergie. Ça paraît simple dit comme ça, mais écoutez bien des morceaux comme "Grey Wall" et vous saisirez assez vite que l'équilibre est très difficile à maintenir. Trop appuyé, et le tout bascule dans un Death barbare, trop allégé, et le Heavy niais pointe le bout de son nez. Mais bien campé au centre, tout ça nous donne un Néo Thrash de première bourre, qui sans vraiment proposer d'idées nouvelles utilise les anciennes avec une attitude frondeuse et décidée. 

BLACK MAMMOUTH s'autorise parfois des choses plus développées, à l'instar du morceau éponyme qui plaque une belle ambiance presque Thrashcore dans l'exécution, maniant l'art du contretemps avec flair, tout comme sur le morceau d'ouverture "Sin Tiempo", quasiment construit sur les mêmes bases. De temps à autres, le Thrash vintage parvient à se faire une petite place au chaud, et nous retrouvons les sensations de la deuxième vague Thrash Européenne de la fin des années 80, sur "Gurus" notamment, qui pourtant ne traîne pas à tirer les cordes jusqu'à notre époque. Jonction entre la violence crue des eighties et celle plus sombre des années 2000, Huma Bestiale se ballade à travers les époques en ne gardant comme objectif qu'une brutalité efficiente et précise. 

Belle démonstration de force que ce deuxième album des Rennais, qui avec Huma Bestiale peuvent prétendre partager la scène avec les cadors du genre. Un album efficace, qui a expurgé les poncifs et s'est focalisé sur les idées les plus efficaces, que le quintette à mises en forme avec panache et énergie. Une sacrée collection de riffs percutants, superposés à une rythmique inventive; le tout supervisé par un MC à la voix teintée de Death caverneux.

Mais écoutez donc, et décidez ensuite. Un aller retour à Rennes vous semblera alors s'imposer de lui même, et sûrement pas pour aller faire un petit coucou à Etienne. 

Lui à son jardin d'Eden. Les BLACK MAMMOUTH préfèrent les Hadès. 

 



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