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Metal and Oddities Reviews
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9 mars 2016

FILTH IN MY GARAGE - Songs From The Lowest Floor

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Argonauta Records - Post Hardcore Noisy - Italie - 4 Mars 2016 - 8 titres – 44 minutes

L'Italie serait elle en passe de devenir l'Eldorado des fans de musique créative et aventureuse? C'est tout à fait possible, puisque après les succès critiques et populaires de RESURRECTURIS, WITCHWOOD, HATE & MERDA ou encore MARNERO, nous voici en face d'une autre réussite flagrante en termes de crossover et de liberté d'expérimentation, se présentant sous la forme d'un premier album qui s'il utilise des principes déjà établis, les transcende et les modèle à sa façon, pour aboutir à un résultat très personnel.

Les groupes cités en préambule de principe devraient vous aiguiller sur la perception que je me suis faite de ce Songs From The Lowest Floor. Si j'ai osé le placer dans un contexte aussi serré, c'est qu'il mérite amplement sa place parmi ces oeuvres que j'ai particulièrement appréciées ces derniers mois. Il est certes aux antipodes de certaines allusions, mais sa qualité, son refus des conventions font qu'il a largement gagné sa place au panthéon des sorties transalpines qui ont focalisé les regards et les écoutes, et qui ont transformé ce pays d'Europe au passif musical assez négligeable en terre d'asile des musiciens les plus dignes d'être remarqués. 

Certes, il y a quelques années, je n'aurais jamais pu croire que la grande botte soit capable d'abriter en son sein une telle horde de musiciens audacieux. Les principes ont la vie dure, mais plus le temps passe, plus je pense que la scène Italienne dégage quelque chose d'unique en Europe, et même dans le monde, et que ses groupes deviennent de plus en plus difficiles à classer. Ce qui en soi, est une excellente chose, la standardisation n'étant pas de mise dans ces colonnes. Sauf pour en dénoncer le conformisme lénifiant. 

De conformisme, il n'est nullement question lorsqu'on aborde le cas de FILTH IN MY GARAGE. Et ce refus est même à l'origine de leur formation en 2007. A l'époque, Matteo, Luca and Stefano n'avaient qu'un seul but, exploiter leurs différences pour proposer des chansons qui ne rentraient dans aucun moule, qui exploraient le Post Hardcore avec de fréquentes allusions au Post Rock et au Rock Noisy, et malgré les changements de musiciens inévitables, ce leitmotiv n'a pas changé d'un iota. 

Une première démo, à peine remarquée, et puis un EP, Crawling Through The Animals établissent la réputation de studio du gang, mais ce sont bien leurs performances scéniques qui marquent les esprits. Sur scène, ils forgent leur son unique, indomptable, qui serpente entre les stridences du Post Noise et le radicalisme élastique du Post Hardcore, et cette formule est en quelque sorte arrivée à maturation en 2015, lorsqu'ils se décident enfin à graver leur premier longue durée. Ce fameux Songs From The Lowest Floor que j'espère, vous vous déciderez à acquérir une fois écouté, ce dont je ne doute pas. 

Lorsqu'on parle de Post Hardcore, les sourcils se froncent, les bouches se ferment et les mots deviennent tranchants.

On pense avoir fait le tour de la question, et pourtant, même si l'option reste viable, les possibilités existent encore. Elles sont rares, et résident toutes dans une volonté de métissage. Et si FILTH IN MY GARAGE ne touche pas au but dès sa première tentative longue durée, les théories qu'il pose semblent pouvoir offrir sinon une porte de sortie, au moins une fenêtre vers un ailleurs moins prévisible. 

Et ces chansons provenant de l'étage le plus bas semblent souffrir d'un manque d'espoir qui est palpable dès les premières secondes. 

On y retrouve ce chant si caractéristique, que Stefano manie à merveille, refusant tout espoir vocal en restant bloqué dans des tonalités graves et hurlées, et tentant parfois de se rapprocher d'un Chino Moreno lorsque les cordes vocales sont plus ménagées. Et bien sur, ces guitares qui hésitent entre accalmies en arpèges et tressaillements électriques et épidermiques. La combinaison est d'urgence, puisque essentielle, mais certains morceaux semblent dessiner un ailleurs, plus en demie teinte, comme sur ce "The Lowest Floor" qui n'hésite pas à plaquer un mid tempo très Rock que les REFUSED auraient pu proposer à SUGAR. L'atout majeur de FILTH IN MY GARAGE est sans conteste son caractère farouchement libre, qui lui permet même lors des segments les plus longs de garder une indépendance totale, et même si "Owl Feather"  se laisse emporter dans une longue suite de plus de sept minutes, les obligations ne sont pas assumées, et le chemin suivi devient de plus en plus inhabituel. 

Mélodies présentes, basse redondante, chant qui enfin cède le pas et se veut plus nostalgique, on frôle l'Indie sans toucher au Shoegaze pour ne pas paraître contemplatif, quand soudain les éclairs d'un Post Noise strient le ciel de zébrures de guitares distordues à l'extrême. 

Dissonances, cassures, mais cheminement coulé et logique. Telle est la recette des FILTH IN MY GARAGE. Evidemment, toutes ces strates, cet empilement de couches aussi inspiré et respiré soit il, n'évite pas encore toutes les facilités, et certains épisodes plus convenus pourront vous faire douter de la capacité des Italiens à faire exploser les convenances. 

Mais dans ce désir de confronter les angles droits du Post Hardcore et les sinuosités imprévisibles du Noisy Rock, tout en arrondissant les contours d'un Post Rock pas encore trop flou, Songs From The Lowest Floor peint un tableau intéressant qui mélange les pastels et les coups de brosse abrupts, nous bousculant de fulgurances perturbantes pour mieux nous rassurer d'une harmonie simple l'instant d'après. Les années et l'expérience leur permettront sans doute d'atteindre un jour l'unicité de leurs homologues cités en préambule, mais en tant que signal de départ d'une aventure, ce premier album pose des bases intrigantes qui ne laissent en rien prévoir l'agencement des étages à venir. 

Et si de leur cave de tels sont émergent, qui sait ce que le grenier nous réserve?          

 

 

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