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Metal and Oddities Reviews
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11 février 2016

MORGUE - Doors Of No Return

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Basement Apes Industries - Dark Noisy Grind - France - 13 Février 2016 - 9 titres – 31 minutes

Généralement, et à de rares exceptions près, je suis client du catalogue Basement Apes. Oui, il existe des affinités comme ça, avec des labels qui sont plus exigeants que la moyenne quant à la qualité de leurs productions/distributions. Ce principe marchait déjà il y a longtemps avec Dischord, Relapse, Earache, Roadrunner, et plus récemment avec Les Acteurs de l'Ombre ou Bizarre Leprous et Khaaranus Productions. Que voulez vous, ça s'explique assez bien, dès lors qu'on est rarement déçu par l'une ou l'autre de leurs offrandes...Et je sens que cette affinité ne risque pas d'être remise en cause ce matin, en traitant du troisième album des maniaques de MORGUE, qui après Artgore et The Process To Define The Shape Of Self Loathing, reviennent nous conter fleurette sans son pot au lait, mais sur fond de blasts terrifiants et de riffs tétanisants. 

MORGUE, c'est un truc né à la fin des nineties, mis en sommeil et réveillé en 2012. Un genre de monstre effrayant, un Golem encore plus puissant que la créature originelle de la culture judaïque, qui a fondu son Grind dans un moule Death, avant de modeler à la forme convenue une silhouette protéiforme aux pouvoirs de dissuasion incontestables. 

On se souvent du souffle ardent de leurs premiers albums, mais il semblerait que ce break de quelques années ait été mis à contribution pour rendre leurs déflagrations encore plus destructrices que par le passé. J'ai très rarement été soufflé avec autant d'intensité par un Grind à tendance Death aussi efficace et dévastateur, et Doors Of No Return pourrait bien symboliser l'ultime sortie Grind de ce début d'année. Mixé et masterisé par Colin Marston (GORGUTS, KRALLICE), ce troisième LP est en quelque sorte le point d'apogée d'une carrière brisée en pleine ascension, et nous montre un groupe sur de son fait, de son potentiel, qui ne se pose pas de question, et fonce droit dans le mur avec la certitude de le faire voler en éclat. 

Le mur en question étant votre système auditif, je vous laisse seul juge des dégâts occasionnés par l'écoute prolongée de ce pamphlet dédié à l'ultra violence outrancière... 

MORGUE juge son approche en tant que version moderne d'un Grind séculaire, et dire qu'ils se sont adaptés aux standards en vigueur depuis la moitié des années 2000 est un euphémisme. En neuf morceaux, les natifs d'Ales ont assimilé tout le répertoire extrême de ces cinq ou six dernières années, et modulent leurs attaques de Sludge, de Powerviolence, de Death, mais aussi d'une touche d'Indus, le tout restitué à une vitesse et avec une férocité qui ne supportent guère la comparaison avec nombre de leurs contemporains. C'est un groupe neuf et décidé qui nous en revient, et même un alliage inoxydable entre INFEST, THE KILL et GNAW THEIR TONGUES se briserait en éclat contre un tel pavé de haine farouche et de colère incontrôlée. 

Beaucoup useront de la comparaison avec NAILS par exemple, ou TRAP THEM, mais ces deux références, aussi solides soient elles ne feraient pas vraiment le poids par rapport au monolithe MORGUE, devenu un authentique tank en roue libre, un drone indestructible à la visée chirurgicale massive qui détruit tout de ses rafales continues. Je sais que l'accumulation de métaphores dithyrambiques n'a jamais attesté de la valeur intrinsèque d'un enregistrement, mais je vous garantis que mon enthousiasme dans ce cas précis est tout à fait fondé. Ce troisième album est une ode à la haine, à la violence crue, et pourtant, fait preuve d'un savoir faire inouï pour adapter la vélocité à un contexte d'une lourdeur écrasante, avec une facilité déconcertante. 

A tel point qu'on a parfois le sentiment d'écouter un groupe d'Extreme Mathcore en pleine crise de folie, bien décidé à renvoyer les groupe de Grind de l'Est dans les cordes. Les plans rythmiques affolants se succèdent à un rythme étouffant, les guitares tronçonnent sans relâche, et aucun moment de pause ne vous sera offert tout au long de ces trente et une minutes viscéralement haineuses et sans compassion aucune. Parfois, ça frise l'Indus de taré notoire qui ne conçoit la vie qu'en termes de souffrance et de solitude ("Walls Of Dis"), ou ça intensifie les pouvoirs basiques du Crust pour les faire exploser en plein vol Grind enivrant qui vous colle deux ou trois G dans la gueule ("That Which Does Not Live", avec en prime une belle décélération Death qui vous met les burnes au niveau des sourcils). 

MORGUE à trouvé le moyen de rendre encore plus intense son schéma de base en ternissant des guitares qui atteignent une profondeur et une gravité incroyables, rendant ce Grind épileptique aussi sombre qu'une vie qui n'a qu'une seule issue :

La solitude, la souffrance et la mort.

Et pourtant l'exubérance dont ils font preuve n'est pas dénuée d'une certaine jouissance à accumuler les couches de violence, et tout l'album exhale d'une euphorie contaminante qui vous donne la banane tout en détruisant vos tympans à petit feu.

La production est en plus complètement adaptée à la démarche, et se présente comme un bloc noir comme le jais, sans pour autant sacrifier un instrumentiste au profit d'une avancée globale. Doors Of No Return s'illustre comme la bande son d'une existence cauchemardesque et résignée, et de fait, se place comme un nouveau chef d'oeuvre du genre, sans forcer, le plus naturellement du monde. 

Il eut été clairement dommage que les MORGUE s'enferment dans leur silence lorsqu'on constate la dose de colère qui subsistait en eux. Ce troisième effort, disponible en version digitale, en CD et en vinyle est un monument de terreur absolu, qui permet au Grind de passer à un stade encore supérieur, en le renforçant de parois Sludge, Core et Death. Pas le genre de mur qu'on grimpe avec une échelle, à moins de vouloir se prendre un gros chaudron d'huile bouillante sur la gueule. 

Une tornade. Voilà l'image parfaite. C'est une tornade Grind qui fait valdinguer le bétail et la grange à des kilomètres.

Mais Dieu, que le vol est agréable....      

 

 

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