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Metal and Oddities Reviews
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7 février 2016

YIDHRA - Cult of Bathory

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Black Voodoo Records - Doom Stoner - USA - 14 Janvier 2016 - 4 titres – 26 minutes 

Faire du Doom à L.A, Californie, c'est quand même la preuve qu'on peut trouver les ténèbres même dans la lumière la plus absolue. J'aime ce genre de défi, mais il est aussi vrai que la cité des Anges n'est pas forcément le havre de paix construit sur un tapis de nuages...Il s'en passe de belles là bas, mais inutile de faire une historique de cette ville qui aura vu autant de carrières et de rêves brisés que de fantasmes inavouables assouvis. Parlons plutôt d'un de ses plus dignes représentants, qui n'a pas choisi la voie la plus logique pour s'exprimer.

Le Crust, le Grind commencent à se propager comme une traînée de poudre même dans les états peu concernés à l'origine, mais force est de constater que le Doom, le Sludge et le Stoner ne sont plus cantonnés au Sud, au Nord ou au Nord Ouest des USA. Ces styles commencent aussi à s'imposer dans des endroits où on les pensait oubliés, et YIDHRA le démontre d'une fort belle façon avec son second EP, Cult Of Bathory. 

Avec eux au moins, pas de tromperie sur la marchandise. Ils ne se pointent pas avec des ray ban, ni avec le sourire, mais avec des albums sombres, au contenu opaque et pourtant relativement éclairé d'une certaine manière. On les connaît déjà, via leur excellent premier album Hexed, qui avait soulevé un enthousiasme certain dans la presse et auprès d'une frange du public exigeante, et ils n'avaient pas hésité à l'occasion à balancer plus d'une heure de Doom sauvage, savamment mâtiné de Stoner et de Hard Rock occulte. Ils récidivent donc en format court en ce début d'année 2016, et maintiennent le cap, puisque autant le dire de suite, ce quatre titres est d'aussi bonne facture que leur initial effort. 

Pour ce, ils ont bénéficié d'une extraordinaire production signé Bill "Thrash N'Mosh" Metoyer (pour info et parce que je n'ai pas de place pour tout le CV, Slayer, DRI, Sacred Reich, Flotsam, Omen, Rogor Mortis, Trouble...enfin vous voyez le genre), qui a su s'adapter aux son des Américains tout en lui greffant sa patte bien particulière. En gros, la combinaison nous donne du Doom délicatement Stoner qui sonne comme un bon gros album de Thrash, bénéficiant d'une amplitude gigantesque, d'une gravité précise et de médium présents mais qui ne bouffent pas tout l'espace. Les guitares sont évidemment très graves et traînantes, mais d'une majesté absolue, et le chant se fraie un passage au milieu de tout ça sans pour autant coller upfront. Un équilibre parfait, pour un EP qui ne l'est pas moins. 

On a souvent comparé YIDHRA à TROUBLE, ST VITUS, ou ELECTRIC WIZARD, et si les références ne sont pas incongrues, je dois admettre que la richesse de leur musique et leur diversité les isole quelque peu. En fait, les alternances d'ambiances et de climats sont beaucoup plus prononcées chez les Californiens que chez leurs confrères, et on pourrait presque dire que leur Doom aurait pu être joué au début des années 70 par des rockeurs découvrant la distorsion ultime et la pesanteur extrême. Erik, Dave, Ted et Chris n'hésitent pas à mettre leurs riffs pachydermiques au service d'harmonies très affirmées, sans pour autant dénaturer leur puissance ténébreuse pour autant. Ils pourraient même par instants passer pour un groupe de Doom progressif, tant leurs structures sont évolutives et plus complexes qu'il n'y parait. 

Et pourtant, l'ossature des morceaux est solide, très. Et leur durée étendue, très aussi. "The Adversary", le titre le plus court, sous la barre des six minutes étale pourtant un nombre d'idées conséquent, même s'il est le plus Sabbaesque du lot. Il faut se pencher - et vous n'avez pas le choix puisqu'il s'agit de l'entame du LP - sur le riff groovy et collant de "Cult of Bathory" pour sentir toute la force de l'approche 70's du groupe, qui s'approprie un motif qu'Anselmo aurait adoré composer, en le triturant à la manière d'un groupe de Thrash qui aurait soudain eu envie de sonner plus Heavy que Iommi.

Mais YIDHRA se lâche aussi sur le conséquent "Iron Mountain", qui avec ses huit minutes développe une évolution absolument captivante, à la jonction de ST VITUS, HAWKWIND, CROWBAR et même NEUROSIS. Quelques guitares acoustiques illuminent quelque peu le panorama désolé et nocturne, alors que la guitare se permet quelques interventions subtiles dignes d'un CARAVAN ou d'un GONG, un peu bluesy sur les bords mais salement psychédéliques au centre. Les arrangements suivent la ligne du parti, et flottent au dessus des musiciens, se mêlant des débats sans les interrompre, et le long segment planant central nous emmène loin, très loin, avant de nous ramener vers le motif d'origine en une montée en puissance remarquable. 

Le riff initial de "Reign Of Terror" confirme tout le Metoyer que je pensais de Cult of Bathory, et flirte avec un Thrash très Heavy, étouffé par une production moite, mais qui catapulte le morceau vers des horizons mitigés, nous laissant fouler une terre aride et dure comme un Doom de puriste, mais au ciel chargé de nuages noirs qui se laisse strier par quelques éclairs fatalement Thrash. Beau mélange, belle puissance, et hybridation maximum pour un final en explosion de force. 

Cult of Bathory, loin d'une simple récréation place YIDHRA sur l'avant scène du Doom qui ne se contente pas d'en être, et confirme les espoirs que Hexed avait fait naître. Avec son subtil mélange de fragrances extrêmes, il fait émerger de LA un monstre hybride, à la lourdeur plaquée et aux coups de sang fouettés, qui s'amuse de quelques riffs traditionnels qu'il teinte de sonorités 70's et de rugosité Thrash des années 80. 

Ça fait très mal, c'est suffocant, et les quatre morceaux de cet EP vous trimbalent dans un sauna/hammam à cent degrés, placé sur les roulettes d'un grand huit qui ne prend pas forcément les virages en douceur.

Une bombe qui explose quand elle veut, mais cause des dégâts considérables. Et surtout, un nouveau visage pour le Doom qui ne se contente plus de ce masque figé dont on l'affuble depuis tant d'années.

 

 

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