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Metal and Oddities Reviews
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7 février 2016

STEVEN WILSON - 4 ½

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K-Scope - Rock Progressif - UK - 22 Janvier 2016 - 6 titres – 37 minutes 

Steven Wilson est de ces personnages rares et précieux qu'on rencontre de temps à autres dans l'univers de la musique. Avec sa tête de nerd, ses fins cheveux blonds, ses lunettes, il est l'anti-héros par excellence, le genre de mec qui au lycée était au fond de la classe, ne parlait pas à grand monde, mais qui avait la tête gonflée d'idées en tout genre. Pas non plus du genre à se trimballer avec une caméra et un pochon en plastique, pas pervers ni voyeur, juste un mec à part, plus branché par l'intérieur que par l'extérieur. L'ennemi farouche du jock qui ne jure que par son ballon et ses muscles, le tendre romantique, un peu Pierrot lunaire qui vit dans son propre monde. 

Depuis ces années lycée, il en a fait du chemin le petit Steven. Il a participé à l'aventure PORCUPINE TREE, s'est bien amusé avec les étranges OPETH, mais depuis quelques années, il préfère se promener seul, le long des méandres de sa musique, aussi complexe et riche qu'elle est simple et émouvante. Quatre longue durée déjà et aujourd'hui, la presque suite de tout ça, en forme de petit pont de bois qui va relier Hand.Can Not.Erase au prochain. Pas vraiment une nouvelle étape, mais une nouvelle étape dans la nouvelle étape. Un petit résumé, une pause charmante, une façon de regarder en arrière pour aller de l'avant. 

Mais dans le cas de monsieur Wilson, les petites pauses ne sont pas des excuses pour se laisser aller. Loin de là, et 4 ½ qui n'est ni son quatrième effort ni le cinquième, propose six morceaux déjà un peu chargés d'histoire, qui annonceront ou pas ce qui nous attend de sa part pour l'avenir. 

"My Book Of Regrets" devait au départ figurer sur son dernier longue durée, mais celui ci atteignait déjà une durée trop respectable pour être perturbé par un titre supplémentaire. Avec ses dix minutes au compteur, ce morceau aurait trop prolongé l'expérience et il fut donc mis de côté. Mais il en collait pas non plus complètement à l'ambiance de l'album, et de plus, il était inachevé. "Year Of The Plague", instrumental délicat, composé pendant les séances de The Raven That Refused To Sing était pensé par Steven comme bande son parfaite d'un film. Il est vrai qu'avec son délicat dialogue entre une guitare acoustique cristalline et des arrangements de cordes, il aurait pu illustrer un passage onirique et poétique d'un Indie Movie tendre et doux amer. En tant que tel, il est d'une délicatesse incroyable et se pose en transition autant qu'en chanson à part entière. Un moment de beauté pure. 

"Happiness III" a lui aussi été laissé de côté par le compositeur au moment de Hand.Can Not.Erase. Il est pourtant symptomatique de sa démarche de composition complexe et mélodique, mais ses refrains purement Pop l'ont peut être handicapé au moment du choix. On y sent de grosses réminiscences de Neal Morse, et cette batterie signée Marco Minnemann le fait bondir de plan en plan, comme une Pop Rock song déformée par le prisme d'un musicien progressif qui une fois de plus, se laisse aller à des interventions en solo de toute beauté.

"Sunday Rain Sets In" fut la première pièce musicale composée pour l'album précédent, dans une version beaucoup plus longue et fragmentée. On y retrouve Chad Wackerman, batteur sur la tournée The Raven, mais aussi le piano d'Adam Holzman, toujours aussi précieux et délicat. 

"Vermillioncore" laisse Craig Blundell plaquer un beat très groovy mais un peu lazy, tandis qu'Adam Holzman intervient à son bon vouloir, comme des oscillations pénétrant et sortant de l'ambiance. Le riff porteur est gigantesque, tout comme le solo de stick de Nick Beggs. Ce néologisme laisse place à une ambiance drum n'bass assez inhabituelle, mâtinée de Hard Rock un peu synthétique qui donne un gros coup de fouet au final de cet EP. 

Ne reste plus aux presque dix minutes de "Don't Hate Me" qu'à nous ramener à l'époque passée de PORCUPINE TREE, puisqu'il fut conçu à l'origine comme backbone de l'album The Stupid Dream. Rhodes, saxo, choeurs éthérés, cette relecture privilégie la temporisation et ralentit le tempo d'origine de la chanson, pour une réadaptation/lifting fabuleux nous laissant sur une sensation en demi teinte, comme la fin d'un rêve doux et cotonneux qui semble vouloir prolonger la nuit. Et puis ce solo de sax qui fend les volutes de synthé... 

4 ½ est donc un intermède, une façon de dire "je suis là, puisque avant j'étais là bas, mais qui sait où je serai demain?"

Mais loin d'être un simple bouche trou pour occuper le créneau, un morceau d'actualité qui se sert du passé pour loucher vers un avenir qu'on connaît déjà un peu eut égard au passé du bonhomme, c'est un EP qui peut se considérer comme un album à part entière, puisque la richesse de ses morceaux est indéniable et largement à la hauteur des standards du musicien. 

The Raven avait été jugé trop technique, trop parfait, trop clinique par certains. Hand.Can Not.Erase et son histoire dramatique de cette pauvre femme de trente huit ans découverte deux ans après sa mort devant sa télé avait touché tous ceux qui ne s'étaient pas senti directement concerné par son prédécesseur. Je pense pouvoir dire que 4 ½  touchera tous les fans de Steven et même d'autres, qui ne le connaissent pas encore. C'est une pièce de musique noble, dense, et pourtant d'une portée émotionnelle rare, et d'une humilité totale. On y retrouve tout ce qui fait le talent de ce musicien unique depuis plus de vingt ans, et tout ce qui fera sa musique de demain, comme celle d'aujourd'hui. 

Il sera disponible en CD bien sur, mais aussi en vinyle et en version Bluray pour les plus exigeants. Sa pochette est à l'image de sa musique. Pure, belle, mais intrigante et envoûtante. 

Mais vous savez tout ça, évidemment. 

 

 

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