PISS - Piss 7'' (+ Demo 2013)

Raw Crust - Allemagne - 9 Octobre 2015 - 5 titres – 6 minutes; 9 titres - 15 minutes

J'ai beau fourrer mon nez partout (bon OK, j'avoue, je pourrais parfois être plus prudent), il m'arrive de passer à côté de sorties essentielles dont j'aurais pu/du vous entretenir beaucoup plus tôt. Ainsi, hier, j'étais Hardcore, comme souvent. Et au gré de mes voyages sur les blogspot Core du monde entier, je suis tombé sur une perle rare, un genre d'huître à sale gueule contenant une nacre hautement radioactive qui m'a contaminé en quelques secondes. Certes, je ne m'attendais pas à telle découverte venant d'Allemagne et ce fut pourtant le cas. Alors, comme je ne suis qu'un sale petit propagateur d'idées anarchistes et bruitistes, je vous passe le mot. 

Et une fois n'est pas coutume, j'ai décidé de vous faire un package cadeau. D'une parce que les deux sorties en question sont extrêmement brèves, de deux parce qu'elles sont toutes les deux indispensables. Mais commençons donc par la plus récente. 

PISS et son nom tout en délicatesse nous vient de Berlin, et à sorti en fin d'année dernière son premier 7'' éponyme qui arrache autant qu'un petit dèj' au Schnaps et aux saucisses. Pour être franc, et même après des centaines d'heures d'écoutes Core toutes aussi extrêmes les unes que les autres, je suis rarement tombé sur un band maniant le Crust/D-Beat avec autant de férocité, capable de ridiculiser la scène scandinave de ses attaques sans pitié. Ce 7'' a beau être d'une ridicule brièveté, il développe une intensité rarement atteinte dans un créneau pourtant porteur en sensations radicales. Et sous un artwork dans la plus grande tradition Core se cachent cinq morceaux qui font la nique à bien des groupes établis. Un son de guitare énorme hérité du Crust, une rythmique époustouflante de brutalité et de vélocité, et surtout, un chant ébouriffant, qui vous pince la gorge et vous plaque au mur de ses vindictes féroces. En gros, la quintessence du Raw Crust adaptée aux exigences de puissance typiquement Allemandes. 

Deux ans avant ce simple salvateur et cathartique, PISS avait sorti une démo encore plus impressionnante, et un tantinet plus longue. Elle prouve en tout cas que les bases de la haine étaient bien plantées dès le départ, et il semblerait même que le groupe ait légèrement perdu en intensité entre 2013 et 2015...Rarement démo aura fait si forte impression sur moi, d'une à cause d'un son proprement monumental, à la hauteur de l'énergie dégagée, de deux à cause de compositions qui ne font pas de quartier et ne supportent pas la nuance. Cette démo 2013 à de quoi faire rougir les cadors du Crust US et Suédois, et rappelle le vent de folie qui nous avait décoiffé sur les premiers efforts d'URSUT ou EXTREME NOISE TERROR. 

Tout y passe. Du feedback envahissant qui accentue encore plus le chaos ambiant, aux riffs bétonnés qui cimentent un mur de son absolument compact, en passant par une rythmique branchée sur les restes d'un réacteur de Tchernobyl pas encore expurgé de sa radioactivité, jusqu'à ce double chant possédé qui hurle sa haine comme un haut parleur schizophrène. 

Une telle démonstration de force est très rare, même dans un créneau habitué à des tsunamis de violence, et je suis ressorti de l'écoute de cette maquette exsangue, le teint pale et le muscle mou. Cette bande de sadiques à développé un tir de DCA aux proportions terrifiantes, et les huit premiers morceaux s'enchaînent sans faiblir, superposant des rythmiques infatigables à des tours de bras de riffs acides et tranchants, se permettant même quelques soli fugaces tout à fait pertinents. 

Et une fois les balles encaissées, ils terminent même leur démo par une séance de torture de presque huit minutes, "Snake Vomit", qui une fois de plus nous perce les tympans de quelques secondes de feedback sadique, avant de jouer le double jeu de la lourdeur grasse , martelant un mid tempo si énorme que même les combos Sludgecore les plus teigneux et écrasants en auront des complexes pendant des années. Et pourtant, pas question pour autant de tomber dans le pachydermique épuisant, puisque le rythme est tout à fait stable et médium, ce qui rend la performance encore plus hallucinante. Un deuxième visage nous est alors présenté, encore plus effrayant que le premier, et cette démo trouve son point d'orgue dans une débauche de bruit tenant autant du Post Noise le plus absolu que du Hardcore le plus pointu. 

Si conseil je peux me permettre, écoutez les deux sorties consécutivement, et souffrez pendant une bonne vingtaine de minutes. C'est le but  je crois de cette démo et de ce 7'', qui nous font découvrir un groupe de premier plan, qui je l'espère ne tardera pas à se concentrer sur un longue durée que j'attends avec impatience. 

Une façon de nous pisser à la raie sans précaution, et de nous ruiner les oreilles sans compassion. Mais rarement tel jet aura atteint de tels sommets et une telle pression. 

PISS, ou une conception toute germanique du Crust Hardcore sans limites.