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Metal and Oddities Reviews
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11 février 2016

MAJESTIC DOWNFALL - ...When Dead

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Pulverized Records - Doomy Death - Mexique - 7 Août 2015 - 5 titres – 53 minutes 

Certains groupes au moment de choisir leur nom tergiversent. Changent d'avis. Et finalement, optent pour un patronyme qui ne définit pas vraiment clairement les contours de leur démarche. D'autres au contraire, brillent par leur intuitivité, et trouvent l'appellation idoine, celle qui ne laisse planer aucun doute et s'accorde à la perfection avec leur musique. 

C'est le cas de MAJESTIC DOWNFALL. 

Formé en 2006 à Dallas, puis exilé à Queretaro, Mexique, le duo mené de front par son leader multi instrumentiste Jacobo Cordova joue cartes sur table, et ne vend rien d 'autre que ce qu'il est. Une chute majestueuse dans les entrailles de la musique la plus grave, la plus sombre et la plus ample que l'on puisse trouver sur un marché saturé de wannabesJacobo lui, ne fait pas semblant. Il vit ses projets à fond, qu'il soit à la barre de MD ou de TICKET TO HELL et ZOMBIFICATION. Mais aussi intéressantes soient ces récréations, elles n'ont ni la force, ni la majesté de sa priorité, qui avec ...When Dead est en passe de signer son achèvement global, son épitomé, son grand oeuvre...mais pas encore son chef d'oeuvre. 

C'est vous dire si la marge de manœuvre est grande... 

Respectant à la seconde près le délai imparti, ces fameuses deux années qui séparent deux LP, ...When Dead pousse le concept encore plus loin que Three ne le faisait, et sans révolutionner la personnalité déjà affirmée de la créature, lui offre un lifting assez troublant, qui porte les paroxysmes, au...paroxysme.

Ce quatrième album enregistré au Necromorbus Studio par Tore Gunnar Stjerna (WATAIN, FUNERAL MIST, DESOLATION, OFERMOD), bénéficie d'une production gigantesque, qui semble n'avoir eu comme but que de matérialiser musicalement la grandeur des chantiers d'Egypte, lorsque les esclaves tiraient les énormes blocs de pierre destinés à ériger des sépultures à la hauteur de la magnificence de leurs pharaons. Chaque détail est soigné, chaque break millimétré, chaque intervention vocale bénéficie du grain idéal, et les échos des morceaux trouvent rebond sur chaque paroi rythmique pour au final former un dédale de cavernes de l'âme qui ne trouve jamais le repos. Si la trame des chansons n'a pas vraiment évolué, ses imbrications sont plus complexes, ses ramifications longues, et les racines qui s'extraient puissamment du sol se dressent fièrement vers un ciel sombre. 

Pour les néophytes et étourdis, je ne saurais que trop conseiller de ne pas s'arrêter aux apparences. Si MAJESTIC DOWNFALL à tout de l'énième lamentation Funeral Doom, la réalité est tout autre. Evidemment, ...When Dead puise une partie de son essence dans la pesanteur extrême, mais elle n'est qu'une composante parmi tant d'autres. Ici, la mélodie et traitée d'égale à égale avec la puissance, et l'une ne prend jamais le pas sur l'autre. On pense bien sur au PARADISE LOST le plus grandiloquent et morbide, celui de Gothic et de The Plague Within, spécialement sur le premiers des quatre chapitres épiques, "Escape My Thoughts", qui retrouve ces impulsions nerveuses épidermiques et harmoniques qui déchiraient les ténèbres alentours sur les deux masterpieces des Anglais d'Halifax.   

Mais lorsque le terrifiant "The Brick, The Concrete" laisse s'abattre la colère des Dieux, le ton change, et les abysses s'approfondissent encore des coups de pioche d'une guitare si massive que même la rythmique en tremble. Dans ces moments là, le duo ne souffre d'aucune comparaison possible, et nul ne peut se poser en rival. Aussi symphonique qu'il n'est abrasif, MAJESTIC DOWNFALL joue de son ambivalence pour appuyer un peu plus sur l'emphase Death qui magnifie la lourdeur du Doom, sans jamais se départir de tics mélodiques qui s'imposent d'eux mêmes. Et de fait, ils se posent en point médian de plusieurs courants, spécialement lorsque quelques blasts très Black viennent troubler la stabilité de la progression... 

Si les quatre titres sont d'imposantes parties qui dépassent systématiquement les dix minutes, chacun expose suffisamment d'idées pour ne pas paraître redondant. Mais pour autant, Jacobo ne se perd jamais dans des bavardages, et préfère se concentrer sur quelques idées motrices, agrémentées d'ornements discrets qui garantissent des transitions en douceur. D'ailleurs, les schéma est bien établi, et tout se suit dans une logique imparable pleine de sens, qui présente un decrescendo remarquable, nous laissant nous enfoncer au fur et à mesure dans un bourbier de sons et d'ambiances, qui trouve son apogée dans le final crépusculaire "The Rain Of The Dead", qui se rapproche dangereusement d'un Black épique. La violence, si elle reste teintée de beauté morbide se veut plus crue lors de ces dernières minutes traumatiques, et en termes d'intensité franche, cet ultime assaut se pose en conclusion abrupte et offre de nouvelles pistes pour le combo, qui pourrait à l'avenir multiplier les accointances avec le Black Métal. Pour notre plus grand plaisir... 

Il parait que dans les derniers instants de vie, le cerveau laisse s'échapper des hormones hallucinogènes qui facilitent le passage dans l'au delà. Ces hormones peuvent provoquer des visions, notamment celle d'une énorme lumière aveuglante que beaucoup se plaisent à croire divine et transitoire. Purificatrice même.

...When Dead n'est rien d'autre que l'équivalent musical de ce processus inconscient, et la lumière qui s'en échappe est d'une blancheur aussi immaculée que la noirceur d'une vie qui s'éteint à jamais. C'est peut être ça le secret de MAJESTIC DOWNFALL. Voir un renouveau dans une fin. 

Ou la fin d'un renouveau. Mais quoiqu'il en soit, ...When Dead est aussi proche de la perfection que peuvent l'être des phénomènes comme la naissance et le trépas.

 

 

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