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Metal and Oddities Reviews
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11 février 2016

VARIOUS ARTISTS - The Red Line Comp: A DCHC Compilation

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Hardcore - USA - 10 Avril 2015 - 12 titres – 18 minutes 

Je me suis benoîtement dit que pour commencer la semaine du bon pied, avec la pêche et la haine en bandoulière, une sale compilation de Hardcore ferait largement l'affaire. Pour être honnête, j'ai découvert ce sampler hier au hasard de mes pérégrinations sur la toile, et au vu de la qualité et de l'importance du produit en question, un peu d'exposition était nécessaire. Je ne sais pas si cette compile rejoindra au panthéon des oeuvres visionnaires ses grandes soeurs Killed By Hardcore, This Is Boston, Not LA, We Got Power, State Of The Union ou Let Them Eat Jellybeans, mais elle à le mérite de dresser un tableau assez complet d'une scène légendaire, à cette époque contemporaine qui est la notre, ce qui est suffisamment important pour qu'on le souligne.

Le point commun des douze groupes présents sur cette cassette? Ils viennent tous de DC, comme indiqué dans son titre, et ils font tous partie de la NWODCHC, la New Wave of DC Hardcore, et présentent en quelque sorte un bilan de la frange Washington du Hardcore US. 

Ceci étant dit, et ceci étant un argument majeur, parlons un peu maintenant des forces en présence. 

Douze groupes donc, dont certains ne dépasseront jamais le stade de la notoriété confidentielle et locale, mais qui représentent à un moment T la vitalité d'une scène qui a toujours été l'une des plus actives des Etats Unis. Douze groupes qui fournissent tous un titre pour laisser une petite trace dans l'histoire, et qui possèdent une petite, moyenne ou grande notoriété, et surtout, un son très personnel, et une approche du Hardcore individuelle.

On retrouve au casting des valeurs sures, comme les DISCIPLES OF CHRIST, ou DxOxC, qui valsent et hésitent entre Powerviolence et Crust/Grind, et dont je vous ai souvent parlé, JÄVLA et son Crust/D-Beat high on energy, les GENOCIDE PACT qui jouent un peu le rôle du chien dans un jeu de quilles avec leur Core gras et Noisy, et surtout, un bon paquet de HC bands qui reprennent le flambeau des mains de leurs aînés avec beaucoup de conviction. 

Cette compilation, outre sa valeur de témoignage, et d'une importance toute capitale. Elle permet de saisir l'humeur du moment à Washington, et celle ci se partage entre fureur Crust ou Powerviolence, et violents accès de fièvre Hardcore sans concession. Mais elle permet aussi de retrouver les sensations éprouvées lors de l'émergence des scènes de New York, Boston et L.A dans les années 80, lorsque des groupes majeurs y présentaient leurs débuts sans savoir qu'ils allaient graver leur nom à jamais sur la grande stèle du Hardcore moderne. Je vais être sincère, j'ai adoré ce sampler. Il est court, et c'est bien la seule chose que je puisse lui reprocher, mais bourré à craquer de pépites signées par des groupes rageurs et sans concession, qui croient dur comme fer à ce qu'ils font, et dans une époque noyée dans une standardisation lénifiante de conformisme, c'est une énorme bouffée d'air frais. Elle permet aussi de placer sous la lumière une gigantesque scène underground qui trouve naissance sur des Bandcamp planqués dans les tréfonds du Net, et son aboutissement sur les scènes des clubs locaux, là ou la violence musicale peut enfin prendre forme. 

Douze groupes, douze destins, mais aussi douze approches, et plus important, douze productions à la qualité aléatoire, mais à l'authenticité enivrante. The Red Line Comp est une vraie compile de Hardcore dans le sens le plus noble du terme, et ne dénature pas l'essence des groupes qu'elle présente, et c'est ainsi que certains nagent en plein marasme sonore, parfois à peine intelligible. Mais n'est ce pas ce qu'on cherche dans ce genre de réalisation? Le Hardcore pur et dur n'a jamais été clean, et ne devra jamais l'être, et les groupes de Washington DC nous le rappellent avec une farouche conviction. 

La première partie présente plutôt le versant le plus straight qui soit, avec en première ligne les teigneux PURE DISGUST ou PUBLIC SUICIDE, qui capturent l'essentiel du Fastcore sans l'édulcorer ni lui apporter une épaisseur dont il n'a pas besoin.

On notera sur cette première moitié le son âpre et sec des NUCLEAR AGE, qui grésille délicieusement, ou au contraire celui très ample et contrasté des STRAIGHT LACE qui se complaisent dans un DCHC revanchard et revendicateur, alors que les THE DEFENSE préfèrent taquiner des fréquences réduites au minimum pour propager leur message Core dans la grande tradition de la scène de Boston.

Les STAND OFF restent aussi au coeur des débats avec leur lapidaire "The Good's Gone" de trente secondes, tandis que PROTESTER se souvient très bien du AGNOSTIC FRONT des débuts en lançant le pamphlet médium "Severed Ties". 

La suite est plus bordélique en soi, et avance en terrain miné avec les groupes les plus radicaux, dont les fameux DxOxC qui mettent en avant leurs atouts Powerviolence presque Grind, JÄVLA et son D-beat démoniaque, RED DEATH qui se veut le plus rapide et laminaire du lot pour un "Psychosomatic" qui vous ramone de son Crust/Fastcore infernal d'abattage, avant que le coup fatal ne soit assené par GENOCIDE PACT et les cinq minutes terrifiantes de "Trials In Nihilism" qui mérite bien son nom. Ce dernier groupe est un peu l'épouvantail du champ de bataille, avec son Sludgecore vraiment malsain et grave qui dégénère en Noisecore, mais c'est une façon toute naturelle de respecter l'exhaustivité d'une scène très versatile. 

Ce genre de compilation est essentiel. C'est d'une part une vitrine très fidèle de la scène Hardcore de Washington DC, et donc un moyen de rester en phase avec son temps en termes de Hardcore. Celui présenté ici est très varié, s'accroche aux racines tout en acceptant les diverses ramifications, et prouve que la scène de DC n'a rien à envier à ses aînées Californiennes et New-Yorkaises. Comme en plus cette compile est dispo gratos sur le Bandcamp officiel, il ne vous reste plus qu'à vous servir, et à aller fouiller du côté de tous les groupes qui retiendront votre attention pour en savoir plus. 

And yeah, this is DC, not LA or Boston baby. And this is Hardcore.  

 

 

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