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Metal and Oddities Reviews
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7 février 2016

LA CHUDRA - Salvation Decay

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Thrash Hardcore Crust - Lituanie - 31 Octobre 2015 - 10 titres – 36 minutes 

Sous une pochette d'une rare beauté, aux tonalités rouges et sombres et au graphisme inquiétant se cache sans doute une des meilleures sorties dans le créneau Thrash Hardcore à tendance un peu Black louche de l'année écoulée. Oui j'en conviens l'appellation est un peu bâtarde, mais après tout, ça n'est pas moi qui le dit, mais le groupe lui même. Groupe qui se plaît à voir son oeuvre comme un pont reliant le Thrash le plus furieux et le Hardcore le plus radical, tout en teintant la traversée de quelques touches de Black pour la rendre encore plus éprouvante. Nonobstant ces quelques précisions stylistiques, les musiciens ne sont pas vraiment à côté de la plaque. Il est vrai que leur Core rapide et épais s'apparente à un gros crossover entre les riffs massifs du Crust légèrement thrashy, tandis que leurs rythmiques empruntent au D-beat ses accélérations impromptues, et au Grind/Black ses blasts épars qui dynamisent un morceau en quelques impulsions sauvages. 

Les LA CHUDRA nous viennent de Vilnius, Lituanie, pays dans lequel ils se sont formé en 2008. Misant au départ sur une fédération entre Thrashers, fans de Black et de Hardcoreux ultimes, le groupe a depuis connu quelques ajustements de line up qui lui ont permis de radicaliser et professionnaliser sa musique. Ils ont d'ailleurs brillamment remporté la Wacken Metal Battle dans leur pays d'origine en 2013, et ils ont signé trois morceaux qui ont illustré la BO d'un film lituanien, le horror flick Rusys. Tout ça enrichit un CV, et donne clairement envie d'en savoir un peu plus sur ce quartette qui effectivement ne s'embarrasse pas de limites de genre pour faire évoluer sa musique. On trouve un peu de tout sur ce Salvation Decay, qui fait suite à un EP et une démo, et qui pousse dès ses premiers cris des hurlements tout à fait assourdissants, animés d'une gestuelle ample et souple qui doit tout autant à la fluidité du Thrash qu'à la franchise d'un Hardcore assombri de vocalises et de parties de guitare foncièrement Black. 

Guthural, Arturka, Maiklas, Vincas n'hésitent d'ailleurs pas à passer d'un up tempo diabolique et presque électro décalqué par un riff gigantesque dans une veine PAIN/CREMATORY ("Vulva Control", mais de quoi peuvent ils bien parler?) à un énorme paveton de plus de quatre minutes qui ne ralentit jamais son algarade Crust/D-beat ("Perpetual Chaos", jamais un morceau n'a aussi bien mérité son nom).

Mais à vrai dire, seule la violence et l'intensité semblent relier les morceaux entre eux, puisque ceux ci ne parviennent pas vraiment à se fixer sur une ligne de conduite claire. De la versatilité dans l'extrême, c'est toujours une bonne chose, surtout lorsque celle ci ne s'impose pas au détriment de l'efficacité. Pour résumer la chose, on pourrait affirmer que LA CHUDRA synthétise tous les courants extrêmes en vogue en Europe de l'Est, du revival Thrash un peu sourd et diffus, au Crust Grind le plus ténu, en passant par le Blackened Core tendu et sombre. Ce mélange est en tout point savoureux et d'une violence soutenue, toutefois sous contrôle d'une technique instrumentale assez pointue.

Aussi barbares semblent ces ostrogoths du riff épais, ils n'hésitent pas à finasser sur des structures assez fouillées, balançant même quelques soli très bien sentis ("Dystopia", par ailleurs cumul de plans qui s'enfilent de manière fluide mais véhémente), et travaillant leur rythmique qui parfois se laisse aller à une variété appréciable ("Toll", très D-Beat à la DOOM de l'Est, mais aussi limpide qu'une speed song des 80's). 

Ils semblent préférer la concision à la dispersion, mais de temps en temps, la durée s'impose, avec bonheur et toujours pour le meilleur, et "5 Jums 1 Man" de se frotter aux cinq minutes montre en main grâce à un habile mélange de licks de guitare mélodiques et de riffs circulaires qui fendent l'air comme un ballet virtuel de lames d'acier lancées à la volée, Evil Dead style. Ils écrasent même le tempo dans ce même morceau pour atteindre des sommets de puissance étouffante, puissance qui montre crescendo en resserrant son étreinte d'une poigne presque Post Doom Indus assez effrayante. 

Ils s'essaient même à l'exercice périlleux du "hit" Crust catapulté par des guitares mutines et horriblement accrocheuses et saccadées ("Mr. Skinner" qui s'il n'a aucun rapport avec ce cher Walter des X-Files écorche salement les oreilles avec sa basse lourde et compacte et son refrain scandé), et incrustent même une intro rythmique discoïde sur un squelette D-beat ébouriffant ("Anvil and Hammer", ou comment jouer le Crust à la façon d'un Thrash band puriste). Ils terminent même leurs devoir en s'accordant la note maximum, et "+++" de finir en beauté le boulot en laissant tout sortir du chapeau, Thrash, Crust, Hardcore, D-Beat, pour bien marquer les esprits et s'accorder les faveurs du prof qui n'en revient toujours pas. 

LA CHUDRA est un nom à noter sur vos tablettes, fans d'extrême, car il est fort possible que vous en entendiez parler dans ces colonnes et ailleurs à l'avenir. Pour un premier LP, les Lituaniens frappent fort et se refusent à rester cloisonnés dans un genre en particulier, tout en les abordant de manière exhaustive et personnelle. Salvation Decay décape avec style, et ne laisse même pas de traces de peinture sur le bord de la commode. 

Un peu illustration de la devise "Qu'importe le flacon..." ce premier LP est d'une sauvagerie tout à fait efficace, qui pourtant n'en rajoute jamais, et reste puissant à tout instant.

Pas étonnant dès lors qu'ils gagnent toutes les batailles. Et ils sont bien parti d'ailleurs pour gagner la guerre de l'extrême. 

 

 

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